L’operation de separation de soeurs siamoises : fierte de la medecine vietnamienne hinh anh 1 L’opération, qui a nécessité plus d’un an de préparation et la consultation d’une centaine d’experts s’est déroulée le 14 juillet dernier, à l’Hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville. Photo: nhandan.com.vn
 
Hanoï (VNA) - Les sœurs siamoises Truc Nhi et Diêu Nhi, 13 mois, reliées par l’abdomen et le bassin ont été séparées le 15 juillet 2020. Une centaine de chirurgiens du pays ont été mobilisés pour cette opération d’une exceptionnelle complexité, réalisée pour la deuxième fois au Vietnam.

Les jumelles Truc Nhi et Diêu Nhi sont nées par césarienne, à 33 semaines et pesaient 3,2 kg. Les premières échographies ont montré qu’elles étaient reliées par l’abdomen pelvien avec quatre jambes distinctes, une caractéristique de l'ischiopagus tetrapus (quadripus), un phénomène rare qui ne représente que 6 % des jumeaux siamois. Selon les statistiques, environ une grossesse sur 200 000 aboutit à la naissance d’enfants jumeaux et siamois. Les deux bébés partagaient un même iléon, un même côlon, un même anus et un utérus vaginal double. Elles avaient deux vessies situées des deux côtés de la cavité abdominale commune et également des ouvertures dans l’articulation pubienne. L’opération, qui a nécessité plus d’un an de préparation et la consultation d’une centaine d’experts s’est déroulée le 14 juillet dernier, à l’Hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville. Après 13 heures 40 minutes de chirurgie, les petites siamoises Truc Nhi et Diêu Nhi ont été séparées avec succès. Après les avoir séparées, les médecins ont reconstitué pour chacune un appareil digestif, urinaire et génital.

Mais quatre opérations suplémentaires sont encore nécessaire pour garantir le parfait fonctionnement de ces appareils.

L’état de santé des deux bébés est aujourd’hui stationnaire. Nguyên Minh Tiên, directeur adjoint de l'hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville, fait savoir: « Nous suivons de très près la situation des deux bébés. Elles se rétablissent doucement.  Les analyses urinaires sont bonnes ».

La dernière opération de ce type a eu lieu en 1988 alors que le Vietnam se trouvait sous embargo américain. Malgré la pénurie de matériel médical, d’antibiotiques et d’antisceptiques, les médecins vietnamiens avaient réalisé avec succès l’opération de séparation des deux frères siamois Viêt et Duc.
 
L’operation de separation de soeurs siamoises : fierte de la medecine vietnamienne hinh anh 2 Le professeur, docteur Trần Đông A. Photo: nld.com.vn

Le professeur Trần Đông A qui avait alors dirigé l’intervention est intervenu comme conseiller expert pour l’opération de séparation des deux soeurs siamoises. Il se souvient : « Grâce aux équipements et instruments chirurgicaux donnés par la Croix Rouge japonaise, l’opération de séparation des jumeaux siamois a été réalisée avec succès. Pour l’époque, c’était un cas particulièrement difficile pour la médecine vietnamienne mais également pour la médecine mondiale. »

Viêt et Duc ont été les deux premiers frères siamois au Vietnam, victimes de l’agent orange dioxine. Nés en 1981 à Kon Tum (Hauts plateaux du Centre), ils pesaient 2,2 kilos. Les deux bébés étaient reliés par l’abdomen avec seulement 3 jambes et partageaient les mêmes organes génitaux et un seul anus. En 1986, Viêt a été atteint d’une paralysie cérébrale. Pour sauver Duc, les médecins de l’Hôpital Tu Du de Hô Chi Minh-ville ont décidé de séparer les jumeaux siamois. L’opération a eu lieu le 4 octobre 1988 avec une équipe de 70 chirurgiens vietnamiens et japonais et d’autres nationalités. Après l’opération, Viêt a vécu 19 ans. Son jumeau Duc est aujourd’hui père de jumeaux fille – garçon.

Cette opération est parue dans le Guinness des records. Le professeur Trân Dông A, toujours : « Il s’agissait de la première opération de séparation de bébés siamois dans l’histoire de la médecine mondiale dont l’un était atteint d’une paralysie cérébrale. Après cette opération, les chirurgiens américains ont fait appel à nore expertise pour réaliser deux opérations de ce type. »

L’opération réalisée en juillet dernier sur les sœurs siamoises marque un progrès remarquable de la médecine vietnamienne affirme le professeur Trân Dông A.

« Je suis très fier d’avoir dirigé l’équipe médicale de l’opération de séparation des jumeaux siamois il y a 32 ans. Je suis aujourd’hui très heureux d’avoir supervisé mes confrères, qui étaient hier mes élèves, dans cette très délicate intervention. C’est un immense bonheur de pouvoir offrir une meilleure vie à ces bébés siamois. »

La réussite de l’opération de séparation des petites siamoises marque une avancée majeure dans la chirurgie vietnamienne.-VOV/VNA