Ce livre, qui sera publié en septembre prochain aux Etats-Unis,raconte l'histoire de deux âmes errantes: un soldat américain et unmédecin militaire vietnamien qu'il a abattu d'un coup de feu au coursde la "guerre du Vietnam". Homer a survécu à cela, mais les remordsl'ont hanté pendant près de 40 ans avant qu'il puisse renvoyer lesdocuments de ce jeune soldat vietnamien à sa famille.
Le 19 mars 1969, le premier lieutenant Homer R. Steedly a tuéd'une balle un soldat vietnamien, Hoang Ngoc Dam, quand ils se sontrencontrés sur une piste dans la forêt. Homer a prélevé un journal surla dépouille du soldat qu'il a abattu et l'a ensuite envoyé à sa mèreaux Etats-Unis pour bonne garde. Trente-cinq ans plus tard, Homer aredécouvert le journal oublié et commencé à confronter ses mémoires surla guerre qui avait dicté sa vie, décidant de retourner au Vietnam etde rencontrer la famille de l'homme qu'il avait tué pour demander leurpardon.
Alors que l'âme du soldat vietnamien a erré dans les limbes avantde finalement retourner en 2008 dans son village natal, une autre âme,celle du GI américain (vivante celle-là) errait parallèlement, sousforme de remords.
"Plusieurs années après la guerre, Homer était toujours sous lechoc. Il a bien essayé de parler avec les autres, mais personne n'avoulu l'écouter. On disait de lui qu'il était bizarre lorqu'il voulaitévoquer la guerre", affirme l'écrivain américain Wayne Karlin.
"Pendant une longue période, il s'est coupé du monde. Ilpratiquait des sports dangereux tels la spéléologie, le parachutisme,les courses de moto... Il a même essayé de se suicider", confie Wayne.
"Toutes ces personnes que j'ai vu tomber sous mes yeux sontrestées gravées dans ma mémoire", rapporte Wayne Karlin. "Jesouhaiterais qu'elles s'en aillent comme un éclair lorsque je metrouverai sur mon lit de mort. Je me sens coupable d'être encore envie".
Artilleur dans la Marine de 1963 à 1967 au Vietnam, Wayne Karlinaffirme que pour lui, le spectre qui le hante et les obsessions qui lefrappent concernant la guerre sont moins traumatisants, parce qu'ilpeut les écrire.
"En m'engageant dans la guerre, je me croyais en train d'aider lespersonnes souhaitant établir la démocratie et sauver l'indépendance del'agression communiste. Ayant grandi aux Etats-Unis, nous avons appristout le temps la même chose à l'école pour avoir cette conviction",dévoile Karlin.
"Mais, une fois au coeur de la guerre, j'ai constaté que nousétions en train de faire du mal au peuple vietnamien au lieu de leurvenir en aide... réalisant que trop de personnes payaient de leur viece conflit", poursuit-il.
Quand Karlin est retourné chez lui, il se livrait à la recherchede documents sur cette guerre pour comprendre enfin que "nous avonscombattu les personnes qui luttaient pour reconquérir leurindépendance". "Je ne souhaite pas faire partie de cette guerre",ajoute Karlin.
Quand Karlin a achevé son ouvrage, en 2009, les restes de HoangNgoc Dam ont été rapatriés et Steedly a pu exaucer son voeu de brûlerdes baguettes d'encens sur l'autel du soldat vietnamien auquel il a ôtéla vie. Ces deux âmes torturées ont ainsi pu trouver la paix.
Karlin dit qu'il a écrit ce livre non seulement comme écrivain,mais aussi pour "mettre fin à la guerre tant pour moi-même que pourHomer".
Professeur à l'Université Southern Maryland, Karlin travailleactuellement pour panser les blessures de la guerre, en conduisant ungroupe d'étudiants américains au Vietnam étudier l'histoire, la cultureet la population de ce pays.
Durant son séjour, il a visité deux écoles qui ont été construitesen 2005 avec les capitaux issus du Fonds Dove, créé par des vétéransaméricains.
Une part des profits provenant de la publication des livres deKarlin a été accordée à ces deux écoles. Avant "Wandering souls", ilavait déjà écrit sept romans et deux livres sur la "guerre du Vietnam".
Il est également l'éditeur d'un recueil de livres intitulé "LesVoix depuis le Vietnam" de la Maison d'édition Curbstone Presse et deplusieurs romans d'écrivains vietnamiens sur la guerre. - AVI