À Muong Lum, la Vallée des Immortels

À Muong Lum, ils ont plus de 80 ans et ils vieillissent bien

Muong Lang Quên, dans la province de Son La (Nord-Ouest), semble à l’écart du monde. Dans ce village reculé où la vie s’écoule paisiblement, de nombreux habitants vivent centenaires.

Son La (VNA) - Muong Lang Quên, dans la province de Son La (Nord-Ouest), semble à l’écart du monde. Dans ce village reculé où la vie s’écoule paisiblement, de nombreux habitants vivent centenaires.

À Muong Lum, ils ont plus de 80 ans et ils vieillissent bien ảnh 1Le chemin menant à la «Contrée oubliée», située au cœur d'une vallée d'altitude distante de 20 km du haut plateau de Môc Châu, province de Son La (Nord-Ouest). Photo: CTV/CVN

Muong Lang Quên, littéralement «Contrée oubliée», se situe au cœur d'une vallée d'altitude distante de 20 km du haut plateau de Môc Châu, province de Son La, dans le Nord-Ouest du pays.

Il y a presqu'un siècle, une tribu vivait là tranquillement, à l'écart du monde. Jusqu’au jour où les hommes du chef du district de Yên Châu, lors d'une chasse au cerf, tombèrent sur ces montagnards sauvages. Le mandarin décida de rattacher la contrée à Yên Châu, et l’appela Muong Lum (en langue Thai) qui veut dire Muong Lang Quên ou la Contrée oubliée.

Le chemin menant à la «Contrée oubliée», à lui seul, constitue une véritable aventure. Quittant la Nationale 6 avant la ville de Son La, il faut, à l'aide de motos-taxis locaux, suivre un sentier montagneux épique avant d’entamer une randonnée à pied de plusieurs kilomètres par monts et par vaux.

La vie simple et solidaire

Muong Lum se situe en amont de la rivière Noire (Sông Dà). Un village hospitalier où le moindre visiteur est accueilli à bras ouverts. Il se voit offrir un repas délicieux avec du poisson fraîchement pêché et des pousses de bambou, avant d'être invités aux réjouissances nocturnes. À la tombée de la nuit, rameutés par les gongs du patriarche, les habitants se réunissent dans la maison commune autour d’un feu. Ils dansent le xoè (danse folklorique du Tây Bac) et sirotent l’alcool de riz local.

Peut-être est-ce l’environnement paisible, le mode de vie simple et solidaire qui a donné aux habitants une longévité admirable. Le village de Muong Lum compte en effet une dizaine de centenaires, une trentaine de nonagénaires, bon nombre d’octogénaires. Les septuagénaires font figures de «jeunots». Cette localité est digne de son surnom de «Vallée des Immortels».​

 
À Muong Lum, ils ont plus de 80 ans et ils vieillissent bien ảnh 2Les vieilles femmes Quàng Thi La, 91 ans
À Muong Lum, ils ont plus de 80 ans et ils vieillissent bien ảnh 3et Hoàng Thi Nhua, 98 ans.
Photo : LD/CVN

«Dans mon enfance, Muong Lum était plongé dans le brouillard une grande partie de l’année. J'ai souvent vu des traces d'éléphants et d'ours dans les champs de maïs, entendu le brame de cerf, guetté singes, écureuils, faisans… dans la forêt. Et les poissons abondaient», révèle Hoàng Kim Phong, 70 ans, ex-responsable du Parquet populaire du district de Yên Châu. À la retraite depuis cinq ans, le vieil homme est revenu vivre dans son village natal. Et il est devenu «un paysan exemplaire dans le mouvement de production sylvicole et de protection de l’environnement», selon l’expression locale. Sa maison sur pilotis est entourée de pêchers alourdis de fruits.

Un régime alimentaire frugal

Hà Duc Sinh, 75 ans, président de l'Association des personnes âgées de Muong Lum, confie : «La vie ici s’est considérablement améliorée. Les habitants sont bien portants car ils travaillent  jusqu’à leur dernier souffle. être actif, ça conserve!». Et de citer le cas de Hà Thi Xe, qui vient de décéder à l'âge canonique de 121 ans. «La vieille dame excellait dans la broderie et la vannerie, des métiers traditionnels qu'elle cherchait à transmettre aux jeunes».

À Muong Lum, nombreuses sont les personnes âgées alertes malgré - ou peut-être grâce à - un régime alimentaire frugal. Hoàng Thi Nhua, 98 ans, accueille les visiteurs avec un large sourire. Il y a 43 ans, elle était chef d’un groupe de production agricole. «Malgré son âge, ma mère est encore très active. Elle s’occupe du jardin, des champs, des animaux, fait la cuisine, va puiser l’eau au ruisseau…», confie avec fierté son fils, Hoàng Huy Thuong, directeur de l’école primaire de Muong Lum.  

Quàng Thi La, 91 ans, tisse quant à elle des hottes en bambou, prisées sur le marché local. Lors de la moisson, la nonagénaire va au champ aider ses petits-enfants. Dans cette localité reculée, pas de poste sanitaire. Pas d’autres choix donc que de se soigner avec des plantes médicinales cueillies en forêt.

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La légende de Muong Lum
 
Autrefois, à Muong Lum, vivait une jeune fille orpheline. Sa beauté ensorcelait tous les garçons du coin mais aucun n’avait ses faveurs. Un jour, la belle rencontra par hasard sur la rive de la rivière Noire un jeune inconnu tout de blanc vêtu. Elle tomba amoureuse de lui. Jaloux, les jeunes hommes locaux empoisonnèrent l’inconnu. Cette nuit-là, retentirent au loin des lamentations : «Vous avez tué le fils du roi des Eaux». Le lendemain, à l’aube, survint une explosion inouïe et tout le village fut engloutit dans un gouffre. Tout le monde mourut, excepté la belle jeune fille, qui retrouva son prince des Eaux. Ils retournèrent au village et vécurent heureux. Leurs descendants donnèrent naissance à l’ethnie Thai. Au milieu de la vallée, il existe toujours un grand étang où les eaux ne tarissent jamais. Le vestige du gouffre de la légende, disent les locaux. – CVN/VNA


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