Phu Tho (VNA) - "Le hat xoan a repris de la vigueur. Mon père, qui est dans l’autre monde, doit être heureux", confie Nguyên Thi Lich, issue d’une famille pratiquant ce chant depuis cinq générations. Rencontre avec une figure de cet art vocal.
Nguyên Thi Lich a considérablement contribué à la conservation et à la transmission aux jeunes l’art de +hat xoan+. Photo : VNA
Le jour où le hat xoan (chant printanier) a été transféré de la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente vers la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, Nguyên Thi Lich, chef de la troupe d’An Thai, a explosé de joie. "Quel bonheur ! À ce moment-là, mes collègues et moi attendions fébrilement l’annonce de l’UNESCO. Quand nous avons appris la bonne nouvelle, nous avons tous crié de joie comme des enfants", se souvient-elle.
Grandir parmi les mélodies
Nguyên Thi Lich, une femme septuagénaire, est issue d’une famille qui, depuis cinq générations, pratique le hat xoan. Son fief : le village d’An Thai, commune de Phuong Lâu, ville de Viêt Tri, province de Phu Tho (Nord). Elle a baigné très tôt dans cette atmosphère.
Très jeune, elle a suivi son grand-père dans ses pérégrinations musicales. À 13 ans, elle connaissait déjà 14 airs et devint la chanteuse la plus jeune de son village. Elle a entamé une carrière, rapidement interrompue à cause de la guerre. Les villageois se sont dispersés et, de toute façon, la période n’était guère aux réjouissances...Bien que le village n’ait compté plus aucune troupe de hat xoan, les membres de la famille de Nguyên Thi Lich, surtout son père, Nguyên Tât Thang, ont continué à en interpréter.
D’abord, il a collecté des documents portant sur ce chant, avant de rassembler tous les villageois qui savaient chanter. La troupe a donc rapidement été rétablie. C’est la passion dévorante de son père qui a incité Nguyên Thi Lich à préserver ce chant pour le transmettre aux générations futures.
"Mon père m’a souvent dit qu’il fallait conserver tous les documents en la matière, car ils pourraient être très utiles plus tard. À ce moment-là, j’étais encore trop jeune pour comprendre", confie-t-elle. La chef de la troupe de hat xoan d’An Thai ajoute que son père a collecté 31 airs anciens. Un travail conservé par le Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Phu Tho.
Après la mort de son père en 1997, Nguyên Thi Lich a repris la gestion de la troupe. L’artiste s’est engagée à maintenir et à promouvoir la pratique du hat xoan. L’amour pour cet art vocal lui donne de la force pour surmonter les hauts et les bas de sa vie privée.
Un point d’appui solide de l’artiste
Nguyên Thi Lich s’est mariée deux fois. La première fois avec un instrumentiste quand elle avait une vingtaine d’années. Quelques années plus tard, son mari est parti au front où il a malheureusement péri. Elle s’est retrouvée seule avec plusieurs enfants en bas âge. Dix ans plus tard, elle s’est remariée avec un homme, qui est lui aussi décédé. Malgré cette vie difficile, Nguyên Thi Lich a toujours gardé l’optimisme, grâce notamment au chant. "Quand je suis triste, je chante et cela me console, confie-t-elle. Je suis très fière que mes enfants et petits-enfants sachent tous chanter et apprécient le hat xoan ".
En plus d’interpréter cet art en public, elle l’enseigne régulièrement à des organismes et collectivités locaux et dans d’autres localités. Son emploi du temps est toujours bien chargé. "La disparition du chant n’est plus une menace. Maintenant, beaucoup de gens le pratiquent, même des gamins de 5 à 7 ans. Je suis très heureuse, je continuerai jusqu’à mon dernier souffle d’apprendre à ceux qui le souhaitent tous les connaissances et compétences nécessaires".
À noter que la province de Phu Tho compte actuellement une soixantaine d’artistes enseignant le hat xoan, contre huit il y a cinq ans. Grâce à ses efforts de conservation et de promotion du hat xoan, la chanteuse Nguyên Thi Lich a été reconnue en 2005 "Artisane folklorique" par l’Association des folkloristes du Vietnam, puis "Artiste Émérite" en 2015 par l’État. - CVN/VNA