Une jeune artiste indienne atteinte de trisomie partage son amour pour le Vietnam

A 20 ans, Karishma Kannan est une peintre pas comme les autres. La jeune peintre l’a vécu au Vietnam, le pays qu’elle considère comme sa seconde patrie.

Hanoï (VNA) - A 20 ans, Karishma Kannan est une peintre pas comme les autres. Trisomique, elle a dû surmonter maintes difficultés pour trouver son bonheur dans les beaux-arts. Tout cela, la jeune peintre l’a vécu au Vietnam, le pays qu’elle considère comme sa seconde patrie.

Une jeune artiste indienne atteinte de trisomie partage son amour pour le Vietnam ảnh 1A 20 ans, Karishma Kannan est une peintre pas comme les autres. Photo : VNE/CVN

On appelle Karishma une "jeune femme extraordinaire" parce qu’elle réussit à faire des choses que personne ne la pensaient capable de réaliser. Elle est devenue une artiste talentueuse, organisant de nombreuses expositions pour soutenir les enfants au Vietnam et dans le monde, ouvrant des cours de yoga et de danse pour les enfants handicapés, alors même qu’elle doit faire face à ses propres défis.


Karishma signifie "miracle" en langue indienne.

Une prise en charge précoce

Karishma Kannan est née en 1991 à Chennai, en Inde. C’est seulement à l’âge de 4 mois que ses parents ont découvert que leur première fille avait une maladie particulière, provoquant un retard de développement physique et intellectuel. Mais grâce à une prise en charge précoce, Karishma a été envoyée dans des écoles spéciales pour un suivi particulier.

Les premières années de la vie de Karishma ont été chargées en exercices thérapeutiques. Ce n'est qu'à l'âge de deux ans que Karishma fait ses premiers pas et balbutie quelques mots. Et il lui faudra plus de trois ans pour pouvoir mâcher et avaler des aliments mous.

A cette époque, Karishma était très faible. La mère de Karishma, Kalpana Kannan, se souvient de cette époque difficile : "Elle ne pouvait pas se tenir debout toute seule et avait besoin en permanence de quelqu'un pour l'aider. Ses hanches et ses genoux ne pouvaient pas supporter son poids. Nous devions également la masser tous les jours".

Selon Mme Kalpana, l’intervention précoce a été essentielle pour aider Karishma à se stabiliser progressivement. "Mon mari et moi avons appris à prendre soin de notre fille. Nous n’avons jamais abandonné et avons donné le meilleur que nous pouvions à notre enfant. Chaque expérience familiale est précieuse", a déclaré la mère de Karishma.

Au cours des années suivantes, Karishma a encore dû prendre de nombreux médicaments et suivre des cours spéciaux pour améliorer sa condition.

La découverte de l’art

Une jeune artiste indienne atteinte de trisomie partage son amour pour le Vietnam ảnh 2Karishma Kannan et ses parents. Photo : VNE/CVN

C’est lorsque sa famille a déménagé dans la région de Chennai que la petite Karishma montra un premier intérêt pour les arts, et en premier pour la danse. En découvrant cela, les parents de Karishma se montrèrent très enthousiastes et décidèrent de l’encourager le plus possible. Les nombreux pique-niques en famille lui permirent aussi de s'ouvrir progressivement et de mieux communiquer.


Le tournant n'est vraiment arrivé que lorsque toute la famille déménagea à Hô Chi Minh-Ville en 2008. Karishma y a vécu des jours inoubliables dans la ville qu'elle a appelé son "pays secondaire". Au début incapable d'aller à l'école à cause de la barrière de la langue, ses parents l’ont encouragé à participer à différentes formations : yoga, broderie, tissage à la poterie, ou encore jardinage.

L’apprentissage de la peinture à Hô Chi Minh Ville

Elle commença à dessiner avec Cyndi Beaumont, enseignante d’anglais et peintre. Cette dernière apprit à Karishma à se familiariser avec le pinceau, les couleurs et à perfectionner sa peinture. Toutes les deux, elles travaillèrent dur pour permettre à Karishma de progresser malgré son handicap. Jusqu’à ce que le miracle eut lieu : la jeune fille devint peintre professionnelle avant même l’âge de 20 ans.

Avec la peinture, Karishma parle davantage, ouvre son cœur et s'intègre humaine et socialement. Sympathique avec tout le monde, elle garde toujours le sourire aux lèvres, faisant croire à beaucoup de gens qu'elle est réellement une "personne spéciale". Son univers a pu s’élargir grâce à la peinture. Karishma déclare : "Comme tout le monde, j'ai mes défis. Je suis lente et je ne peux pas lire ni écrire comme tout le monde. Par contre, je peux envoyer mon amour à travers l'art et la peinture".

Les peintures de Karishma sont souvent des paysages. Parfois, c'est une colline de sable dans un après-midi doré, des jardins pleins de fleurs colorées, parfois un reflet étincelant de la ville dans un lac calme. Ses œuvres portent la marque d’un esprit libre, plein d'amour et de confiance.

Plus de 100 tableaux vendus au Vietnam

C’est en 2011, à l’occasion son 20e anniversaire, que Karishma organisa pour la première fois une exposition de peinture à Hô Chi Minh-Ville. Devant des invités amateurs d'art venus admirer ses peintures, Karishma portait timidement un ao dài rouge. Elle ne pouvait pas dire grand-chose, mais ses yeux étaient pleins de bonheur lorsque toutes ses 45 œuvres furent vendues en une seule séance. Une grande partie de l’argent collecté, pas moins de 230 millions de dôngs, fut transformé en don pour soutenir les enfants défavorisés et orphelins au Vietnam.


Le consul général de l'Inde Abhay Thakur déclarait à l’époque : "J'ai été impressionné par le grand courage et la détermination cachés derrière la frêle apparence de Karishma. Je dois dire qu'elle est une diplomate, une représentante formidable pour les Indiens au Vietnam".

Après cette première exposition, Karishma organisa deux autres événements, en 2013 et 2015, où elle porta de nouveau des robes tuniques traditionnelles du Vietnam pour montrer son affection particulière pour le pays. Au total, ce sont plus de 100 tableaux qui furent vendus après trois expositions et une vente aux enchères. La vente de ses œuvres a ainsi permis de venir en aide à de nombreux enfants atteints de maladies cardiaques, d'orphelins et de personnes handicapées du Vietnam.

Elle a partagé : "Quand j’étais au Vietnam, je me suis toujours sentie chez moi. J’étais soutenue et aimée par tout le monde. Par conséquent, je suis heureuse de pouvoir aider des enfants dans la même situation que la mienne".

Le Vietnam reste dans son cœur

En 2015, la famille de Karishma a quitté Hô Chi Minh-Ville et est retournée vivre dans leur ville de naissance, en Inde. Là-bas, la jeune femme a ouvert un studio de yoga, de danse et de méditation baptisé Studio 21UP pour guider les enfants qui sont dans la même situation qu’elle. Se souvenant de ses 8 ans au Vietnam, Karishma dit aujourd’hui qu’elle n’oubliera jamais ce pays. Le Vietnam est comme sa seconde patrie, lui ayant donné l'opportunité de se découvrir et de poser des jalons importants pour mener sa propre vie. Pour cette raison, beaucoup de ses œuvres représentent toujours des images familières de Hô Chi Minh-Ville et des paysages poétiques du Vietnam.

Bien qu’éloignée aujourd’hui du Vietnam, le pays résonnera toujours d’une façon particulière dans la mémoire de Karishma. La jeune peintre attend d’ailleurs avec impatience le jour où elle pourra revenir dans le pays en forme de S. En elle, il y a toujours le désir ardent de continuer à partager et à aider les personnes défavorisées. "Je serai très heureuse si je peux continuer à ouvrir des expositions au Vietnam à l'avenir", a affirmé Karishma.

"Je peux, vous pouvez, nous pouvons tous"

 Le parcours de Karishma pour surmonter les défis, tout comme ses actions caritatives, lui ont permis de remporter deux prix internationaux récompensant les personnes trisomiques en 2014 et 2018. La peintre a même été invitée à prendre la parole au siège des Nations unies lors de la Journée mondiale de la Trisomie 21 en 2019.


Karishma continue d'avoir un lien particulier avec le Vietnam. Elle est devenue par exemple juge du concours de peinture et de littérature intitulé "Pour un Vietnam victorieux" en août et en septembre dernier, réservés aux enfants atteints de cancer. A cette occasion, Karishma a revu Pham Phu Ngoc Trai, fondateur et président de la compagnie Global Integration Business Consultants - GIBC, juge lui aussi du concours, et qui avait accompagné et parrainé Karishma lors de ses expositions.

"I can, you can, we all can" ("Je peux, vous pouvez, nous pouvons tous"), c’est le message associé à Karishma depuis plus de 10 ans. Accompagnant le concours "Pour un Vietnam victorieux", l'artiste indienne espère que les enfants pourront comme elle surmonter les difficultés de la vie pour parvenir ensuite à réaliser de belles choses.

Les dessins des enfants envoyés au concours ont touché Karishma, lui rappelèrent ses premiers pas pinceaux en main : "J'aime la nature. J'ai peint mon premier tableau sous un arbre. C'est merveilleux que ma famille m'ait soutenu de tout cœur. À travers les peintures, je peux exprimer mes sentiments. Je suis heureuse", a déclaré Karishma.

Karishma espère que les enfants cancéreux trouveront aussi le bonheur à travers des dessins colorés. Pour elle, toutes les œuvres sont belles et significatives. "Je ressens l'amour et la foi à travers les peintures des enfants. C'est difficile pour moi de les noter parce qu'elles sont toutes géniales", a confié la juge.

A travers le concours, elle a également voulu faire passer un message d'amour. Pour les personnes confrontées à des défis comme Karishma, les soins, la protection et le soutien de la famille sont la chose la plus précieuse. La famille lui a donné la foi et l’énergie pour créer la femme qu’elle est devenue.

Avec le concours "Pour un Vietnam victorieux", Karishma croit en un avenir heureux pour tous. Le sourire aux lèvres, Karishma affirme toujours : "Croyez en vous. Je peux, vous pouvez, nous pouvons tous". -CVN/VNA

Voir plus

Affiche de la Semaine du film vietnamien - Itinéraire de Lumière, à Paris, le 14 novembre. Photo: Comité d'organisation

Au Grand Rex à Paris, une passionnante rétrospective du cinéma vietnamien

Pour la première fois, un événement d’envergure entièrement dédié au cinéma vietnamien - intitulé "Vietnam Cinéma - Itinéraire de Lumière" - se tiendra du 5 au 12 décembre au mythique cinéma Le Grand Rex, à Paris, retraçant le parcours du cinéma vietnamien, des années de défense nationale à l’ère contemporaine, en passant par l’après-guerre et les réformes, alors que le Vietnam s’affirme davantage sur la scène internationale.

Un ancien navire refait surface sur la côte du Centre

Un ancien navire refait surface sur la côte du Centre

L’importante érosion côtière, causée par les récentes inondations et le typhon Kalmægi, a mis au jour une épave historique sur la plage de Tân Thanh, dans le quartier de Hôi An Tây à Da Nang, à quelques pas seulement du rivage.
Ce navire n'est pas inconnu : il avait été découvert pour la première fois en décembre 2023, dans le quartier de Thanh My, lorsque seule une partie de sa coque en bois émergeait du sable. À l’époque, les autorités et les experts avaient immédiatement prélevé des échantillons pour une datation au carbone 14 afin de déterminer son âge. Cependant, les espoirs d'étude avaient été douchés en janvier 2024, lorsque la mer agitée et les fortes marées avaient de nouveau ensablé et dissimulé la majeure partie de l'épave. Sa réapparition aujourd'hui relance les efforts de recherche.

Le pho vietnamien. Photo: vov

Semaine du pho en Europe : le Vietnam met à l’honneur son plat emblématique

Le Vietnam s'apprête à exporter sa culture culinaire à travers l'Europe en annonçant officiellement la tenue de la « Semaine du pho en Europe ». Cette initiative vise à mettre en lumière le plat national emblématique et à renforcer le rayonnement de la gastronomie vietnamienne sur la scène internationale.

Un jouet japonais. Au Japon, les omocha ne sont pas seulement un divertissement, mais revêtent également une signification culturelle et symbolique. Photo : Instagram

Plongée dans le monde enchanté des jouets japonais modernes au Vietnam

Une exposition de jouets japonais a ouvert ses portes vendredi 14 novembre au centre commercial AEON Long Biên à Hanoi, mettant en lumième les différents types d’omocha, ou jouets, leur importance dans la culture japonaise et leur influence sur l’industrie mondiale du jouet.

Lors du concert de rock « Parikrama – Inde" à Dak Lak. Photo : VNA

Un nouveau jalon dans la coopération culturelle Vietnam – Inde

Dans la soirée du 12 novembre, le Comité populaire de la province de Dak Lak, en coordination avec le Consulat général de l’Inde à Hô Chi Minh-Ville et le Conseil indien des relations culturelles, a organisé à Dak Lak le concert de rock « Parikrama – Inde ».