Hanoï (VNA) - Lethé du Vietnam, très apprécié de ses habitants, s’affirme désormais àl’étranger. Rencontre avec Nguyên Cao Son, titulaire de neuf prix auConcours des thés du monde organisé chaque année en France par l’Agencepour la valorisation des produits agricoles (AVPA).
Nguyên Cao Son est né en 1980. En 2002, il obtient son diplôme dudépartement de français de l’Université de Hanoï. Quelques années plustard, il fait son entrée dans l’univers du thé et présente en 2014 laculture du thé vietnamien aux publics étranger et national à la MaisonAncienne, au 87 rue Ma Mây à Hanoï. En 2018, il est l’envoyé du Vietnamau Japon puis à Paris, en France où il est chargé de présenter etpromouvoir la culture du thé vietnamien.
La même année, il est récompensé par trois prix pour la qualité du théViêt lors du Concours des thés du monde de l’AVPA, organisé par leministère français de l’Agriculture chaque année en France, pays danslequel il établit également un bureau du thé vietnamien. En 2019, ilparticipe à nouveau au concours de l’AVPA auquel le thé Viet remportesix prix.
Le curriculum vitae de Nguyên Cao Son, 40 ans, expert en thévietnamien, en dit long sur son expérience et sa passion pour cetteboisson très appréciée des Vietnamiens. "Je fais tout mon possible pour que le nom de trà Viêt (thé vietnamien ou thé Viêt) soit connu dans le monde entier", confie-t-il, l’air décidé.
Faire sortir le thé Viêt de son anonymat
Le parcours professionnel de Nguyên Cao Son est digne d’admiration. "Auparavant,le thé Viêt semblait inconnu à l’extérieur du pays. Parfois, lors devoyages de travail en Chine, je trouvais des paquets de thé vietnamienen vente sur lesquels était apposée l’étiquette d’une marque chinoisequelconque. En tant qu’expert en thé, j’étais triste de voir cela. Eneffet, il y a chaque jour une grande quantité de thé brut vietnamien quipasse la frontière à Lang Son et Hà Giang pour entrer en Chine. Le thé yest traité, avant d’être empaqueté et vendu par une marque chinoise.Constater cela m’a fait réfléchir", se rappelle-t-il.
Lors de sa visite au parc d’exposition du trà hoa vàng (thé auxfleurs jaunes) il y a quelques années, à Nanning en Chine, ils’aperçoit que sur les 32 sortes du trà hoa vàng conservées dans labanque des thés de Chine, 28 étaient d’origine vietnamienne. "Le trà hoa vàng est l’une des meilleures variétés de thé. Elle est bonne pour la santé et a des vertus thérapeutiques avérées".
Au début des années 1980, des commerçants chinois se rendaient dans lesprovinces du Nord du Vietnam, à Hà Giang, Quang Ninh ou Yên Bái pour yacheter de jeunes théiers aux fleurs jaunes. Et au fil des années,l’exploitation immodérée du thé brut a dégradé les champs de théierslocaux.
De retour au Vietnam, animé par le projet de préserver les théiersvietnamiens, Nguyên Cao Son s’est rendu dans certaines régionscultivatrices de thé du Nord. Il a rencontré des agriculteurs et les aencouragés à appliquer des techniques agricoles plus avancées, allant dusoin des plantes à la cueillette des feuilles vertes et des bourgeonsen passant par l’étape de torréfaction du thé brut. "Changer le modede production a pris du temps. Mais, au vu des résultats, lescultivateurs sont convaincus de l’efficacité des nouvelles techniquesagricoles. Les produits qui sont de meilleure qualité se vendentdésormais à des prix plus élevés. Et notre compagnie en assure la vente", explique Nguyên Cao Son.
Pour lui, chaque terre, voire chaque village, donne au thé une saveur caractéristique : "Pourdistinguer les thés les uns des autres, j’ai donné à chacun d’eux unnom lié à sa localité, par exemple le thé Shan Tuyêt de Tây Côn Linh oule thé Shan Tuyêt de Giang Pang".
Le thé vietnamien honoré à l’étranger
Quelque 500 entreprises de thé et de café venues des quatre coins dumonde participent au concours annuel des Thés du Monde de l’AVPA enFrance dont le but est de découvrir et valoriser des produits dequalité. Les thés titulaires des prix sont ensuite commandés en grandequantité par le comité d’organisation avant d’être écoulés sur lesmarchés étrangers.
L’expert ne cache pas son enthousiasme : "J’ai participé pour lapremière fois au concours en 2018. J’y ai présenté des échantillons dethé, avec lesquels j’ai fourni les documents nécessaires: certificatd’AOC (appellation d’origine contrôlée), temps de récolte… De retour en 2019, je n’ai pu constater que des résultats encourageants : neuf prix (trois en 2018, et six en 2019) pour neuf échantillons différents. Désormais, le thé Viêt a gagné seslettres de noblesse et est grandement apprécié sur les marchésétrangers".
Porté par le succès, Nguyên Cao Son ne s’arrête pas là : "Jeparticiperai pour la 3e fois au concours en 2020, avec de nouvellesvariétés de thé Viêt. Après cela, je compte consacrer mes efforts et montemps au développement et à la diversification des produits de thévietnamien, ainsi qu’à la diffusion de la culture du thé Viêt".D’ores et déjà, plusieurs établissements de thé Viêt à Hanoï offrent auxvisiteurs ravis la chance de s’initier à l’art de la préparation et dela dégustation du thé à la vietnamienne.
L’expert a aussi l’ambition de développer les produits se mariant bien à la dégustation du thé. "Dansma boutique de Cao Son à Hanoï, le thé est souvent servi avec du bánhđâu xanh (petit gâteau de haricot mungo, spécialité de la province deHai Duong). Tandis qu’à mon salon de thé du resort Le Champ Tú Lê(province de Yên Bái), c’est du bánh côm (gâteau de jeune riz gluant,spécialité de Yên Bái) qui accompagne la boisson. Il y a encore denombreuses friandises qui se dégustent à merveille avec le thé", vante Nguyên Cao Son.
Fondée en 2005, l’AVPA (Agence pour la valorisation desproduits agricoles) est une ONG essentiellement composée de producteursdu monde entier. Elle a pour vocation de promouvoir les produitsalimentaires remarquables issus des terroirs et de valoriser le travaildes producteurs d’excellence. - CVN/VNA