Nguyen Duc Loc, un styliste qui ressuscite les costumes d’antan hinh anh 1Le styliste Nguyên Duc Lôc. Photo : VOV/CVN

Hanoi (VNA) - Nguyên Duc Lôc, un styliste hanoïen de la génération 9x, voue une admiration sans bornes aux anciens costumes du Vietnam et souhaite lancer ses propres collections. Un rêve qu’il a réalisé à la sueur de son front.

Une forte passion pour la mode. Des connaissances poussées sur l’histoire et la culture. Des recherches approfondies sur les anciens costumes du Vietnam. Voici les trois facteurs principaux qui ont incité le jeune Hanoïen Nguyên Duc Lôc à se lancer dans le design de vêtements anciens.

"Je me suis passionné pour l’histoire dès ma plus tendre enfance. Au lycée, je figurais souvent dans la liste des meilleurs élèves lors de concours d’histoire et j’ai également remporté plusieurs prix".

La lecture constitue également un des passe-temps favoris du jeune homme. "Pour moi, les livres sont comme des +repas+ quotidiens et certains s’avèrent particulièrement délicieux. Les lecteurs, avides, n’oublient jamais leurs saveurs".

Nguyên Duc Lôc est né au sein d’une famille exerçant majoritairement le métier de couturier. Son grand-père était un tailleur renommé spécialisé dans le veston français. "Toutes les sœurs de ma mère étaient douées en couture. Ayant grandi dans une telle famille, concevoir moi-même mes propres habits n’était pas difficile". Pour lui, l’habit d’une personne est la première chose qui attire le regard. Et la manière dont s’habille quelqu’un peut en dire long sur sa personnalité. 

Après le bac, il choisit de suivre des études de télévision dans une école supérieure et travaillera par la suite pour une chaîne télévisée. Au bout de trois ans cependant, le jeune homme tombe par hasard sur l’ouvrage Ngàn nam áo mu (Mille an de tuniques et de chapeaux) du chercheur Trân Quang Duc qui retrace l’histoire des costumes du Vietnam de 1009 à 1945. C’est ainsi qu’il trouve sa nouvelle voie : il va faire revivre des vêtements d’antan.

Un chemin laborieux

Dans un premier temps, Nguyên Duc Lôc décide alors de rencontrer des chercheurs du secteur. "Dans tout le Vietnam, il doit y avoir une poignée de personnes qui ont des connaissances approfondies sur la question".

Il s’est ensuite plongé dans un processus d’auto-apprentissage en lisant des livres mais aussi en recherchant des documents d’époque. Il est conscient qu’il s’agit d’une démarche de longue haleine et que la hâte et l’impatience n’apporteront pas de bons résultats. 

Le designer s’est ensuite rendu dans des villages de tissage à travers le pays pour étudier les différentes étapes de confection, les matières premières, l’évaluation de la qualité des produits ou encore la façon de teindre… "Ce projet demande de voyager beaucoup. J’ai visité de nombreux villages de production de soieries comme Van Phúc, La Khê à Hanoï, Nha Xá à Hà Nam (Nord), My A à An Giang (Sud), et Ma Châu à Quang Nam (Centre)".

Et d’ajouter que ces rencontres avec les artisans ont été des plus enrichissantes et lui ont apporté de nombreuses émotions. La plupart de ces artisans sont octogénaires. Ils ont les cheveux blanchis par l’âge et la santé fragilisée par le temps. "Pourtant, une fois que l’on aborde le sujet des vêtements anciens, ils redeviennent joyeux et remplis de vitalité, comme si le temps s’était arrêté".

Duc Lôc a également bénéficié du soutien de noms prestigieux du milieu comme le chercheur Trân Quang Duc, le peintre et chercheur des beaux-arts Nguyên Manh Duc ainsi que l’artisan et restaurateur de bijoux anciens Vu Kim Lôc, pour ne citer qu’eux.

Commerce et culture

Pour vivre de sa passion, Nguyên Duc Lôc a créé en 2018 sa société, Y Vân Hiên, afin de pouvoir "gagner sa vie à travers la culture". En effet, le jeune homme est persuadé que la culture et l’économie existent parallèlement et se soutiennent mutuellement.

"Lorsque j’ai commencé à étudier et à créer ces vêtements, on m’a souvent posé la question : +À qui sont destinés ces produits ?+". En effet, les modèles peuvent être utilisés dans des films, des pièces de théâtre, des spectacles musicaux mais aussi dans des cérémonies religieuses ou des mariages… L’important, c’est qu’il faut attirer l’attention du public afin de créer une nouvelle tendance. "Il y a deux ans, alors que je créais le +Áo dài lâp linh+ (tunique traditionnelle à cinq pans), peu de personnes en avaient entendu parler. Mais depuis un an, de nombreux clients commandent ce modèle. Cela montre que porter des habits d’autrefois est une tendance de plus en plus à la mode".

En 2020, son entreprise Y Vân Hiên a été chargée d’assurer les costumes pour le film Phuong Khâu du réalisateur Huynh Tuân Anh. Les costumes créés ont d’ailleurs été plébiscités par le public. Nguyên Duc Lôc a également contribué au succès de la vidéo musicale Không thê cùng nhau suôt kiêp (On ne peut rester ensemble pour toujours) de la chanteuse Hoà Minzy. La vidéo s’inspire de l’histoire d’amour entre le roi Bao Dai (1925-1945) et la reine Nam Phuong (1934-1945). Chaque pièce de vêtement créé renferme une montagne d’efforts  de la part du créateur. C’est pour cette raison que Nguyên Duc Lôc a été par la suite sélectionné pour de nombreux autres projets d’envergure.

Tout comme la grande majorité des entreprises et sociétés, Y Vân Hiên a rencontré beaucoup de difficultés à cause du COVID-19. Heureusement, tout le monde espère aujourd’hui que la page est définitivement tournée.

Duc Lôc ambitionne actuellement de reconstituer les costumes de toutes les dynasties qui ont marqué le Vietnam. "Cette nouvelle aspiration nécessitera d’importantes ressources. Tant qu’il s’agira de créer, je ne m’arrêterai pas de rêver". -CVN/VNA

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