
Les agriculteurs de PhungHiêp, qui est un district rattaché à la province de Hâu Giang, pourraientpresque en dire autant: quand ils ne sont pas riziculteurs, ils sontpisciculteurs… C’est ce qu’on appelle la culture alternée: un modèle qui a faitses preuves, aussi bien sur le plan économique que sur le plan environnemental.
C’est actuellement la saisondes hautes eaux, dans le delta du Mékong. Pour les habitants de Phung Hiêp,l’arrivée des crues sonne comme un signal: c’est le début de la saisonpiscicole.
Ce signal, Trân Van Binh l’aparfaitement capté: aussitôt la récolte finie, il s’est empressé de mettre desalevins dans sa rizière.
«Vous savez, par ici, on nefait plus de 3e récolte de riz, maintenant… Ça ne vaut vraiment pas le coup. Ona plutôt intérêt à profiter de la montée des eaux pour élever des poissons. Commeça, au moins, c’est rentable: 10 millions de dôngs par hectare pour 20 kgd’alevins!», nous dit-il.
Pas étonnant que lesagriculteurs de Phung Hiêp n’aient plus envie de faire de troisième récolte:les crues abîment le riz et le rendement est plus que médiocre… Par contre,cette formule de culture alternée, dont Trân Van Binh nous vantait les méritesà l’instant, leur offre la possibilité de créer de véritables cercles vertueux:les éteules deviennent source de nourriture pour les poissons et les déchetsorganiques laissés par ces derniers fertilisent les terres arables... Pour lereste, il suffit d’acheter des filets pour entourer les bassins et de laisserles alevins grossir pendant 3 mois, comme nous l’explique Nguyên Van Minh, unautre agriculteur.
«Les alevins grossissent trèsvite grâce aux éteules. À la fin du 10e mois lunaire, les commerçants viendrontchez moi pour m’acheter les poissons, et 10 jours plus tard, ce sera le débutde la saison rizicole: c’est aussi simple que ça!», constate-t-il.
À Phung Hiêp, ce modèle deculture alternée fait manifestement de plus en plus d’émules puisqu’on estpassé de 300 hectares en 2016 à 4.000 en 2021. Il faut dire que ce procédé a,entres autres mérites, celui de permettre aux agriculteurs de bannir lesengrais et les pesticides et d’économiser plus d’un million de dôngs parhectare, comme nous le fait observer Trân Van Tuân, le chef du bureau del’Agriculture et du Développement rural du district.
«Les poissons rendent lesterres plus meubles et plus fertiles. Du coup, on va avoir besoin de beaucoupmoins d’engrais pour la prochaine saison rizicole», précise-t-il.
Chacun l’aura compris, cettecombinaison riziculture-pisciculture est une combinaison gagnante. On comprendles agriculteurs de Phung Hiêp de vouloir miser dessus: pour eux, c’est lebonus assuré ! - VOV/VNA