Hô Chi Minh-Ville (VNA) – À Hô Chi Minh-Ville, un couple d’âge avancé incarne la bienveillance et la générosité. Depuis des années, ils préparent et distribuent gratuitement chaque jour des centaines de repas végétariens, offrant un réconfort précieux et une aide concrète aux plus démunis.
Dans le quartier de Binh Thanh, au 207 rue Nguyên Van Dâu, une adresse modeste s’est transformée, au fil des ans, en un véritable refuge. C’est là que le nonagénaire Trân Van Hông, 90 ans, et son épouse Nguyên Thi My, 74 ans, œuvrent en silence. Malgré leur âge avancé, ils continuent sans relâche à préparer chaque jour entre 200 et 250 repas végétariens pour les plus démunis.
Générosité sans limite
Chaque matin, dès 04h00, dans leur modeste cuisine, les deux aînés aux cheveux blancs s’activent côte à côte. Leurs dos courbés s’affairent à une tâche bien rodée : Mme My est aux fourneaux, tandis que M. Hông, en raison de son âge et de sa fragilité, se charge des tâches plus légères, comme remplir les boîtes en polystyrène. Du lundi au samedi, ils préparent des repas végétariens complets et les distribuent aux personnes dans le besoin. “Je m’occupe de la cuisson, et mon mari m’aide à mettre le riz dans les boîtes. Une fois la cuisson terminée, je répartis les plats. Vers 8 heures du matin, tout est distribué”, raconte Mme My avec un sourire.
Bien que diminuée par l’âge et la fatigue, elle porte encore de lourdes marmites de nourriture, au prix de douleurs dorsales si intenses qu’elle peine parfois à se redresser.
“Préparer des repas caritatifs implique beaucoup de tâches physiques. Parfois, porter des charges trop lourdes me tord de douleur. Maintenant, après la cuisson, si j’ai de la chance, quelques personnes qui font leur jogging passent par là et je leur demande de m’aider à transporter les plats à l’avant. Sinon, je les divise en petites portions et les porte petit à petit”, partage-t-elle, toujours avec un sourire.
Originaire de Cân Tho (Sud), Mme My s’est retrouvée à Hô Chi Minh-Ville pour un traitement médical. Elle a eu la chance de recevoir l’aide d’inconnus, une bonté qui l’a touchée et l’a décidée, avec son époux, à s’installer dans cette ville animée. Depuis, le couple a d’abord gagné sa vie en vendant des crêpes salées (bánh xèo, bánh khọt) avant de se tourner vers la vente de riz végétarien. Au début de la pandémie de COVID-19, Mme My avait même envisagé d’utiliser toutes leurs provisions restantes pour aider la communauté avant de retourner dans sa ville natale.
Bonté et solidarité

“Quand la pandémie de COVID-19 a éclaté, j’ai dit à mon mari : +Écoutons, prenons tout ce que nous avons, donnons-le à ceux qui en ont besoin, puis nous rentrerons chez nous+”. Il a acquiescé. Notre propriétaire était inquiète et m’a conseillé de garder de l’argent pour ma vieillesse et d’éventuels frais médicaux. Je lui ai répondu : “Non, je suis en bonne santé, je n’irai pas à l’hôpital. Je donnerai tout et je partirai. Je ne garderai rien pour moi”, se souvient-elle.
Une fois, elle a même demandé à son mari de retirer leurs 80 millions de dôngs d’économies pour la retraite afin de continuer à préparer des repas pour les plus pauvres, jusqu’à épuisement des fonds. Les deux époux avaient pour philosophie de se retirer dans une maison de retraite quand ils ne pourraient plus travailler. Mais alors qu’ils étaient sur le point d’arrêter, des bienfaiteurs sont arrivés, apportant du riz, des assaisonnements, des légumes, de la sauce soja, des boîtes et des sacs, tandis que d’autres offraient leur temps. Tous les ont encouragés à poursuivre cette noble mission.
La valeur de cette initiative se mesure aussi à la gratitude des bénéficiaires. Phan Thi Kim Huong, 74 ans, confie : “Chaque début et milieu de mois lunaire, je viens chercher du riz végétarien. Vivant seule, sans pension ni la possibilité de cuisiner, ces plats me sont d’un immense secours. Je suis infiniment reconnaissante envers ceux qui veillent tard pour préparer ces repas”.
La compassion et la générosité du couple ont inspiré d’autres cœurs. De nombreux philanthropes et bénévoles ont rejoint leur cause, assurant la pérennité de cette cuisine caritative.
Phan Suu, un bénévole du quartier de Binh Thanh, se souvient de sa première rencontre : “ En passant un jour devant leur domicile, j’ai vu le couple distribuer des repas aux plus pauvres, ce qui m’a profondément touché. J’ai alors proposé mon aide. Je me suis dit que chaque jour où l’on contribue est un jour gagné. Si l’argent manque, on peut toujours offrir son temps. Leur dévouement quotidien pour nourrir les affamés, malgré leur grand âge, est véritablement émouvant”.
Mme My confie que si quelqu’un peut les soutenir, tant mieux ; sinon, elle a encore un peu d’or qu’elle avait mis de côté pour sa vieillesse. Lorsque sa belle-fille l’a interrogée sur l’utilisation de cet or pour la cuisine, lui demandant ce qu’il lui resterait pour sa retraite, Mme My a simplement souri et répondu : “Quand je serai vieille, j’irai vivre dans une maison de retraite, personne n’aura à s’occuper de moi”, raconte-t-elle avec un large sourire.
Malgré leur âge avancé et leur dos courbé, le couple Trân Van Hông et Nguyên Thi My continue méticuleusement chaque jour les petites tâches : laver le riz, trier les légumes, cuisiner... tout pour préparer ces repas végétariens empreints d’humanité pour les travailleurs défavorisés.
Ils continuent à donner en silence, année après année. Et comme par un petit miracle de bienveillance, ces derniers jours, Mme My, autrefois si courbée qu’elle ne pouvait se tenir droite, parvient maintenant à se lever et à marcher plus facilement. – CVN/VNA