Hanoï (VNA) - Comme partout dans la campagne vietnamienne, le bambou est omniprésent à Thach Xa, en banlieue de Hanoï. De cette noble matière première, les artisans du village produisent des libellules colorées qui ont fière allure. De quoi replonger dans ses souvenirs d’enfance.
de Hanoï. Photo : LN/CVN
Les libellules en bambou colorées ne sont pas seulement un jouet traditionnel, elles reflètent des traits de la culture paysanne et mettent en valeur un métier artisanal ancestral. Ce jouet populaire peut être offert comme cadeau aux enfants comme aux adultes. Il rappellera à ces derniers de doux souvenirs d’enfance à la campagne lorsque, avec leurs petits camarades, ils partaient chasser ces insectes dans les jardins, rizières ou près des haies de fleurs.
Au «royaume» des libellules
Le «royaume» des libellules en bambou se trouve à 35 km à l’ouest du centre de la capitale Hanoï, dans un village paisible à proximité de l’ancienne pagode Tây Phuong, commune de Thach Xa. L’histoire dit qu’un jour, un homme du village rencontra, devant la pagode Tây Phuong, un paysan vendant quelques-unes de ces libellules. Il tomba sous le charme et reçut du vendeur les secrets de fabrication. Il créa son propre atelier et devant le succès rencontré, d’autres villageois s’y mirent. Un artisanat était né...
Une caractéristique remarquable de la libellule en bambou de Thach Xa réside en son «bec» pointu, qui lui permet de tenir en équilibre sur un endroit aussi ténu que le bout du doigt, un coin de table, une branche, etc.
Le corps de l’insecte est taillé dans le pied. Après avoir retiré l’écorce, le tronc est divisé en pièces de 7, 12, 14 ou 20 cm de long en fonction du format désiré. Pour les ailes, c’est la partie supérieure, souple, qui est préférée. Le corps est percé de deux petits trous pour les ailes. Puis, il est taillé et courbé pour faire la «queue».
Outre des libellules, le village produit encore oiseaux et tortues. Chaque année, au 1er mois lunaire, Thach Xa connaît l’affluence des grands jours. Nguyên Van Tài est un des artisans les plus renommés du village. Il fabrique ces jouets traditionnels depuis maintenant 16 ans. Il tient aussi le plus grand atelier de Thach Xa, situé dans une ruelle à proximité de la pagode Tây Phuong, où les visiteurs peuvent voir de nombreuses branches de bambou séchant au soleil.
Ses produits sont renommés pour leur beauté, leur durabilité, leur variété et leur prix raisonnable. «J’ai commencé à me spécialiser dans la fabrication de jouets en bambou en 2000, a partagé Nguyên Van Tài. J’ai été le premier à créer des libellules à Thach Xa. Au début, ce n’était qu’un passe-temps pour amuser les enfants. Puis petit à petit, ça a commencé à se vendre, à bien se vendre même et du coup, c’est devenu pour moi une profession à part entière».
Plusieurs étapes sont décisives dans le processus de fabrication : le choix du bambou, la taille et la décoration. «Chaque étape nécessite beaucoup de patience et d’habileté, a informé l’artisan. Cela semble simple de prime abord, mais ce jouet ne tiendrait pas en équilibre et n’aurait pas la forme désirée si une seule étape était faite à la hâte».
Préserver l’artisanat traditionnel
Selon lui, l’étape la plus délicate est la taille et le façonnage de l’objet. Il faut qu’il soit beau esthétiquement parlant et tienne parfaitement en équilibre, comme les modèles originaux qui se posent avec grâce dans la nature.
«On trouve les libellules en bambou de Thach Xa partout au Vietnam. Dans tous les grands centres touristiques : Hanoï, Hôi An, Dà Nang, Nha Trang, Phu Quôc et Hô Chi Minh-Ville, on en trouve. Mais ce n’est pas tout, parce qu’elles s’exportent également aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et au Japon. Moi-même, j’ai souvent des commandes qui viennent de l’étranger», a partagé Nguyên Van Tài.
Le bambou sélectionné ne doit ni être trop jeune ni trop vieux. Il doit atteindre un niveau de maturité de sorte qu’il soit solide, doux, facile à tailler et exempt de termites ou autres insectes parasites. «Le bambou que nous utilisons est exempt de tout traitement à l’aide de produits chimiques. Nous ne voulons pas faire des produits potentiellement dangereux», a-t-il affirmé.
Les libellules de Nguyên Van Tài sont considérées comme les plus belles car il a un grand souci du détail. «Je ne peux créer aucune partie du jouet avec une machine, car le bambou se casse facilement», a-t-il expliqué. La vente de ces jouets a apporté une source de revenus stable pour sa famille et des centaines de personnes du village.
Et de conclure : «Plus important encore, ce travail contribue à préserver les jouets traditionnels vietnamiens en cette époque de mondialisation et d’acculturation».-CVN/VNA