Hanoi (VNA) - Elle vient du Japon pour travailler dans les régions rurales en difficulté du Vietnam. Depuis dix ans, Morita Yuko œuvre sans relâche pour la progression du niveau de vie des paysans qu’elle considère comme ses compatriotes.

Une Japonaise au service des campagnards vietnamiens hinh anh 1Morita Yuko (en chapeau conique vietnamien) a un excellent contact avec les villageois du Tây Nguyên. Photo: VNA

Un chapeau conique sur la tête, vêtue d’un T-shirt noir et d’un blue-jean, Morita Yuko s’affaire, en collaboration avec les habitants, au nettoyage d’un lac pollué du village de Dak Ponan, dans le district de Mang Yang, province de Gia Lai (sur les hauts plateaux du Centre, ou Tây Nguyên en vietnamien). Le visage souriant et le front perlé de sueur, elle nous parle dans un vietnamien parfait. À première vue, personne ne pourrait penser qu’elle est étrangère.

Morita Yuko est venue pour la première fois au Vietnam en tant que volontaire en août 2006, dans le cadre d’un programme de la JICA (Agence japonaise de coopération internationale) de développement de la communauté rurale chargé de l’attribution des aides publiques pour le développement (APD) du gouvernement japonais. En ce temps-là, son diplôme universitaire obtenu aux États-Unis en poche, spécialiste en Relations internationales, elle poursuivait alors des études postuniversitaires en France.

Alimentation bio et environnement vert

Avant de venir au Vietnam, Morita Yuko a suivi un cours intensif de vietnamien d’une durée de seulement deux mois. "Mon amour pour le Vietnam et ma passion pour le volontariat m’ont beaucoup aidée. Après quelques temps au Vietnam, je pouvais m’entretenir couramment avec les locaux", confie la jeune femme japonaise.

Les lieux de déploiement des volontaires japonais étaient à l’époque surtout des localités démunies des régions reculées et montagneuses du pays. Débarquant alors dans la province de Gia Lai, Morita Yuko visitait tous les jours les villages des Ba Na, l’une des ethnies minoritaires du Tây Nguyên, éparpillés entre les deux communes montagneuses de Le Pang et Kon Thup dans le district de Mang Yang. Sa mission était d’étudier la situation socio-économique locale, avant de développer des solutions appropriées pour soutenir l’administration et la population locale dans le développement de la production agricole et l’amélioration des conditions de vie.

Une Japonaise au service des campagnards vietnamiens hinh anh 2Morita Yuko (en chapeau conique) sensibilise les Ba Na, l’une des ethnies minoritaires du Tây Nguyên, à la nourriture propre et à l’assainissement de l’environnement. Photo: CVN

"J’ai accordé la plupart de mon temps à former les habitants sur la fabrication de produits bio, notamment l’élevage d’animaux de basse-cour et la culture de légumes. Quelle joie de voir le régime alimentaire des habitants constitué désormais d’aliments propres !", confie la Japonaise. Outre la nourriture dite propre, les volontaires s’intéressaient aussi aux conditions d’hygiène quotidienne, ainsi qu’à l’assainissement de l’environnement. Des présentations de sensibilisation sur la question étaient organisées régulièrement, attirant de nombreux villageois. Une fois conscients de l’importance du rôle de l’hygiène dans le développement socioéconomique local, et émus de l’ardeur et de la sincérité des volontaires japonais, les villageois ont participé diligemment aux différentes actions et notamment au nettoyage des lacs pollués - du jamais vu dans ce district montagneux.

Donner, c’est aussi recevoir

Au sein du fameux programme de la JICA, nombreux sont les volontaires japonais qui se sont attachés au Vietnam comme une 2e Patrie. "Pour nous, aider les habitants des régions démunies constitue l’œuvre la plus significative de notre vie", confie Morita Yuko. En effet, elle a laissé sa marque dans diverses localités vietnamiennes, du Nord au Centre. C’est le cas de la commune de Dinh Kê, à Bac Giang, au Nord, où elle a appuyé la population locale dans le développement économique. Dans la province de Gia Lai, grâce à elle et ses confrères, nombre de membres des ethnies minoritaires sont désormais conscients de la protection de l’environnement, de l’importance de l’agriculture verte et d’un mode de vie sain…

"Les villages des Ba Na semblent plus beaux et plus propres depuis l’arrivée des volontaires japonais dont fait partie Morita Yuko. Cette jeune femme a toujours été appliquée et ponctuelle, le jour comme la nuit, sous la pluie ou sous le soleil brûlant. Nous lui sommes reconnaissants et l’estimons infiniment". La confidence de Dinh Tuôi, patriarche du village Dak Ponan, en dit long sur les contributions de la jeune volontaire japonaise.

En 2018, Morita Yuko s’est installée à nouveau au Vietnam après deux ans d’absence, cette fois en qualité d’experte du programme de la JICA. En effet, elle était partie en Grande-Bretagne en 2016 pour continuer ses études postuniversitaires. Aux dires d’un responsable de la JICA, avec un diplôme d’agrégation mention bien en main, elle est en pleine capacité de trouver un bon emploi au Japon. Mais pour la volontaire, l’explication est simple : "Je suis contente de pouvoir vivre au Vietnam et de concrétiser mon rêve de me rendre dans les localités nécessiteuses pour porter assistance aux personnes défavorisées. Donner, c’est aussi recevoir. Pour ma part, les récompenses que je reçois quotidiennement n’ont pas de prix". Et d’ajouter avec un doux sourire : "Je suis fière de fêter le Têt (fête traditionnelle marquant l’arrivée de la nouvelle année lunaire des Vietnamiens, ndlrici et de persévérer dans mes efforts pour bien accomplir ma mission au Vietnam". -CVN/VNA

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