Hanoi, 16 août (VNA) - La 23e conférence de l’ONU, la COP23 sur le climat, sera organisée par un État insulaire, les îles Fidji à Bonn (Allemagne) du 6 au 17 novembre 2017. Les préparatifs avancent afin de fournir l’infrastructure et les conditions nécessaires à cet événement important, ayant son rôle dans l’amélioration des objectifs et des ambitions de la COP21 de Paris.
Les petits États insulaires tels les îles Fidji et les pays côtiers comme le Vietnam sont particulièrement exposés aux conséquences des changements climatiques, comme la hausse du niveau des océans et l’accentuation de certains phénomènes météorologiques extrêmes.
En effet, face au défi de nourrir une planète confrontée au dérèglement du climat, à la croissance démographique, à la pauvreté, à des prix alimentaires fluctuants, et à la dégradation des écosystèmes, la Commission sur l’Agriculture Durable et les Changements Climatiques (CCAFS en abréviation anglaise) adresse aux décideurs publics de grandes recommandations de politique : des impératifs absolus à mettre en avant tout au long de la filière agricole et alimentaire.
Dans ce contexte, quels sont les implications des agricultrices et horticultrices vietnamiennes et à quels impacts sont-elles confrontées ?
Les femmes agricultrices et horticultrices pauvres ont une portée limitée des stratégies d’adaptation avec d’importantes contraintes (insuffisance des ressources, accès limité à la terre, aux crédits bancaires et à l’information). Pourtant, elles ont un rôle à jouer dans les stratégies d’adaptation aux niveaux local et national. Néanmoins, souvent elles ont moins de poids dans des décisions concernant les ressources naturelles et la gestion des catastrophes annuelles.
La politique nationale vietnamienne sur les changements climatiques (NTP) met l’accent sur l’égalité des sexes comme l’un des principes directeurs. Or, la participation des femmes dans les consultations pour le développement de la NTP est limitée. Les objectifs de parités concrètes n’ont pas été formulés. Le nombre de femmes fonctionnaires du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement et les départements provinciaux des Ressources naturelles et de l’Environnement est réduit.
Parce que les femmes sont souvent les plus précaires, il serait indispensable de mener des recherches sur les priorités et les options pour faire face dans les contextes tels les moyens de subsistance liés à l’agriculture, l’élevage, l’horticulture, la pêche et l’aquaculture et les impacts à relever concernant les rôles au niveau des ménages, des liens entre les changements climatiques, le genre et l’exode rural, et l’environnement.
Impacts du genre sur les changements climatiques
L’élévation du niveau des mers affecte les terres cultivables, la population, le PIB, les zones urbaines, l’agriculture et les zones humides. La population (74%) est concentrée le long des plaines côtières et les deltas du fleuve Rouge (Nord) et du Mékong (Sud) touchés par la montée du niveau des océans.
Ce phénomène augmente l’étendue des zones inondées, le drainage de l’eau, renforce la ligne de l’érosion côtière et l’intrusion d’eau salée et crée des obstacles pour la production agricole et l’utilisation domestique de l’eau. Par ailleurs, la montée du niveau et de la température de l’eau de mer a des effets négatifs sur les récifs coralliens et les mangroves, essentiels pour l’aquaculture côtière et la pêche.
Selon Yann Roche et Pham Van Cu : «C’est le cas du Vietnam, avec ses 3.200 km de façade maritime et une faible altitude. Auparavant, le pays disposait d’une importante mangrove qui constituait une protection naturelle idéale contre beaucoup d’aléas naturels. Victimes ces dernières décennies d’une alarmante déforestation, ces mangroves font maintenant l’objet d’une attention particulière de la part des autorités, comme c’est le cas pour le Parc national de Xuân Thuy, dans le delta du fleuve Rouge».
Impacts des changements climatiques sur les ménages au niveau local et les liens avec l’écocide et l’exode rural
Les femmes, en raison de leurs rôles sociaux, de la discrimination et de la pauvreté, sont touchées par les inondations et l’érosion des terres. En outre, les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les processus de prise de décision sur les changements climatiques et dans les stratégies d’adaptation et d’atténuation.
Les terres agricoles situées dans les bassins fluviaux dépendantes de l’irrigation sont très vulnérables aux fluctuations des niveaux d'eau, pouvant entraîner une baisse des rendements des cultures et des taux de croissance, l’affaiblissement ou la disparition de certaines espèces de cultures (riz de première catégorie), une activité accrue des parasites et virus, et une perte de fertilité des sols. Comme le niveau de la mer monte, l’intrusion de l’eau salée affecte la qualité des eaux pour l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable locale dans les deux deltas.
Les femmes et les hommes des zones rurales ont des rôles complémentaires dans l’agriculture. Par ailleurs, la forte dépendance sur des terres et des ressources naturelles pour la production des moyens de subsistance rend les femmes plus vulnérables. Le pays compte plus de 12 millions de femmes agricultrices et horticultrices. La moitié des hommes et deux tiers des femmes dans les zones rurales ont encore leur emploi principal dans l’agriculture.
Les activités de pêche sont organisées selon le genre. En général, les hommes vont pêcher tandis que les femmes s’occupent de la négociation, de la vente, du stockage, du traitement et de la commercialisation du poisson. Souvent, les femmes comptent sur la vente de poissons comme une activité génératrice de revenus. Dans les ménages agricoles au Centre et au Sud en particulier dans les zones d’eau douce, les poissons contribuent à 10-15% du revenu total de l’aquaculture, augmentant à 20-35% dans les zones côtières. Aussi, une diminution des ressources aquatiques touche plus durement les ménages pauvres.
Ne reste plus qu’à définir les liens entre genre et écocide et exode rural. Lorsque les changements climatiques réduisent les moyens de subsistance des familles, ces changements peuvent agir comme une «poussée» vers la ville. Les gens quittent les zones rurales car ils sont tributaires des ressources naturelles et vont migrer vers les zones urbaines. Ce phénomène crée de nouveaux schémas de migration pour les deux mégapoles que sont Hanoï et Hô Chi Minh Ville. - CVN/VNA