Les jumelles Truc Nhi et Diêu Nhi sont nées parcésarienne, à 33 semaines et pesaient 3,2 kg. Les premières échographies ontmontré qu’elles étaient reliées par l’abdomen pelvien avec quatre jambesdistinctes, une caractéristique de l'ischiopagus tetrapus (quadripus), unphénomène rare qui ne représente que 6 % des jumeaux siamois. Selon lesstatistiques, environ une grossesse sur 200 000 aboutit à la naissanced’enfants jumeaux et siamois. Les deux bébés partagaient un même iléon, un mêmecôlon, un même anus et un utérus vaginal double. Elles avaient deux vessiessituées des deux côtés de la cavité abdominale commune et également desouvertures dans l’articulation pubienne. L’opération, qui a nécessité plus d’unan de préparation et la consultation d’une centaine d’experts s’est déroulée le14 juillet dernier, à l’Hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville. Après 13heures 40 minutes de chirurgie, les petites siamoises Truc Nhi et Diêu Nhi ontété séparées avec succès. Après les avoir séparées, les médecins ontreconstitué pour chacune un appareil digestif, urinaire et génital.
Mais quatre opérations suplémentaires sont encorenécessaire pour garantir le parfait fonctionnement de ces appareils.
L’état de santé des deux bébés est aujourd’huistationnaire. Nguyên Minh Tiên, directeur adjoint de l'hôpital pédiatrique deHô Chi Minh-Ville, fait savoir: « Nous suivons de très près la situation desdeux bébés. Elles se rétablissent doucement. Les analyses urinaires sont bonnes ».
La dernière opération de ce type a eu lieu en 1988 alorsque le Vietnam se trouvait sous embargo américain. Malgré la pénurie dematériel médical, d’antibiotiques et d’antisceptiques, les médecins vietnamiensavaient réalisé avec succès l’opération de séparation des deux frères siamoisViêt et Duc.
Le professeur Trần Đông A qui avait alors dirigél’intervention est intervenu comme conseiller expert pour l’opération deséparation des deux soeurs siamoises. Il se souvient : « Grâce aux équipementset instruments chirurgicaux donnés par la Croix Rouge japonaise, l’opération deséparation des jumeaux siamois a été réalisée avec succès. Pour l’époque,c’était un cas particulièrement difficile pour la médecine vietnamienne maiségalement pour la médecine mondiale. »
Viêt et Duc ont été les deux premiers frères siamois auVietnam, victimes de l’agent orange dioxine. Nés en 1981 à Kon Tum (Hautsplateaux du Centre), ils pesaient 2,2 kilos. Les deux bébés étaient reliés parl’abdomen avec seulement 3 jambes et partageaient les mêmes organes génitaux etun seul anus. En 1986, Viêt a été atteint d’une paralysie cérébrale. Poursauver Duc, les médecins de l’Hôpital Tu Du de Hô Chi Minh-ville ont décidé deséparer les jumeaux siamois. L’opération a eu lieu le 4 octobre 1988 avec uneéquipe de 70 chirurgiens vietnamiens et japonais et d’autres nationalités.Après l’opération, Viêt a vécu 19 ans. Son jumeau Duc est aujourd’hui père dejumeaux fille – garçon.
Cette opération est parue dans le Guinness des records.Le professeur Trân Dông A, toujours : « Il s’agissait de la première opérationde séparation de bébés siamois dans l’histoire de la médecine mondiale dontl’un était atteint d’une paralysie cérébrale. Après cette opération, leschirurgiens américains ont fait appel à nore expertise pour réaliser deuxopérations de ce type. »
L’opération réalisée en juillet dernier sur les sœurssiamoises marque un progrès remarquable de la médecine vietnamienne affirme leprofesseur Trân Dông A.
« Je suis très fier d’avoir dirigé l’équipe médicale del’opération de séparation des jumeaux siamois il y a 32 ans. Je suisaujourd’hui très heureux d’avoir supervisé mes confrères, qui étaient hier mesélèves, dans cette très délicate intervention. C’est un immense bonheur depouvoir offrir une meilleure vie à ces bébés siamois. »
La réussite de l’opération de séparation des petitessiamoises marque une avancée majeure dans la chirurgie vietnamienne.-VOV/VNA