Dans le cadre des activités du projet «Relance, préservation et développement de l’art traditionnel hat xâm (chant des aveugles)», une classe de hat xâm a été ouverte dans le district de Yên Mô (province de Ninh Binh, Nord). Selon Vu Van Cung, responsable chargé de la culture du district de Yên Mô, la classe comprend 46 élèves issus des écoles primaires et secondaires du district. Cette classe d’une durée de trois ans aura 48 séances étendues sur un trimestre de l’été. L’objectif est de préserver et développer l’art du hat xâm dans la localité et d’en créer des conditions favorables pour l’enseignement dans les écoles. Mme Pham Thi Kim Ngân, une des élèves de la feue artisane célèbre Hà Thi Câu, et actuellement doyenne de la faculté a fait savoir que le hat xâm étant un art exigeant une belle voix, il importe d’intéresser les petits enfants. Ça tombe bien, puisque le programme a toujours attiré des petits enfants de Ninh Binh, berceau du hat xâm. Beaucoup ont démontré leurs talents pour cet art populaire. Parmi eux, Vu Nguyên Huong Giang et Pham Nhu Quynh, à seulement 6 ans, elles sont considérées comme deux espoirs du programme. «J’aime apprendre le hat xâm car à travers lui, je me fais beaucoup d’amis. Et mon enseignant me félicite toujours pour ma voix», a confié Huong Giang. Un autre élève de la classe, Bùi Van Thiên, 13 ans a avoué qu’au début, le hat xâm était difficile pour lui, mais à présent, il aime l’apprendre pour pouvoir le présenter dans le futur. Trait culturel original Le hat xâm est un art populaire très répandu dans la campagne et les cités du Vietnam.
La classe de hat xâm dans le district de Yên Mô (province de Ninh Binh, Nord).
Selon la légende, il y a plus de 700 ans, sous le règne du roi Trân Nhân Tông (1279-1293), à cause d’une lutte de succession, le prince héritier Trân Quôc Dinh, rendu aveugle par son propre frère Trân Quôc Toan, fut emmené par ce dernier dans une forêt afin de servir de proie à des fauves. Accablé, il n’arrêtait pas de crier sa détresse qui parvint aux oreilles de Bouddha. Touché par ses pleurs, celui-ci lui apprit des airs mélancoliques, capables d’adoucir des cœurs durs. Guéri, le prince aveugle refusa de revenir au palais pour y passer le reste de sa vie préférant apprendre à ses proches cet art musical. Au fil du temps, l’art devint le gagne-pain des malvoyants. C’est de là qu’est venu le mot hat xâm (chant des aveugles). Techniquement, le hat xâm est un genre folklorique dont la mélodie se joue sur le pied de 6-8. Les chanteurs ne sont pas mendiants mais des artistes ambulants. Il a atteint son apogée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. De nombreuses troupes de chanteurs ambulants animaient alors la vie culturelle de Hanoi. Avec un dàn nhi (violon à deux cordes), ils se produisaient souvent en plein air, dans les marchés, les tramways ou les carrefours et récupéraient des sous offerts par des spectateurs éblouis par les mélodies. Les paroles du hat xam sont très faciles à mémoriser et à chanter. Elles parlent des sujets divers : amour de la nature, Patriotisme, paix et abolition du régime féodal et de la classe de domination draconienne qui entravait le développement économique, culturel et social. – VNA