Il a commencé àcollectionner les pendules et horloges à 30 ans, et voilà que depuiselles s’accumulent aux quatre coins de sa maison. Le metteur en scène LêHùng en possède plusieurs milliers. On peut même dire qu’il a noué avecelles une profonde amitié.
Lorsqu’on évoque le metteur enscène Lê Hùng, tout le monde pense immédiatement à l’artiste talentueux,à ses nombreuses adaptations scéniques, au succès de centaines de sespièces au Vietnam dont les célèbres Macbeth, Roi Lear, La maison despoupées (Ndlr : Il a réalisé plus de 300 pièces et obtenu le titre de«Meilleur metteur en scène» à cinq reprises au Festival national dethéâtre). Pourtant, peu de gens savent qu'il est l’heureux propriétaired'une gigantesque collection de milliers de pendules anciennes, toutesbien conservées dans sa maison située non loin du centre-ville de Hanoi.
Visite guidée
Sa maison s’étend sur unegrande superficie et donne à tous les visiteurs curieux une impressionde tranquillité et de paix. Sur place, il nous a accueillis avec unerare simplicité, comme un ami qui s’est absenté trop longtemps. Avec unvisage barbu et des cheveux poivre et sel.
Une fois laporte poussée, le salon nous donne une autre impression, voire mêmeopposée à celle que nous avions en entrant. Des horloges partout.Tellement nombreuses qu’il faudrait y passer la journée pour lesphotographier toutes. "Pourquoi avez-vous autant d’horloges?" Souriant,il répond : "J’aime ça ! Voilà plus de 30 ans que j’amasse horloges etpendules. Je ne les choisis pas en fonction de leurs marques. Chaquefois que j’en trouve une à bon prix, je l'achète. Chacune est attachée àun souvenir. Certaines achetées lors des missions à l'étranger, lesautres offertes par des amis qui connaissent mon pécher mignon. Petit àpetit, ma collection s’est constituée."
Bercé par les coucous
Toutesles 10 ou 15 minutes, notre conversation est interrompue par les douceset joyeuses sonneries des horloges. "J'adore ces sons. C’est leurmusique qui m’a donné envie de les acquérir. La plupart des horlogesétaient dans des églises. Leurs mélodies m’apaisent", confie Lê Hùng.
Toutefois,une question nous travaille : "Ces sonneries ne vous causent pasd’insomnies la nuit ?". Il répond : "Oh, non, je suis habitué, mesenfants aussi. Ils m’ont même confié que lorsqu’ils dorment ailleurs,ils ont des difficultés à trouver le sommeil car c’est trop silencieux !Vers minuit, quand j'entends leurs musiques légères et mélodieuses, çame berce". Même les amis de Lê Hùng parviennent à s'endormir. Et lelendemain matin, c’est même un bon sujet de conversation aupetit-déjeuner : "Nous avons bien dormi. Néanmoins, toutes les 15minutes, nous avons entendu chanter le coucou !", raconte le metteur enscène en riant aux éclats.
Pour l’artiste, les pendules nesont pas de simples objets. Il les considère étrangement comme desamies proches. Il les adore toutes, chacune étant attachée à un souvenirparticulier. Au coeur de sa maison si particulière, il nous montre unehorloge ancienne accrochée tout près de la fenêtre du salon, âgée decent ans. À première vue, elle n'a rien de particulièrement attractifavec ses motifs ornementaux alambiqués. Mais sa valeur est ailleurs.Elle renferme elle aussi une mémoire cachée, une histoire d’amitié."C'est l'horloge d'un de mes vieux amis. Il l'a acheté à 17 ans avec sonpremier salaire. Quand il nous a quittés, il y a plus de dix ans, sonpetit-fils est venu toquer à ma porte pour me l'offrir, comme ladernière volonté de son grand-père. Son amitié était si sincère qu’il malégué ce souvenir symboliquement important de sa vie", nous révèle avecémotion Lê Hùng.
D'après Lê Hùng, collectionner despendules est une philosophie de vie. "Chaque jour, écouter leurssonneries, leurs sons, leur tic-tac, me rappelle que mon horloge de viefonctionne toujours". – AVI