Le carbone bleu se met au service de la biodiversité et du développement durable

Grâce à ses écosystèmes marins et forestiers riches et variés, le Vietnam dispose d’un potentiel considérable pour transformer les crédits carbones en une ressource financière durable, moteur de l’économie verte.

Le Vietnam mettra en œuvre à titre expérimental une bourse nationale de crédits carbone à partir de juin 2025. Photo : baodautu.vn
Le Vietnam mettra en œuvre à titre expérimental une bourse nationale de crédits carbone à partir de juin 2025. Photo : baodautu.vn

Hanoi (VNA) – Grâce à ses écosystèmes marins et forestiers riches et variés, le Vietnam dispose d’un potentiel considérable pour transformer les crédits carbones en une ressource financière durable, moteur de l’économie verte.

Un potentiel encore sous-exploité

Le « carbone bleu », qui est le carbone issu des océans, est devenu un sujet d’intérêt croissant en raison de sa valeur économique et environnementale. Selon des études, les océans absorbent environ 400 millions de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent des émissions annuelles du Royaume-Uni.

Les principaux puits de carbone bleu incluent les mangroves, les herbiers marins, les récifs coralliens et le phytoplancton.

Parmi eux, les mangroves se distinguent par leur capacité exceptionnelle de stockage de carbone, grâce à leur structure racinaire et ligneuse.

Avec environ un million de km² de surface maritime, le Vietnam est considéré comme une zone riche en crédits carbone.

Pourtant, l’exploitation efficace de cette ressource reste limitée. Selon les données publiées en mars 2025 par le ministère vietnamien de l’Agriculture et de l’Environnement, la superficie forestière totale du pays atteint près de 14,9 millions d’hectares, dont plus de 10,1 millions d’hectares de forêts naturelles.

Cette superficie permettrait de générer entre 50 et 70 millions de tonnes de crédits carbone excédentaires par an, ce qui représente une source de revenus potentiellement aussi précieuse que le bois ou les produits forestiers non ligneux.

Les émissions nettes du Vietnam sont passées de 150,9 millions de tonnes de CO₂ en 2000 à 420,7 millions de tonnes en 2020, et pourraient atteindre 1,5 milliard de tonnes d’ici 2050.

Par conséquent, la compensation des émissions par des crédits carbone devient une nécessité urgente.

Selon le professeur Pham Van Dien, le secteur forestier est actuellement le seul à présenter un solde net d’émissions négatif, avec une absorption annuelle estimée à 40 millions de tonnes de CO₂ entre 2025 et 2030.

Dans le cadre de la Stratégie nationale de développement du marché des crédits carbone, approuvée début 2025, le Vietnam prévoit de lancer une bourse d’échange nationale de crédits carbone à titre expérimental dès juin 2025, une étape stratégique pour concrétiser ses engagements de réduction des émissions et stimuler la croissance verte.

Cependant, les écosystèmes marins vietnamiens, en particulier dans le delta du Mékong, se dégradent fortement.

La superficie des mangroves y a diminué de 80 % en cinquante ans ; les récifs coralliens s’affaiblissent également, menaçant la biodiversité marine.

L’établissement et la gestion des aires marines protégées apparaissent comme des solutions efficaces.

À ce jour, le Vietnam en compte 11 sur 16 prévues, dont les parcs nationaux marins de Cat Ba, Bach Long Vy, Cu Lao Cham, Côn Dao, Phu Quôc…

Ces zones jouent un rôle clé dans la conservation de la biodiversité, la régulation de l’environnement, la fourniture de ressources halieutiques et le développement durable des communautés côtières.

Carbone bleu : de grands espoirs mais un cadre juridique insuffisant

D’après l’Institut d’océanographie de Nha Trang dans la province de Khanh Hoa (au Centre du Vietnam), l’utilisation conjointe de la télédétection et des relevés de terrain permet d’évaluer avec précision le stock de carbone contenu dans les mangroves, les marais salants et les herbiers marins.

Ces évaluations transparentes permettent d'établir des crédits carbones fiables, favorisent des sources de revenus durables et encouragent les investissements dans la restauration des écosystèmes marins au Khanh Hoa et dans d'autres provinces côtières.

Pour valoriser ce potentiel, les experts recommandent de protéger et restaurer les écosystèmes tels que les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins ; de développer l’aquaculture durable et d’exploiter les énergies renouvelables issues du vent et des vagues.

Ces solutions permettent non seulement de réduire les émissions de CO₂, mais aussi d’augmenter les crédits carbones générés localement.

Néanmoins, le cadre juridique reste lacunaire. Bien que le décret no 6/2022/ND-CP fixe les principes de réduction des gaz à effet de serre, il manque encore des directives précises sur les modalités de transaction, de valorisation et de propriété des crédits carbone.

Selon le professeur associé Nguyên Ba Ngai de l’Association vietnamienne des propriétaires forestiers, l’absence de réglementation claire sur la propriété du carbone forestier freine les échanges et le développement du marché.

M. Trân Lâm Dông de l’Institut des sciences forestières souligne qu’un projet forestier ne peut obtenir des crédits carbones qu’en respectant les normes internationales et le processus MRV (Mesure, Rapport, Vérification).

Le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement élabore actuellement une norme nationale sur le carbone forestier, accompagnée de directives spécifiques à l’attention des propriétaires forestiers et des investisseurs.

Lors du Forum économique mondial, Mme Jennifer Morris, directrice générale de l’organisation The Nature Conservancy, a souligné quatre piliers pour renforcer l’offre de crédits de carbone bleu : Investir dans des projets de haute qualité, fondés sur une base scientifique rigoureuse et transparente ; Soutenir l’accès des communautés locales au marché volontaire du carbone et garantir une répartition équitable des bénéfices ; Intégrer le carbone bleu dans les stratégies nationales d’application de l’Accord de Paris ; Renforcer la coopération internationale en matière de restauration des mangroves, des herbiers marins et des récifs coralliens.

Grâce à sa capacité naturelle et durable à absorber le CO₂, le carbone bleu s’impose comme un levier essentiel dans la lutte contre les changements climatiques.

Le Vietnam doit accélérer l’élaboration de son cadre juridique et mettre en place des mécanismes équitables de partage des bénéfices afin de développer un marché du carbone transparent et durable. – NDEL/VNA

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