Une vie dédiée à l’histoire et l’archéologie

Le Professeur Hà Van Tân, l’un des quatre historiens contemporains les plus connus du Vietnam, s’est éteint à l’âge de 82 ans. Il laisse derrière lui des ouvrages d’une valeur inestimable sur l’histoire.
 Une vie dédiée à l’histoire et l’archéologie ảnh 1Le Pr. Hà Van Tân, de son vivant. Photo : DDK/CVN

Hanoï (VNA) - Le Professeur Hà Van Tân, l’un des quatre historiens contemporains les plus connus du Vietnam, s’est éteint à l’âge de 82 ans. Il laisse derrière lui des ouvrages d’une valeur inestimable sur l’histoire et l’archéologie du pays.

Le Pr. Hà Van Tân, décédé le 27 novembre à Hanoï, est surnommé dans le milieu des historiens "Lê Quý Ðôn du XXIe siècle", en référence à son illustre prédécesseur. Il faisait partie du quatuor de chercheurs en histoire moderne composé des Pr. Dinh Xuân Lâm (1925-2017), Phan Huy Lê (1934-2018), et Trân Quôc Vuong (1934-2005).

"Ces quatre historiens Lâm-Lê-Tân-Vuong représentent tous des contributions importantes à la physionomie de l’histoire vietnamienne moderne. Chacun avec son style, mais tous sont hommes hautement érudits", estime le Pr. Vu Minh Giang, vice-président de l’Association des sciences historiques du Vietnam, l’un des élèves du Pr. Hà Van Tân. Hormis l’histoire, Hà Van Tân, polyglotte émérite, cultivait, pour sa part, de vastes connaissances sur l’archéologie, le bouddhisme et le confucianisme.

Il est nommé Professeur en 1980, reçoit le titre d’"Enseignant du Peuple" en 1997, et le Prix Hô Chi Minh en 2000, pour ses travaux de recherche Theo dâu các van hoa cô (Sur les traces des cultures anciennes).

Des ouvrages renommés

Né le 16 août 1937 dans la commune de Tiên Diên, district de Nghi Xuân, province de Hà Tinh (Centre), Hà Van Tân suit des études d’histoire à l’École normale supérieure de Hanoï. À peine diplômé, il devient l’enseignant le plus jeune de l’école et prend en charge la chaire d’histoire antique.

Parallèlement à l’enseignement, Hà Van Tân, autodidacte accompli, n’a de cesse d’apprendre toujours et encore, notamment les langues étrangères. Sa volonté et son assiduité lui permettent de maîtriser parfaitement la langue vietnamienne mais également le hán (idéogrammes chinois), le français, l’anglais, le russe, l’allemand, le japonais et même l’ancien indien. Pour lui, "les langues étrangères sont comme la clé ouvrant le chemin scientifique".

En 1960, à l’âge de 23 ans, Hà Van Tân se voit confier par le Pr. Ðào Duy Anh (1904-1988), travaillant à l’Institut de l’histoire du Vietnam et cité par Larousse comme encyclopédiste vietnamien, la correction de la version en quôc ngu (vietnamien latinisé) de Du đia chí (Géographie nationale). Une version rédigée à l’origine en hán en 1435, par Nguyên Trai (1380-1442), homme politique et fin stratège de la dynastie des Lê postérieurs.

À sa publication, le Pr. Dào Duy Anh souligne l’aspect "très méticuleux et sérieux" du travail, son premier chef-d’œuvre. "Je suis très satisfait de sa correction et ai pleinement confiance en lui", insiste-t-il. L’ouvrage marque le début de la notoriété de Hà Van Tân, la reconnaissance de son talent et de son style scientifique.

Hà Van Tân associe son travail par la suite, à ceux de ses collègues historiens. Il écrit deux ouvrages, Lich su chê dô công san nguyên thuy o Viêt Nam (L’Histoire du communisme primitif au Vietnam) và Lich su chê dô phong kiên Viêt Nam, tâp 1 (L’Histoire du féodalisme vietnamien, tome 1), conjointement avec Trân Quôc Vuong.

Plus tard, avec Pham Thi Tâm, il est co-auteur de Cuôc kháng chiên chông xâm luoc Nguyên Mông thê ky XIII (La Résistance contre l’invasion des Mongols du XIIIe siècle). D’après le critique Ðô Lai Thúy, "ce livre est attractif non seulement par les témoignages d’archives étrangères rarement publiées, mais également par un style d’écriture propre à Hà Van Tân, marqué par des analyses claires et cohérentes faisant revivre l’atmosphère historique de l’époque".

Le Prix Hô Chi Minh pour l’archéologie

Hà Van Tân mène aussi des travaux de recherches archéologiques de grande valeur qui lui valent le Prix Hô Chi Minh en 2000. Il figure parmi ces auteurs vietnamiens qui posent les premières pierres de l’archéologie nationale. Le livre So yêu khao cô hoc nguyên thuy Viêt Nam (Le Résumé de l’archéologie primitive du Vietnam), qu’il signe conjointement avec Trân Quôc Vuong en 1961, fournit de nombreuses connaissances générales mais présente également les nouvelles découvertes de l’archéologie nationale sur l’âge de pierre.

Ce domaine exigeant de vastes connaissances interdisciplinaires et approfondies, Hà Van Tân décide de suivre des études sur l’anthropologie physique, en particulier celle du crâne, puis sur les mathématiques statistiques et l’archéologie préhistorique de l’Asie du Sud-Est. De 1988 à 2008, il est nommé directeur de l’Institut d’archéologie du Vietnam. Ses découvertes les plus retentissantes concernent notamment l’origine autochtone de la culture de Dông Son. Dans une série d’articles scientifiques, il démontre de manière convaincante que cette civilisation ancienne syncrétise en fait la continuité de plusieurs autres apparues antérieurement comme celles de Gò Mun, Ðông Ðâu et Phùng Nguyên.

Au cours de 50 années d’enseignement et de recherche, Hà Van Tân aura été l’auteur et co-auteur de 15 livres et le guide éclairé de 25 chercheurs vietnamiens dans la soutenance de leur thèse de doctorat, toutes couronnées de succès. Il aura publié plus de 300 articles, interventions et travaux de recherche dans des revues vietnamiennes et étrangères. -CVN/VNA

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