Hanoi (VNA) – Le Vietnam se trouve à un tournant décisif pour concrétiser ses ambitions de neutralité carbone d’ici 2050, avec le lancement d’un marché national des crédits carbone, considéré comme un instrument stratégique pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les modèles de production rizicole de la ville de Cân Tho, dans le delta du Mékong, qui contribuent à minimiser les émissions de gaz à effet de serre, présentent un potentiel de développement et d’expansion important dans un avenir proche.
Cependant, les experts avertissent que sans une structure institutionnelle solide, transparente et bien coordonnée, le marché risque de rester fragmenté et sous-performant.
Lors d’un atelier organisé le 17 juin par l’Union vietnamienne des associations scientifiques et technologiques (VUSTA) en collaboration avec l’Institut d’économie et de développement, le professeur associé Hoàng Van Phu, président de la VUSTA, a souligné qu’avec le modèle de croissance verte, le marché des crédits carbone est l’outil économique décisif pour promouvoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la lutte contre le changement climatique.
Contrairement aux initiatives volontaires en matière de développement durable, ce marché fonctionne selon le principe du «pollueur-payeur», faisant des quotas d’émission des actifs économiques négociables qui transfèrent des incitations financières au secteur privé.
Le Vietnam a posé les bases juridiques fondamentales : la Loi sur la protection de l’environnement de 2020 reconnaît officiellement le marché du carbone, le décret n°06/2022 définit les mécanismes nationaux d’échange de droits d’émission et la décision n°232/QD-TTg (24 janvier 2025) définit la feuille de route pour le développement du marché entre 2025 et 2030.
Pourtant, malgré ces progrès, le marché national des crédits carbone reste fragmenté, avec des infrastructures limitées et des liens minimes entre les secteurs, notamment les énergies renouvelables, l’agriculture et la gestion des déchets, des secteurs clés à fort potentiel de réduction des émissions.
Les experts ont identifié six obstacles majeurs : les lacunes réglementaires, l’insuffisance des infrastructures techniques, l’expertise limitée des entreprises, le manque de ressources humaines qualifiées, la faible sensibilisation des entreprises et le manque de coordination intersectorielle. Ces problèmes risquent de réduire le marché du carbone à un concept théorique plutôt qu’à un mécanisme financier fonctionnel.
Le Dr Nguyên Manh Hai, expert économique, a déclaré que surmonter ces obstacles est essentiel pour faire progresser la politique des crédits carbone. Ses recommandations incluent l’affinement du cadre juridique – couvrant les enchères, le commerce et la certification – tout en garantissant la transparence des systèmes de mesure, de déclaration et de vérification (MRV), ainsi que des protocoles d’application stricts.
Il a également souligné la nécessité d’un système national d’échange de quotas d’émission (SEQE) robuste, piloté initialement par des industries pilotes, complété par une plateforme d’échange numérique, et facilitant l’intégration aux marchés mondiaux du carbone via des mécanismes de crédit internationaux. Cette stratégie pourrait attirer des opportunités commerciales au-delà des frontières du Vietnam et exploiter les flux de capitaux mondiaux.
Le Dr Nguyên Manh Hai a souligné que le renforcement des capacités est tout aussi essentiel.
D’autres experts ont préconisé un renforcement de la formation des entreprises, des régulateurs et des certificateurs en matière de comptabilité des émissions et de commerce du carbone, associé à des campagnes de sensibilisation pour illustrer les avantages économiques de l’engagement sur le marché du carbone. En outre, des outils politiques tels que des incitations fiscales, des facilités de crédit vert et un soutien financier aux premiers utilisateurs de technologies propres seront essentiels.
Le marché volontaire du carbone (MVC) devrait être promu comme un tremplin pour les entreprises pionnières. Le Dr Hô Công Hoa, de l’Académie des politiques et du développement (APD), a qualifié ce moment de tournant stratégique pour le Vietnam. Si le cadre juridique offre un soutien fondamental, il a souligné qu’un système d’émissions juridiquement intégré, transparent et interopérable à l’échelle mondiale exige une action plus décisive.
S’appuyant sur des exemples internationaux, il a souligné que le succès des marchés du carbone repose sur une législation complète, des mécanismes de surveillance rigoureux et la participation active des acteurs du secteur privé et des institutions financières.
De plus, une allocation transparente des quotas, des incitations fiscales intelligentes et un réinvestissement efficace des revenus du marché soutiendront la croissance à long terme.
À l’avenir, le Dr Hô Công Hoa a exhorté les autorités à revoir et à affiner les principales dispositions du décret n°06/2022 et de ses amendements, en clarifiant le statut juridique du carbone en tant que matière première négociable, les règles d’enchères, les mécanismes de compensation des crédits, les sanctions en cas de non-conformité, la responsabilité et les liens internationaux, conformément à l’article 6 de l’Accord de Paris.
Il a également appelé à la création d’un organisme de coordination interministériel dédié et de systèmes de données sophistiqués pour soutenir des processus MRV rigoureux, essentiels pour favoriser la transparence, renforcer la responsabilité et attirer les investissements verts tant au niveau national qu’étranger. – VNA

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