À Hâu Ai, banlieuede Hanoi. Nguyên Thi Tuyên, la dernière artisane des jouetstraditionnels pour la Fête de la mi-automne, préserve quotidiennement lefeu de ce métier. Si le village de Hâu Ai, commune de VânCanh, district suburbain de Hoài Duc, Hanoi, est connu pour son métierde fabrication des jouets pour la Fête la mi-automne (le 15e jour du 8emois lunaire qui tombe cette année le 8 septembre), il abrite égalementsa dernière artisane : Nguyên Thi Tuyên. Chaque année à l’approche dusixième mois lunaire (entre juillet et octobre), cette cinquantenaire etsa famille apprêtent des matières pour fabriquer des jouets populaires. Mme Tuyên est issue d’une famille spécialisée dans lafabrication des objets votifs. Depuis peu, elle se concentre dans lafabrication des jouets traditionnels de la mi-automne, laissant à sonneveu celle des objets votifs. «Lorsque j’étais petite, àchaque fête lunaire, je collectionnais des jouets populairesmulticolores. J’en ai enseigné la technique de fabrication à ma bellefamille notamment : le +dèn ông sao+ (lanterne en forme d’étoile) et le+tiên si giây+ (docteur en papier). Au fil du temps, mon mari en estégalement devenu passionné», confie-t-elle. Un précieux héritage Laplupart des jouets traditionnels du pays passent par sa mainingénieuse. Simples mais jolis, ils sont fabriqués à partir de matièresmoins nocives, notamment pour les petits. Une technique et des procédésdont elle détient le secret. Par exemple, pour avoir la colle, elleutilise du tapioca à la place de la pâte de riz gluant. Plus besoin desproduits chimiques pour sécher, juste couper, tailler et peaufinernaturellement les brins de bambou, et c’est fait. Les papiers coloréssont fabriqués dans le pays.
Le tiên si giây et le dèn ông sao, deux produits phares de Nguyên Thi Tuyên.
De ses cinquante printemps,elle en compte quarante dans le métier. Un plaisir auquel elle acommencé à goûter très jeune. À 8 ans déjà, elle se privait de détenteavec ses camarades au profit des tâches familiales confiées par sonpère. Lors de la Fête de la mi-automne, elle accompagnait ses sœurs etses frères sur les marchés voisins pour vendre des jouets. Le produitphare, le docteur en papier, s’arrachait comme des petits pains. Lesparents l’offraient à leurs enfants afin de servir de modèle pour desbonnes études. Mais en 1983, vient le pire. Sa familledevait subir la douleur de la séparation lorsque sa mère décide de s’enaller. Toute la famille en était affectée au point de dérangerl’ambiance conviviale autour du métier. C’est alors que la jeune filleentreprit de maintenir la flamme. Elle accomplit seule toute la chaînede fabrication des jouets, autrefois exécutée par toute la famille. Etcomme si cela ne suffisait pas, elle devait désormais subir laconcurrence des produits étrangers. Découragée, elle repris de la forceen se rappelant constamment des conseils de sa mère. Entretenir la flamme culturelle Letiên si giây et le dèn ông sao sont ses deux produits phares. Deuxchefs-d’œuvre à l’origine de sa renommée. Elle en garde des souvenirsmémorables et n’a jamais oublié la somme de 100 dôngs récoltée après sapremière vente. Pour elle, ces jouets sont plus que dessimples objets de divertissement. Ils incarnent bien des valeurs. Letiên si giây représente la passion pour les études chez les Vietnamiens.Tandis que la lumière contenue dans le dèn ông sao symbolise la forceet la volonté. «Le métier de production des jouetstraditionnels pour la Fête de la mi-automne exige énormément d’habileté.Plus on est exigeant, plus on fait de bénéfices», explique-t-elle. Actuellement,elle est considérée comme une «artisane aux mains d’or». Ses œuvresdécorent les vitrines des magasins aux quatre coins de la ville. Ellesilluminent la culture traditionnelle dans l’âme des Vietnamiensmodernes. Outre les lanternes aux modèles anciens, Mme Tuyên a fabriquéde nouveaux jouets : dèn con huou (lanterne en forme de cerf), dèn conca (lanterne en forme de poissons), dèn con tôm (lanterne en forme decrevette). Depuis 2002, à l’approche de la Fête lunairedes enfants, elle ramène des matières premières au Musée del’ethnographie du Vietnam afin d’enseigner des techniques de fabricationaux petits et aux jeunes volontaires. Son unique objectif : préserveret valoriser le métier traditionnel. -VNA