Hanoï (VNA) - Comment saisir les opportunités offertes par les transferts de chaînes de production d'entreprises technologiques des pays voisins vers le Vietnam ? Une question qui intéresse de nombreux jeunes, surtout ceux dans les provinces du Nord.
Ngô Ba Manh travaille pour la Sarl électronique Compal dans la zone industrielle de Ba Thiên 1, province de Vinh Phuc (Nord), avec un salaire moyen de 9 millions de dôngs par mois.
"Compal compte actuellement 7.000 ouvriers, et 15.000 sont prévus à moyen terme. Je vais faire des efforts pour améliorer ma qualification professionnelle afin de répondre aux exigences nécessaires car tout le monde souhaite un meilleur salaire et un bon travail", partage Ngô Ba Manh.
En tant que gestionnaire d’une chaîne de montage d’une compagnie japonaise à Hai Duong (Nord), Nguyên Thi Bé est toujours très affairée. Plus de choix "La fabrication des produits haut de gamme exige des employés et aussi des gestionnaires plus prudents et plus responsables", estime Nguyên Thi Bé. Elle fait savoir que pour chaque nouveau produit, sa compagnie organise des cours de perfectionnement avec la participation d’experts chinois. En raison de la pandémie, ces formations ne sont organisées qu’en ligne.
De nombreux jeunes travaillant dans certaines zones industrielles à Hanoï, Bac Ninh ou Hai Duong (Nord) partagent tous les mêmes aspirations : le transfert de chaînes de production leur offre de nouvelles opportunités d’emplois et les pousse à améliorer leurs compétences.
"La délocalisation de compagnies étrangères au Vietnam est une opportunité mais aussi un défi pour les jeunes travailleurs comme moi. En effet, ces sociétés demandent une haute qualification professionnelle notamment en termes de technique et de niveau de langue étrangère, partage Nguyên Ngoc Dang, étudiant d’une école supérieure de technologie. La main-d’œuvre à bas coût du Vietnam est l’un des avantages du pays. Mais chacun doit faire plus d’efforts pour prouver aussi la qualité des jeunes travailleurs vietnamiens".
"Je souhaite devenir ingénieur de données. J’apprends maintenant l’anglais et j’acquiers d’autres compétences pour saisir cette opportunité", ajoute-t-il.
Selon un étudiant en dernière année de technologie, auparavant, les grands groups technologiques investissaient peu au Vietnam. Les travailleurs qualifiés dans ce secteur choisissaient de travailler à l’étranger pour acquérir des expériences et un bon salaire.
"En cette période de transfert de chaînes de production, je souhaite qu’ils retourneront travailler au Vietnam pour transmettre des expériences aux jeunes. Cela permettra de créer une main-d’œuvre de haute qualité capable de concurrencer celle venue de l’étranger, en particulier dans les hautes technologies", espère-t-il.
Nguyên Quôc Linh, étudiant en dernière année au Département informatique de l’université FPT, est ingénieur logiciel pour une société de FPT. Linh fait savoir que dans le passé, sa compagnie fabriquait principalement des produits pour le marché japonais. Récemment, elle s’est élargie vers les pays européens, américains. Selon lui, le secteur national des technologies de l’information se développe fortement et a besoin d’un grand nombre d’ingénieurs logiciel.
Des exigences strictes
Nguyên Lâm, né en 1989 à Gia Lâm (Hanoï), est un ingénieur mécatronique qui a travaillé auparavant dans une compagnie de haute technologie japonaise au Parc industriel de Sài Dông à Hanoï. "Le travail était très dur. Cependant, la gestion de la compagnie était très intelligente, et les équipements modernes. En travaillant dans un tel environnement, j’a pu acquérir de nombreuses expériences", partage Lâm.
D’après Ta Van Thao, directeur du Centre de placement de Hanoï, "pour accueillir la vague de transfert de chaînes de production, le Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales me demande depuis longtemps de me préparer et de considérer cette vague de délocalisation comme une opportunité de créer une percée dans la fourniture de main-d’œuvre et d’emplois".
Dans la commune de Hai Bôi, district de Dông Anh à Hanoï, la Sarl de placement de travailleurs Dahashi bénéficie également du transfert de la production des entreprises d’IDE. Son directeur Nguyên Quôc Doàn fait savoir que Dahashi a reçu récemment beaucoup de demande de travailleurs de compagnies japonaises implantées dans les zones industrielles de Bac Thang Long à Hanoï et des provinces de Bac Ninh et Bac Giang. En 2020, elle a fourni 40.000 travailleurs aux zones industrielles du Nord, soit 45% de plus qu’en 2019.
"Les travailleurs vietnamiens non qualifiés sont assidus. Mais leur niveau en informatique, en langues étrangères est bas, en particulier dans les régions montagneuses. Cela rend difficile leur placement dans des chaînes de production", évalue-t-il.
D’après lui, le recrutement des compagnies étrangères notamment celles de hautes technologies est très exigeant. "Les besoins en travailleurs sont actuellement importants. Le problème est d’assurer la qualité pour instaurer une confiance avec les investisseurs étrangers", souligne M. Doàn.
Pour les travailleurs hautement qualifiés ou ingénieurs en technologie..., les entreprises coopèrent avec des universités pour les aider dans leur cursus et les recruter dès leur sortie de l’école. Par exemple, l’Université de l’industrie à Hanoï est en train de coopérer avec une compagnie d’électrique dans la formation d’étudiants dès leur première année. Les étudiants choisis doivent passer un entretien, et s’ils sont reçus ils bénéficient d’une bourse. L’entreprise propose aussi une formation de courte durée dans la spécialité où elle a besoin de professionnels qualifiés.-CVN/VNA