Hanoi (VNA) - Un séminaire international sur la lutte contre la fraude et la cybercriminalité en Asie du Sud-Est, axé sur le cas du Vietnam, s’est tenu le 7 novembre à Hanoï. L’événement a été organisé par l’Institut de géographie humaine et de développement durable, relevant de l’Académie vietnamienne des sciences sociales, en coopération avec le Tech for Good Institute (TFGI), basé à Singapour.
Dans son allocution, Citra Nasruddin, directrice de programme du TFGI, a souligné qu’en 2024, plus de la moitié des pertes financières mondiales liées aux escroqueries provenaient d’Asie.
Elle a averti que la cybercriminalité exploite désormais les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle (IA), pour automatiser et personnaliser les attaques frauduleuses.
Le Vietnam, a-t-elle poursuivi, a accompli d’importants progrès dans sa transformation numérique, mais comme ailleurs dans la région, le pays fait face à une hausse rapide des fraudes en ligne. En 2024, près de 10 000 cas ont été recensés, entraînant des pertes estimées à près de 759 millions de dollars (environ 20 000 milliards de dôngs). Rien que sur les huit premiers mois de 2025, les escroqueries en ligne ont augmenté de 65 % par rapport à la même période de l’année précédente, dépassant 1 600 milliards de dôngs de pertes.
Elle a salué la signature de la Convention des Nations unies contre la cybercriminalité, dite “Convention de Hanoï”, en octobre, la qualifiant de jalon essentiel dans la lutte mondiale contre les crimes numériques.
Elle a exprimé l’espoir que le dialogue contribuerait à la mise en œuvre concrète de ce cadre international, en identifiant des actions coordonnées pour protéger l’avenir numérique de la région.
Présentant les résultats d’une récente étude du TFGI intitulée « Renforcer la résilience face à la fraude et à la tromperie numérique en Asie du Sud-Est : une approche sociétale », Keith Detros, responsable de programme du TFGI, a expliqué que la recherche cartographie le cycle de vie des escroqueries et identifie les leviers concrets de prévention, d’intervention et de réponse.
Selon lui, les gouvernements de la région adoptent des approches variées, allant des réformes législatives et réglementaires à la coopération public-privé, en passant par des campagnes d’éducation du public et des initiatives communautaires.
Cependant, il a souligné la nécessité d’une approche globale et intersectorielle, estimant que « face à la nature transfrontalière et évolutive des fraudes numériques, la protection des citoyens et la préservation de la confiance dans l’écosystème numérique exigent un effort collectif de toute la société ».
De son côté, le docteur Nguyên Thanh Binh, expert en cybersécurité au groupe FPT et enseignant à l’Université Phenikaa, a observé que « la technologie n’est qu’un canal de diffusion des escroqueries, et non leur cause première ».
Il a cité les fraudes d’ingénierie sociale – telles que les usurpations d’identité bancaire ou les faux messages d’urgence (“Votre compte va être bloqué”) – ainsi que les arnaques à l’investissement et les escroqueries utilisant l’IA générative (deepfakes, fausses voix ou vidéos), souvent conçues pour tromper des employés ou des partenaires financiers.
Selon lui, la clé de la prévention réside dans l’éducation numérique et la pensée critique, plutôt que dans la seule dépendance à la technologie.
Adoptant une approche psychosociologique, la docteure Pham Thi Thu Phuong, rédactrice en chef de la Revue de géographie humaine et de développement durable, a insisté sur le rôle des liens familiaux et communautaires dans la réduction des risques de fraude.
Des relations de confiance au sein du foyer, a-t-elle expliqué, permettent de vérifier les informations sensibles avant toute décision et d’améliorer la capacité individuelle à reconnaître les risques numériques.
Les participants ont échangé sur les expériences régionales de lutte contre la cyberfraude, le rôle des pouvoirs publics, des entreprises et de la société civile dans la protection de la confiance numérique, et formulé plusieurs recommandations politiques adaptées au contexte vietnamien.
Les experts ont notamment appelé à renforcer les capacités nationales en cybersécurité, à intensifier la coopération scientifique et technologique et à mener des campagnes de sensibilisation sur les risques numériques, afin de bâtir un écosystème numérique sûr, résilient et inclusif pour l’ensemble de la région. -VNA