Hanoi (VNA) - Depuis huit décennies, le Vietnam place l’éducation au cœur de ses priorités nationales. De la lutte contre l’analphabétisme à l’essor des compétences numériques, ce parcours historique témoigne de la transformation d’une nation en pleine modernisation, bâtie sur le savoir et l’innovation.
Guidé par l’idée que “l’éducation est une priorité nationale” et qu’“investir dans l’éducation, c’est investir dans l’avenir”, le Vietnam place toujours l’éducation au cœur de sa mission. La conviction du président Hô Chi Minh, selon laquelle “une nation ignorante est une nation faible” et “pour l’œuvre de cent ans, il faut cultiver les hommes”, est le fil conducteur des politiques du Parti et de l’État depuis 80 ans, et la fondation de la nation.
Campagne nationale
Le 2 septembre 1945, après avoir proclamé la Déclaration d’indépendance donnant naissance à la République démocratique du Vietnam, le Président Hô Chi Minh a identifié la famine, l’analphabétisme et l’agression étrangère comme les trois menaces majeures pour le pays. La politique d’obscurantisme imposée par les colonialistes français avait en effet laissé 95% de la population vietnamienne analphabète.
Dès le lendemain, lors de la première session du gouvernement, la “campagne pour éradiquer l’analphabétisme” a été lancée. Le 8 septembre 1945, une série de décrets sur l’éducation a été promulguée, notamment le Décret N°17/SL créant l’Office pour l’éducation populaire, et le Décret N°20/SL rendant l’apprentissage du Quôc ngu (écriture vietnamienne) obligatoire et gratuit pour tous, avec pour objectif de l’enseigner à toute la population de plus de 8 ans en l’espace d’une année.
En réponse à l’appel du Président Hô Chi Minh, le mouvement “l’alphabétisation de masse” s’est propagé avec force dans tout le pays. Des classes ont ouvert partout, des villes aux campagnes, dans les salles de village, les pagodes, les marchés, sur les berges des fleuves ou même sous les arbres. Le matériel pédagogique était fabriqué de manière créative à partir de ressources locales.
Grâce à cet élan de solidarité et de créativité, en seulement un an, plus de 95.000 personnes se sont portées volontaires pour devenir enseignants, plus de 75.800 classes ont été ouvertes, et plus de 3 millions de personnes ont appris à lire et à écrire. Ce mouvement s’est poursuivi pendant la guerre de Résistance à la colonisation française, démontrant la détermination de toute la nation à élever son niveau d’instruction.
Formation des générations futures
Même en temps de guerre, le Parti et le Président Hô Chi Minh accordaient une attention particulière à la formation des ressources humaines nécessaires à la construction et à la défense du pays. La première réforme éducative, en 1950, a ramené le système éducatif de 12 à 9 ans pour répondre aux besoins du pays pendant cette période.
En 1954, après la libération du Nord, Hô Chi Minh a appelé les enseignants des plaines à se porter volontaires pour enseigner dans les régions montagneuses. En septembre 1959, le premier groupe de 860 enseignants volontaires est parti, apportant le savoir dans les villages. Nguyên Minh Tranh, l’un de ces pionniers, se souvient : “Notre première tâche était de construire des écoles et d’ouvrir des classes. Ces initiatives ont non seulement éradiqué l’analphabétisme, mais aussi formé des cadres de qualité pour la nation”.
Avec une vision stratégique à long terme, en 1954, le Président Hô Chi Minh a aussi décidé de former des jeunes originaires du Sud au Nord. Environ 32.000 élèves du Sud ont été regroupés, créant un système de “pépinières” unique composé de 28 écoles. Ces “semences rouges” sont ensuite retournées au Sud pour construire le pays, devenant la force motrice de la révolution.
Dès le début des années 1960, près de 3.000 enseignants volontaires sont allés au Sud, apportant le savoir malgré les bombardements. Leur parcours sur la légendaire piste Hô Chi Minh a contribué à allumer la flamme du savoir au cœur du champ de bataille.
La formation des talents a également été une priorité. En 1951, le président Hô Chi Minh a envoyé 21 cadres et étudiants en Union soviétique pour y étudier. Dès 1960, des milliers d’autres ont été envoyés à l’étranger. Ces individus sont devenus des scientifiques de premier plan, tels que les Professeurs Hoàng Tuy, Nguyên Van Hiêu et Vo Tong Xuân, jetant les bases du développement du pays.
Expansion et intégration
Selon le Professeur Trân Xuân Nhi, ancien vice-ministre de l’Éducation et de la Formation, le secteur éducatif vietnamien a grandement contribué à l’élévation du niveau d’instruction et à la formation des cadres. Au cours des 80 dernières années, il a connu quatre grandes réformes et de nombreuses innovations, s’adaptant à chaque étape historique et s’intégrant profondément à l’international.
Le Professeur Trân Xuân Nhi estime que la plus grande réussite de l’éducation a été le développement quantitatif et l’élargissement du réseau scolaire, rendant l’éducation accessible à tous. Aujourd’hui, plus de 41.000 écoles, 230 universités et des centaines d’établissements d’enseignement supérieur et professionnel couvrent l’ensemble du territoire.
La Résolution N°29 de 2013 du Comité central du Parti a marqué une réforme en profondeur, passant d’un enseignement axé sur la transmission des connaissances à un modèle développant les qualités et compétences des apprenants. La qualité de l’éducation ne cesse de s’améliorer. Au niveau du secondaire, les équipes vietnamiennes aux Olympiades internationales se classent régulièrement parmi les meilleures au monde, avec par exemple 4 médailles d’or aux Olympiades internationales de chimie en 2025.
Dans l’enseignement supérieur, les universités vietnamiennes consolident leur position dans les classements mondiaux et attirent chaque année des milliers d’étudiants étrangers.
Le Professeur Trân Xuân Nhi se montre optimiste pour l’avenir, soulignant les politiques du secrétaire général du Parti, Tô Lâm, comme l’enseignement biquotidien et la gratuité des frais de scolarité, qui promettent de propulser l’éducation viet-namienne dans une ère encore plus brillante.
Pont entre passé et futur
Au-delà de la formation formelle, le secrétaire général du Parti, Tô Lâm, a mis l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie et la société éducative, particulièrement à l’ère de la révolution 4.0. Il a souligné que ce concept n’était pas nouveau, ayant été initié par le président Hô Chi Minh après la Révolution d’Août.
Il a déclaré : “Face à un monde complexe et en constante évolution, le savoir doit être sans cesse renouvelé... L’apprentissage tout au long de la vie est devenu une loi de survie. Il a insisté sur l’urgence de lancer le mouvement d’alphabétisation numérique pour tous”.
Le 26 mars, ce mouvement a été officiellement lancé. Le Premier ministre Pham Minh Chinh a affirmé qu’il s’agissait de l’héritage du mouvement original d’“alphabétisation de masse”, un pont entre le passé et le futur. Son objectif est de diffuser les connaissances et compétences numériques à l’ensemble de la population.
Appelant les citoyens à s’engager activement dans l’apprentissage et le partage des compétences numériques, le chef du gouvernement a encouragé la construction d’une société moderne. Ce mouvement, fondé sur le principe “aller à chaque porte, dans chaque foyer, guider chaque personne”, s’est largement diffusé, constituant un tournant majeur pour faire entrer le Vietnam dans une nouvelle phase de développement. – CVN/VNA