Les saveurs de la gastronomie des H’Mông

Le thang cô et le ruou ngô, un alcool de maïs, sont deux spécialités des H’Mông du Nord-Ouest.

Hanoi, 31 janvier (VNA) - Le thang cô et le ruou ngô, un alcool de maïs, sont deux spécialités des H’Mông du Nord-Ouest. Intimement liés à la vie spirituelle de cette ethnie minoritaire, les secrets de leur préparation sont transmis de génération en génération.

La scène se déroule par un beau jour d’hiver au Village culturel et artistique des ethnies du Vietnam (Dông Mô, Son Tây, Hanoï). Les H’Mông réunis ici et vêtus de leurs plus beaux costumes traditionnels, sont heureux de préparer les plats typiques de leur ethnie afin de les présenter aux touristes.

Les saveurs de la gastronomie des H’Mông ảnh 1Le "thang cô" est mijoté pendant des heures.
 

Les H’Mông sont une communauté importante parmi les ethnies minoritaires vietnamiennes. Ils vivent principalement en altitude, à plus de 1.000 m, disséminés dans les régions montagneuses du Nord, les provinces de Thanh Hoa, Nghê An et sur les hauts plateaux du Centre.

Évoquer les spécialités gastronomiques des H’Mông renvoie immédiatement au thang cô, un plat traditionnel de cette ethnie apparu il y a 200 ans environ lorsque les H’Mông commençaient à se sédentariser à Bac Hà, dans la province septentrionale de Lào Cai. Sa recette a ensuite été transmise aux Kinh (l’ethnie dominante au Vietnam), aux Dao, Tày et Thai, et le thang cô est devenu un met indispensable des ethnies minoritaires du Nord-Ouest. Il est principalement vendu dans les marchés montagnards.

Une grande marmite du thang cô est placée dans la cour. Dào Van Sà, un H’Mông vivant dans le bourg de Viêt Lâm, district de Vi Xuyên, province de Hà Giang, hache avec des mouvements parfaitement maîtrisés les pièces de viande et les intestins de bœuf bouillis au préalable pour le thang cô. Autour de lui, un parterre de touristes qui assistent, le regard attentif, à toutes les étapes de la préparation de cette spécialité.

La préparation du thang cô est assez simple. Il faut des épices comme le tsaoko, l’anis étoilé, de l’écorce de cannelle, de la citronnelle ou encore du gingembre. La viande et les intestins de bœuf ou de cheval sont lavés puis jetés dans un bouillon savoureux obtenu grâce aux os et au sang de l’animal, aux épices et aux herbes aromatiques ayant mijoté de longues heures. Ils peuvent également être mis à mariner quelques temps dans ce mélange d’épices avant d’être mis à bouillir.

Le thang cô est mijoté pendant des heures. Le met est toujours servi très chaud. Attention donc à ne pas se brûler ! "Le met traditionnel de notre ethnie est le thang cô. Il est fait de plusieurs ingrédients comme la viande, les tripes, le cœur de bœuf. Ce met est lié à la vie de notre ethnies depuis longtemps", explique Dào Van Sà.

Qui dit thang co dit ruou ngô

Les saveurs de la gastronomie des H’Mông ảnh 2Le "ruou ngô" des H'Mông a une saveur particulière.

Pour les H’Mông, prendre du thang cô seul, c’est-à-dire sans le fameux ruou ngô, un alcool à base de maïs, est inconcevable. C’est comme une année sans le Têt, une vie sans le bonheur. Cet alcool de maïs joue un rôle très important dans la vie spirituelle de cette ethnie.

Les H’Mông travaillent toute l’année sur des champs en haute altitude. Travailleurs comme des abeilles, ils sèment sur les versants escarpés des montagnes de nombreux grains de maïs. C’est d’ailleurs cette culture qui rythme leur vie.

Le maïs est ainsi un élément essentiel dans la vie quotidienne et économique des ethnies minoritaires vivant en haute montagne. Et les H’Mông ne font pas exception à la règle. De cette céréale, les H’Mông tirent plusieurs spécialités gastronomiques, mais surtout du ruou ngô.

Pour l’obtenir, il faut d’abord égrainer l’épi de maïs en prenant soin de retirer les grains creux. Les grains sont ensuite mis à bouillir 24 heures à feu moyen. Une fois ouverts, ce qui montre qu’ils sont cuits, ils sont retirés de l’eau et laissés refroidir à l’air libre jusqu’à ce qu’ils soient bien tiédis. Si la température des grains de maïs est trop élevée, les micro-organismes contenus dans la levure ne peuvent pas entrer en activité pour assurer la fermentation. Et tout le travail est perdu ! Pour fabriquer les meilleurs ruou ngô, les H’Mông utilisent une sorte de levure faite à base de feuilles cueillies dans les montagnes. Cette levure permet d’obtenir un alcool qui assure au buveur de ne pas avoir la "gueule de bois" en cas d’abus. Elle est semée par minces couches sur la surface des grains.

Alcool de maïs, amour et belles paroles

 

Lorsqu’on boit du "ruou ngô" avec ses amis, l’amour et les belles paroles gagnent le cœur de tous.

Après avoir être mélangés à la levure, les grains de maïs sont placés des tonneaux hermétiques conservés dans un endroit frais. Après 6-7 jours, les H’Mông commencent à mettre les grains fermentés dans une marmite pour extraire de l’alcool. "On doit apprendre l’utilisation de la levure de feuilles qui est difficile. La fermentation des grains de maïs doit suivre un protocole strict", souligne Sùng Chua Rinh, du district de Vi Xuyên, province de Hà Giang.

 

Après la fermentation complète, les grains sont versés dans une marmite au bain-marie, recouverte d’une toile pour que l’alcool conserve tout son arôme. Il est indispensable d’utiliser un feu de bois pour l’étape de distillation de l’alcool. Le foyer doit être de petite dimension. Après une trentaine de minutes, les premières gouttes du précieux breuvage commencent à couler à travers un tube en bois connecté à la marmite. En trois heures, le travail est terminé.

 

Grâce à la saveur particulière du maïs cultivé sur les montagnes, à la levure de feuilles et aux techniques de fermentation et de distillation de l’alcool mises au point et transmises de génération en génération, les H’Mông ont réussi à fabriquer un spiritueux particulier empreint de leur identité et savoir-faire. "J’ai commencé à apprendre la fabrication de l’alcool à l’âge de 15 ans. Mes parents sont des experts en la matière. Ce sont eux qui m’ont transmis tous les secrets de ce métier", raconte Sùng Chua Rinh. Et d’ajouter qu’au début, il a essuyé de nombreux échecs, ne réussissant pas à maîtriser les techniques. L’alcool était aigre et malodorant. Mais avec le temps et une bonne dose de persévérance, il s’est mué en expert qui n’a aujourd’hui plus rien à envier à personne.

 

Une tasse de ruou ngô contient non seulement la quintessence de la nature, mais encore la sueur et les efforts des habitants. Ce breuvage ne saurait être absent des banquets en l’honneur des invités ou des fêtes célébrées par les H’Mông. "C’est la première fois que je bois de l’alcool frais. Il y a quelque chose de nouveau par rapport aux autres que j’ai déjà bus", confie Trân Anh Tuân, touriste de la province de Quang Binh.

 

Aux dires des H’Mông, lorsqu’on boit du ruou ngô  avec ses amis, l’amour et les belles paroles gagnent le cœur de tous. Plus il fait froid, plus l’alcool de maïs est bon. En boire une tasse en mangeant un bol de thang cô fumant est pour eux une véritable bénédiction. - CVN/VNA

Voir plus

En 2016, les pratiques liées à la croyance viet en les Déesses-Mères des Trois mondes (Tín ngưỡng thờ Mẫu Tam phủ) ont été inscrites par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Photo . VNA

Quand le numérique s’invite dans le culte des Déesses-Mères

En 2016, les pratiques liées à la croyance viet en les Déesses-Mères des Trois mondes (Tín ngưỡng thờ Mẫu Tam phủ) ont été inscrites par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Non seulement préservé dans l’espace sacré des temples et palais, ce patrimoine est, ces dernières années, également entré dans l’univers numérique afin de mieux atteindre le grand public.

Entre sons et couleurs, l’art traditionnel anime le Vieux Quartier de Hanoï

Entre sons et couleurs, l’art traditionnel anime le Vieux Quartier de Hanoï

Chaque samedi soir, la façade de l'ancienne maison sise au 64 rue Ma Mây, dans le quartier de Hoan Kiêm à Hanoï, s'anime d'un spectacle d'art traditionnel envoûtant. Au cœur du dynamisme trépidant de la rue piétonne, la musique folklorique résonne avec force, affirmant la vitalité persistante de la culture vietnamienne au cœur de la capitale.

Hanoï parmi les meilleures villes d’Asie pour la cuisine de rue

Hanoï parmi les meilleures villes d’Asie pour la cuisine de rue

Hanoï classée deuxième dans ce classement de septembre 2025 de Time Out. La ville est considérée comme un véritable trésor culinaire, où les mets les plus savoureux se découvrent au détour des ruelles étroites, dans de petites échoppes perchées au bout d’un couloir sombre ou au coin des rues animées.

Photo Hanoi’25 – Biennale met en lumière la photographie mondiale et les échanges créatifs. Photo: VNA

Photo Hanoi ’25 – Biennale, objectifs grand angle

La deuxième édition de Photo Hanoi ’25 – Biennale s’est ouverte le 1er novembre au Centre culturel du vieux quartier de Hanoi. Cet événement a réuni des artistes, des commissaires d’exposition et des experts de 22 pays autour d’expositions, d’ateliers et de conférences explorant les thèmes de la mémoire, de l’identité, de la nature, de la vie urbaine et du monde.

Le groupe Sar Afshan se produit à l’École supérieure du commerce et du tourisme de Hanoi. Photo : ambassade d’Iran au Vietnam

Échos persans : du pays du Simorgh au pays du Dragon et de la Fée

Le récent concert intitulé «Du pays du Simorgh au pays du Dragon et de la Fée», donné par le groupe de musique traditionnelle iranien Sar Afshan à Hanoi, a emmené le public dans un voyage culturel à travers les siècles, des déserts de Perse aux deltas du Vietnam.

Un groupe d’étudiants de la génération Z à Hanoi a décidé de redonner vie au chèo (théâtre populaire), grâce à leur projet créatif intitulé «Neo Chèo». Photo : NDEL

La génération Z insuffle une nouvelle âme à l’art du théâtre populaire

Préserver le patrimoine ne signifie pas le figer sous cloche. Il s’agit de le laisser vivre, s’épanouir et évoluer à chaque génération. Lorsque les jeunes se reconnaissent dans le chèo, que ce soit à travers une mélodie, un costume ou une œuvre numérique, alors il devient partie intégrante de leur propre histoire.

Les visiteurs pourront explorer les collections du musée à la nuit tombée et profiter d’un riche mélange d’art et d’expériences interactives. Photo: VNA

La Nuit au musée illumine la scène artistique de Hanoi

Le Musée des beaux-arts du Vietnam lance le programme «La Nuit au musée», qui se déroule le dernier vendredi de chaque mois, avec un thème différent à chaque fois, afin d’offrir aux visiteurs des expériences originales et captivantes.

Marché Bên Thanh, Hô Chi Minh-Ville. Photo: VNA

Hô Chi Minh-Ville rejoint le Réseau des villes créatives de l’UNESCO dans le domaine du cinéma

À l’occasion de la Journée mondiale des villes (31 octobre), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a annoncé la liste des 58 villes inscrites cette année au Réseau des villes créatives de l’UNESCO. Parmi elles, Hô Chi Minh-Ville (Vietnam) a eu l’honneur de devenir nouveau membre dans le domaine du cinéma, devenant ainsi la première ville créative du Vietnam et de l’Asie du Sud-Est dans ce secteur.

Le site touristique Bai Dinh à Ninh Binh.

Les industries culturelles, clé du développement du tourisme durable

Le séminaire, intitulé «Industries culturelles et développement du tourisme durable au Vietnam dans un contexte d’intégration internationale», a mis l’accent sur le rôle des industries culturelles dans la promotion de l’image et du peuple vietnamiens, tout en renforçant la compétitivité nationale.