Rééquilibrer le système urbain vietnamien

Bien que les villes petites et moyennes ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent, elles contribuent à leur niveau au développement socio-économique du pays.

Hanoï (VNA) - Bien que les villes petites et moyennes ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent, elles contribuent à leur niveau au développement socio-économique du pays.

Rééquilibrer le système urbain vietnamien ảnh 1La croissance économique rapide dans les grandes villes, couplée à la densité de population, produit des effets négatifs dont les embouteillages. Photo: VNA

Au Vietnam, le processus d’urbanisation est rapide et s’accélèrera davantage encore dans l’avenir. En plus des grandes villes comme Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, Dà Nang, ou Hai Phong, le système urbain du pays compte aujourd’hui plus de 800 villes petites et moyennes. L’arrêté gouvernemental N°42 de 2009 classifie les centres urbains vietnamiens en six catégories, en fonction de l’importance de leur rôle administratif et de l’envergure de leur population : centres urbains de classe spéciale (Hanoï et Hô Chi Minh-Ville), ceux des 1er, 2e, 3e, 4e et 5e classes au sein desquels on retrouve les villes de ressort central ou provincial, les cités municipales.

Déséquilibre du réseau urbain
 
Le développement du tissu urbain reste néanmoins encore déséquilibré, les grandes agglomérations étant toujours dotées de ressources colossales tandis que les petites et moyennes villes restent beaucoup moins attractives. Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, les deux plus grands pôles administratifs, culturels et économiques du pays, contribuent à eux seuls à 40% du PIB national, captant la très grande majorité des dotations publiques et des investissements. Mais leur développement ne va pas non plus sans poser question. En effet, la croissance économique et urbaine, couplée à l’augmentation de la densité de population, produisent des effets pervers comme le manque de logements et d’infrastructures, la pollution de l’air, les embouteillages, etc. Ces points négatifs affectent grandement leur compétitivité urbaine par rapport aux autres grandes villes de l’ASEAN.

Aux heures de pointe, les embouteillages sont depuis longtemps monnaie courante à Hô Chi Minh-Ville. Parlant de l’état de la rue Nguyên Huu Tho par exemple, Ngoc Son, un livreur, ironise : "Ce sera étrange de la voir déserte et tranquille un jour !". Selon les statistiques de la Police municipale, la ville recense environ 13 millions de personnes. Tous les cinq ans, sa population augmente d’un million tandis que ses infrastructures de transport ne répondent aujourd’hui qu’à 30% des besoins.

Idem pour Hanoï, le trafic aux heures de pointe est également une "obsession" des citadins. Il n’est pas difficile de le ressentir lorsque l’on circule dans des rues principales des arrondissements de Thanh Xuân et Câu Giây, où les embouteillages sont omniprésents. La capitale vietnamienne compte 8 millions d’habitants et la croissance annuelle moyenne de sa population entre 2009 et 2019 a été de 2,22%/an, supérieure à la moyenne du pays (1,14%/an). L’Institut de la population et des affaires sociales prévoit qu’en 2050, la ville atteindra 14 millions d’habitants, avec une augmentation moyenne de 200.000 personnes par an, équivalent à la population d’un grand arrondissement.

À long terme, le développement centré uniquement sur les grands pôles économiques menace la structure urbaine durable du pays et entraîne indirectement la stagnation du dynamisme des villes petites et moyennes. "Les villes petites et moyennes sont chacune un centre économique et culturel d’une région et nous sous-estimons actuellement leur rôle", juge le président de l’Association vietnamienne de l’aménagement et du développement urbains, Trân Ngoc Chinh.

Citant l’exemple de la ville de Kon Tum, de la province éponyme sur les hauts plateaux du Centre, l’expert affirme qu’elle a "une position stratégique" en termes de défense, concentrant beaucoup de routes la connectant à la porte frontière Bo Y, située à la jonction de trois pays d’Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Or, la ville n’est aujourd’hui que de 3e classe alors que Pleiku et Buôn Ma Thuôt, respectivement chefs-lieux des provinces de Gia Lai et Dak Lak, également localisées sur les hauts plateaux du Centre, sont reconnues villes de première classe. "Il est donc nécessaire de mieux positionner Kon Tum et de revoir son rôle pour avoir une hiérarchie urbaine plus harmonieuse de la région", propose-t-il.

Absence de durabilité et de connectivité

Les villes petites et moyennes connaissent aussi des trajectoires différentes en fonction de leur emplacement. Nguyên Tuong Van, président du Comité populaire de la province de Quang Ninh (Nord), observe que dans sa région, les villes se développant le plus rapidement se trouvent principalement le long des axes routiers importants (Nationale 18 ou autoroutes) ou à proximité des zones côtières, des complexes industriels, etc. Les villes moins dynamiques, quant à elles, se situent dans les régions montagneuses et insulaires, rendant difficile leur accès.

Rééquilibrer le système urbain vietnamien ảnh 2Le développement équilibré du système urbain permettra aux villes petites et moyennes d’épauler les grandes dans le partage des infrastructures. Photo: VNA

Selon les observations des experts, la concurrence entre les villes pour attirer les investissements au service du développement économique, place les autorités locales dans des positions inconfortables. Dans bien des cas, leurs stratégies ne peuvent pas être menées jusqu’au bout et bien souvent, ce sont des choix de court terme au détriment de la durabilité. Pour faire face à la concurrence des autres pôles, les villes se lancent dans la course à la construction massive de ports maritimes, de zones économiques, ou de quartiers résidentiels, sans que des plans urbains sur le long terme ne soient réalisés.

Plusieurs villes de ressort provincial, grâce à leur position géographique favorable, ont réussi à attirer de gros investissements privés mais sont confrontées aux enjeux de la disponibilité des infrastructures. C’est le cas des villes de Biên Hoà et Long Khánh de la province de Dông Nai (Sud) par exemple. Localité en tête dans la croissance des industries manufacturières du pays, Dông Nai abrite 31 parcs industriels et attire un grand nombre de travailleurs venus de l’extérieur. Mais la croissance démographique rapide exerce une pression sur ses infrastructures, notamment sur les logements, les écoles primaires, les crèches et les espaces de loisirs, ayant du mal à répondre à la demande.

La ville de Biên Hoà recense aujourd’hui environ 1,2 million de personnes et continue de voir sa population augmenter de plus de 30.000 personnes chaque année du fait de la création continue des zones industrielles. Mais ses infrastructures ne sont pas encore à la hauteur de ses ambitions : "La croissance démographique rapide entraîne une demande très importante de logements et auprès des établissements scolaires. Même si notre budget donne une grande priorité à la construction de nouveaux établissements scolaires et logements, nous sommes rapidement débordés", se soucie le vice-président du Comité populaire municipal, Huynh Tân Lôc.

Le président de l’Association vietnamienne de l’aménagement et du développement urbains, Trân Ngoc Chinh, reconnaît qu’il existe des difficultés quant à la connectivité urbaine et la répartition des ressources humaines, de terrains et des capitaux du réseau urbain. Les grandes villes assument trop de fonctions et de responsabilités, ne laissant que des miettes aux plus petites.

"La concentration des ressources pour les grands pôles urbains comme Hanoï et Hô Chi Minh-Ville place les villes petites et moyennes dans une position désavantageuse avec moins d’opportunités dans l’attraction des investissements", partage aussi Dào Thi Nhu, experte du Département du développement urbain du ministère de la Construction.

Toutes ces problématiques sont autant d’enjeux pour le pouvoir central qui devra affiner sa Stratégie de développement urbain par étapes pour pouvoir bien définir les fonctions des villes, ainsi que renforcer la connectivité urbaine. Il est en effet temps de valoriser le rôle des villes petites et moyennes dans la hiérarchie urbaine du pays. -CVN/VNA

Voir plus

Le site choisi pour la construction de la centrale nucléaire de Ninh Thuân 1, dans la commune de Phuoc Dinh. Photo : VNA

Le Vietnam et l’AIEA évaluent l’infrastructure nationale de l’énergie nucléaire

L’Agence vietnamienne de la radioprotection et de la sûreté nucléaire (VARANS), relevant du ministère des Sciences et des Technologies, a collaboré, du 1er au 11 décembre, avec une mission d’évaluation intégrée de l’infrastructure nucléaire (INIR) de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de réaliser une évaluation globale de l’infrastructure nucléaire nationale vietnamienne.

Foire commerciale OCOP aux frontières Vietnam – Cambodge

Foire commerciale OCOP aux frontières Vietnam – Cambodge

Le ministère de l’Industrie et du Commerce, en coordination avec le Comité populaire de la province d’An Giang, a inauguré, le soir du 10 décembre, au parc industriel de Xuan To dans le quartier de Tinh Bien, la Foire commerciale OCOP de la zone frontalière Vietnam – Cambodge.

Le bois vietnamien vise 25 milliards de dollars d’exportations d’ici 2030. Photo : VNA

Le bois vietnamien vise 25 milliards de dollars d’exportations d’ici 2030

L’Association vietnamienne du bois et des produits forestiers (Viforest) a tenu le 11 décembre à Hô Chi Minh-Ville, son Ve Congrès pour le mandat 2025–2030, au cours duquel ont été définies les orientations, les missions et les solutions pour un développement durable du secteur dans la nouvelle phase.

Nguyen Hong Trong (droite) décroche la deuxième médaille d'or pour le taekwondo vietnamien. Photo : VNA

SEA Games 33 : Une série d'or pour le sport vietnamien

Lors de la 2e journée de compétition des 33ᵉ Jeux d'Asie du Sud-Est (SEA Games 33), après une matinée calme, l'après-midi du 11 décembre, la délégation sportive vietnamienne a remporté plusieurs médailles d'or consécutives dans les disciplines de karaté, de taekwondo, d’arts martiaux mixtes (AMM), de gymnastique et de jiu-jitsu.

Hô Chi Minh-Ville durcit le ton contre la pêche INN et mobilise tout le système politique. Photo: VNA

Hô Chi Minh-Ville durcit le ton contre la pêche INN et mobilise tout le système politique

Lors d’une conférence bilan tenue le 11 décembre, les autorités de Hô Chi Minh-Ville ont réaffirmé leur détermination absolue à éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), en ligne avec l’objectif national de faire retirer le « carton jaune » de la Commission européenne et d’assurer un développement durable du secteur.

Délégués vietnamiens et autrichiens. Photo: VNA

Le Vietnam et l’Autriche accélèrent la coopération sur la main-d’œuvre qualifiée

Le Vietnam et l’Autriche poursuivront leurs recherches, échanges et consultations en vue de signer prochainement un accord de coopération bilatérale en matière de travail, contribuant ainsi à faire de cette coopération un pilier essentiel du partenariat entre les deux parties, selon le vice-ministre vietnamien de l’Intérieur, Vu Chiên Thang.

Des délégués inaugurent le plus grand complexe de trituration d'huile de soja d'Asie du Sud-Est, à Hô Chi Minh-Ville, le 10 décembre. Photo : VNA

À Hô Chi Minh-Ville, la filière soja prend une nouvelle dimension

Implanté sur un site de 11,2 hectares, le complexe de VAL intègre les plus hautes normes internationales en matière de transformation des oléagineux. L’installation comprend huit silos de stockage d’une capacité totale de 120.000 tonnes, équipés de systèmes automatisés de contrôle de la température et de l’humidité afin de garantir une qualité stable des matières premières.