Aujourd’hui, la formation professionnelle doit se conformer aux besoins du marché, plus particulièrement dans la formation des jeunes ruraux afin qu’ils puissent s’impliquer dans la modernisation de l’agriculture.

Selon le directeur adjoint du Service du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville, Le Trong Sang, les métiers auxquels on forme les gens des zones rurales ne répondent toujours pas aux exigences de l’industrialisation et de modernisation de l’agriculture. De fait, la formation professionnelle au niveau local manque d’un plan de développement sur le long terme, outre qu’elle aurait besoin d’une diversification des modalités d’apprentissage et d’exploiter davantage les atouts de chaque localité. Cela s’impose d’autant plus que d’assez nombreuses personnes ne s’intéressent pas à suivre une formation à un métier, la plupart se contentant de se faire employer ponctuellement dans un établissement quelconque. Former les jeunes de ces zones est une question d’actualité aujourd’hui.

Le Trong Sang a ainsi insisté sur la nécessité d’effectuer des enquêtes sur les besoins des secteurs économiques et des entreprises en termes de qualifications pour en faire la synthèse localités par localités, ou, plus exactement, dans chaque commune périurbaine, afin, non seulement d’élaborer une planification de la formation professionnelle de la main-d’œuvre rurale, mais aussi d’en faciliter la mise en œuvre. Il est également nécessaire de mettre à jour les corps de métiers les plus demandés, d'organiser des formations suivant les besoins du marché, ainsi que d'étudier des types de formation spécifiques aux villages de métiers, aux régions purement agricoles et aux entreprises situées généralement en zone rurale.

De son côté, Trân Anh Tuân, directeur adjoint du Centre de prévisions des besoins en ressources humaines et d’information sur le marché de l’emploi de Hô Chi Minh-Ville, a constaté que les métiers qui offrent les meilleurs débouchés aux gens des zones rurales sont le montage et la réparation d’ordinateurs, l’informatique, la réparation de véhicules, de téléphones portables et de machines à coudre, l’électroménager, ainsi que l’électricité industrielle.

Toutefois, afin de les attirer, les établissements de formation professionnelle doivent moderniser leurs cursus comme leurs infrastructures techniques, et élever le niveau de leur corps enseignant. En effet, ces dernières années, nombre de nouvelles technologies sont apparues, que ce soit pour les produits électroniques ou les moteurs de nouvelle génération. Ainsi, les téléviseurs sont équipés d’écran à plasma ou à diode électroluminescente. Les apprentis doivent à l’évidence connaître ces nouveaux modèles...

Cette nécessité concerne aussi bien les établissements situés en zone rurale que ceux qui le sont en milieu urbain, a indiqué Tran Anh Tuan. Il faut qu’ils améliorent leurs politiques scolaires au regard des gens des zones rurales qui doivent avoir davantage de possibilités d’acquérir ou de renouveler leurs connaissances sur le plan technique comme du management, mais aussi pour actualiser leurs informations sur le marché du travail. Par ailleurs, l’apprentissage en entreprise est vivement encouragé, en particulier pour les travailleurs des zones périurbaines afin d’acquérir une formation aux métiers agricoles appliquant de nouvelles technologies. Cela convaincra les hommes d’affaires en zone rurale à recevoir en stage, et plus le cas échéant, des apprentis récemment sortis d’un centre de formation. Les apprentis, notamment les femmes, sont devenus l’une des principales main-d’œuvre dans les zones industrielles et zones franches, plus particulièrement dans le secteur de la transformation et le tertiaire.

D'après le directeur de l’École professionnelle des hautes technologies de Hanoi, Pham Xuân Khanh, il y a aujourd’hui un problème d’orientation professionnelle, purement comportemental, chez les jeunes vietnamiens : ils accordent toujours peu d’intérêt à l’apprentissage d’un métier car, auparavant, les entreprises n’exigeaient pas de qualifications particulières pour un poste, sauf exception. Or, aujourd’hui, ce n’est plus le cas, elles veulent recruter des employés qualifiés pour les postes qu’elles ont à pourvoir. Il est donc impératif, pour orienter ces jeunes, de connaître avec précision les besoins réels des entreprises dans leur formation afin qu’ils acquièrent les qualifications professionnelles leur donnant accès à l’emploi correspondant. Pham Xuan Khanh a annoncé que son école avait créé un centre d’étude du marché de l’emploi et de relations avec l’entreprise. Et un des résultats les plus marquants avec ce système, c’est que 80% des jeunes formés dans ces conditions trouvent un emploi très rapidement.

Nguyên Van Phung, président de l’Association des agriculteurs de Hô Chi Minh-Ville, lui, a souligné les nombreuses difficultés que la formation des travailleurs ruraux se heurte encore. La plupart des apprenants sont des personnes d’un certain âge, d’un faible niveau d’instruction, qui ne peuvent acquérir des connaissances que lentement. En conséquence, le taux de réussite aux examens est bas. Certaines personnes dont les conditions économiques sont trop difficiles ne suivent qu’en partie leur formation. Enfin, il est difficile d’inviter des enseignants hautement qualifiés car ils doivent se déplacer alors que la rémunération est plus faible qu’ailleurs.

Avec ses analyses, Nguyen Van Phung a insisté sur la nécessité d'augmenter les heures de pratique et de réduire l’enseignement théorique. Beaucoup d’agriculteurs aiment, mais aussi réussissent mieux leurs formations lorsqu’ils sont plus fréquemment sur le terrain... -VNA