Réussite d’une double greffe de moëlle osseuse et de rein
L’hôpital 103 (Institut de
la médecine militaire) à Hanoi vient de réussir une greffe à la fois de
moëlle osseuse et de rein prélevés sur un donneur en état de mort
cérébral. Retour sur cet exploit médical du Vietnam.
L’hôpital 103 à Hanoi est le premier établissement médico-sanitaire du
pays à réaliser avec succès une transplantation de moëlle osseuse, l’une
des interventions chirurgicales les plus difficiles parmi les greffes
d’organes, ouvrant ainsi de belles perspectives pour la médecine
vietnamienne et des milliers de patients.
Ce succès, qui
intervient 22 ans après la première transplantation de rein effectuée
par cet hôpital (en juin 1992), vient confirmer le niveau professionnel
du contingent de médecins vietnamiens. Le général, Pr.-Dr Nguyên Tiên
Binh, directeur de l’Institut de la médecine militaire, a, lors de la
conférence de presse sur cet événement, salué cette "réussite
historique" du corps médical de l’établissement qui, selon lui, est le
fruit de l’énorme travail déployé depuis plusieurs années par les
médecins vietnamiens dans la recherche.
L’hôpital 103
n’en est pas à son premier coup d’essai. Outre 1992, il est aussi
l’auteur de la première transplantation hépatique en 2004, cardiaque en
2010, et donc de moëlle osseuse et de rein début mars 2014. "C’est
également la réussite de l’ensemble du personnel de l’hôpital et du
fruit de la matérialisation du projet d’étude au niveau d’État sur
l’application de nouvelles technologies dans la transplantation de
moëlle et de rein chez l’être humain débuté en août 2012, présidé par le
général, Pr.-Dr Hoàng Manh An, directeur de l’hôpital 103", a précisé
Nguyên Tiên Binh. Une prouesse d’autant plus remarquable que les
infrastructures et équipements médicaux de l’hôpital (en dépit d’une
modernisation graduelle) ne sont pas encore optimums et que les
chirurgiens expérimentés dans ce domaine ne sont qu’une poignée.
Pour que cette double transplantation aboutisse, a dévoilé le Pr. Tiên
Binh, des groupes de médecins et de techniciens ont été envoyés pour des
stages professionnels dans certains centres de transplantation réputés
du pays et surtout de l’étranger (Japon, Singapour, Belgique,
Taïwan-Chine...). Trois scénarios avaient également été avancés :
l’opération devrait être effectuée soit sous la supervision de
chercheurs, professeurs et docteurs étrangers ; soit en collaboration
avec des collègues des centres professionnels de renommée nationale ;
soit par des équipes de médecins de l’hôpital elles-mêmes.
Or, comme le donneur d’organes (moëlle, foie et rein), âgé de 34 ans,
originaire de Hanoi, était en état mort cérébrale suite à un accident de
la route survenu dans la nuit, les responsables de l'hôpital n’ont eu
d’autre choix que d’opter pour la troisième possibilité. L’intervention
chirurgicale - ou plutôt les interventions - a débuté le 1er mars 2014
vers 02h00 du matin pour se terminer à 13h00, avec la participation de
nombreux cadres et médecins de l’hôpital, sous l’égide du Pr. Hoàng Manh
An et de ses adjoints...
Le patient, Pham Thái Huyên,
43 ans, domicilié dans la province montagneuse de Son La (Nord),
souffrait d’un diabète de type 1 et d’une insuffisance rénale de degré
2. Avant d'être opéré, il devait être hospitalisé en moyenne 15 à 20
jours tous les deux mois. Les résultats de ses examens médicaux
montraient qu’il lui fallait subir une double greffe de moëlle osseuse
et de rein pour avoir des chances de survie sur le long terme. Ainsi,
quatre blocs opératoires ont été réquisitionnés par autant d’équipes
médicales constituées, en tout, d’une centaine de personnes. Après une
dizaine d'heures d’opérations, la transplantation était réussie en dépit
de l’absence de médecins étrangers.
De plus, le Pr.
Hoàng Manh An a fait savoir que parallèlement à cette transplantation
inédite, deux autres opérations, deux greffes du rein et du foie, ont
été effectuées sur les patients Trân Ngoc Sang et Cao Tiên Quyêt.
Actuellement, une vingtaine de patients souhaitent bénéficier d’une
greffe de moëlle osseuse pour traiter leur diabète. Au regard de cette
réussite, ce type de transplantation peut être pratiqué à partir d’un
donneur vivant. Les parents des enfants touchés par le diabète de type 1
peuvent par exemple donner de la moëlle afin de les soigner.
À partir de 2015, la transplantation de plusieurs autres organes sera
effectuée sur des patients, avec peut-être même une greffe d’intestins
et de vaisseaux sanguins. À ce jour, puisque les donneurs demeurent
encore en très faible quantité, tous les proches d’une personne en état
de mort cérébrale sont appelés à autoriser le don de ses organes. Une
seule permettrait de réaliser au minimum sept transplantations. En
d’autres termes, un seul donneur pourrait sauver bien des vies. À ce
propos, la Loi sur le don d’organes a été promulguée. -VNA