Le Vietnam, pionnier de la transplantation en Asie du Sud-Est

En réalisant en 2020 la première greffe de membre en Asie du Sud-Est et la première d’intestin grêle au Vietnam à partir d’un donneur vivant, le pays a confirmé sa place parmi les leaders mondiaux de la transplantation.

Une équipe chirurgicale de l’Hôpital universitaire de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville réalise une greffe cardiaque. Photo : VNA
Une équipe chirurgicale de l’Hôpital universitaire de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville réalise une greffe cardiaque. Photo : VNA

Hanoi (VNA) – En réalisant en 2020 la première greffe de membre en Asie du Sud-Est et la première d’intestin grêle au Vietnam à partir d’un donneur vivant, le pays a confirmé sa place parmi les leaders mondiaux de la transplantation.

Le Vietnam a connu une progression fulgurante dans le domaine de la transplantation d’organes ces trois dernières décennies, se positionnant désormais comme le leader incontesté en Asie du Sud-Est en termes de volume d’opérations réalisées chaque année.

“La transplantation d’organes, un véritable exploit médical, a fait des pas de géant au XXe siècle. Ces procédures ne sont possibles que dans les pays dotés de systèmes médicaux avancés, où l’infrastructure et l’expertise sont solides”, explique le Dr. Pham Gia Khanh, président de l’Association vietnamienne de transplantation d’organes.

Les avancées remarquables du Vietnam dans ce domaine témoignent de sa volonté de se positionner à la pointe de la médecine moderne et de son engagement en faveur de l’amélioration de la qualité de vie de ses citoyens.

Réalisations

Le parcours du Vietnam en matière de transplantation d’organes a commencé en 1992 avec un premier pas prometteur. Grâce à la collaboration avec des experts étrangers et à l’engagement d’institutions prestigieuses comme les hôpitaux Bach Mai, Viêt Đuc, l’Hôpital-Université de médecine de Hanoï, l’Hôpital militaire central 108 et l’Académie de médecine militaire, le pays a rapidement acquis une autonomie.

En effet, dès 1993, les médecins vietnamiens de l’Académie de médecine militaire réalisaient leur première greffe de rein en toute indépendance, marquant ainsi le début d’une ascension fulgurante dans le domaine.

En 2017, le Vietnam a marqué un tournant décisif dans le domaine de la transplantation d’organes en réalisant des greffes de poumon et de cœur, des opérations particulièrement complexes. Cette dynamique s’est accélérée en 2019 avec la multiplication des greffes de poumons et de reins à partir de donneurs en état de mort cérébrale.

En 2020, le pays a franchi une nouvelle étape dans la transplantation d’organes en réalisant les premières greffes de membre en Asie du Sud-Est et d’intestin grêle à partir d’un donneur vivant. Ce faisant, le Vietnam s’est hissé au rang des nations les plus avancées dans ce domaine, rejoignant un cercle très restreint de pays maîtrisant ces techniques complexes. Fort de ces succès, les chirurgiens vietnamiens ont poursuivi leurs avancées en 2023 avec une transplantation cardiaque et rénale multi-organes, témoignant d’une expertise médicale de pointe et d’une organisation logistique hors pair.

Au début de 2024, avec près de 8.000 greffes d’organes réalisées, dont plus de 7.000 de rein et 500 de foie, le Vietnam a sauvé des milliers de vies et s’est imposé comme un acteur majeur de la transplantation en Asie du Sud-Est. Ce volume impressionnant d’interventions, couplé à la diversité des organes greffés, témoigne de l’expertise croissante des équipes médicales vietnamiennes et de leur capacité à maîtriser des techniques chirurgicales complexes.

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Transplantation d’organes à partir d’un donneur en état de mort cérébrale à l’hôpital Vietnam - Suède à Uông Bi, province de Quang Ninh (Nord). Photo : VNA

Le Vietnam dispose d’un réseau étendu de 26 centres de transplantation, démontrant une expertise largement partagée sur tout le territoire. Des hôpitaux locaux, autrefois cantonnés à des soins de base, maîtrisent désormais des techniques chirurgicales complexes, autrefois réservées aux établissements centraux. Des pionniers tels que l’Hôpital militaire central 108, l’hôpital Viêt Đuc (Nord), et les hôpitaux de Huê (Centre) et Cho Rây (Hô Chi Minh-Ville) ont joué un rôle moteur dans cette évolution, établissant de nouveaux standards en matière de transplantation d’organes.

L’hôpital Cho Rây a innové en matière de transplantation rénale grâce à l’assistance robotique, permettant ainsi de réaliser des interventions d’une précision inégalée, même dans les cas les plus complexes, comme les incompatibilités de groupe sanguin.

Les transplantations hépatiques pédiatriques, parmi les interventions chirurgicales les plus complexes, sont désormais une référence au sein de l’hôpital pédiatrique national. L’établissement a développé une expertise pointue dans le traitement de cas pédiatriques difficiles comme les cancers du foie et les maladies génétiques.

Le Vietnam maîtrise désormais une large gamme de greffes, du rein au cœur, en passant par le foie, le pancréas, le poumon et la cornée. Avec des taux de survie postopératoire comparables, voire supérieurs, à ceux des pays développés, le Vietnam s’est positionné comme une référence mondiale, d’autant plus que le coût des interventions est nettement inférieur à celui de nombreux autres pays.

Surmonter les défis

Malgré les progrès significatifs réalisés dans le domaine de la transplantation d’organes, le Vietnam est confronté à un défi majeur : le faible taux de don d’organes de personnes en état de mort cérébrale. Alors que 96% des greffes sont effectuées à partir de donneurs vivants, la contribution des donneurs décédés ne représente que 4% du total, un écart considérable par rapport aux standards internationaux.

L’un des principaux défis auxquels est confronté le programme de transplantation d’organes au Vietnam est le manque de sensibilisation du public. Les idées reçues, les croyances culturelles et la méconnaissance de l’acte altruiste qu’est le don d’organes freinent considérablement l’évolution de ce domaine. En 2023, le taux de don d’organes au Vietnam n’était que de 0,15 pour un million d’habitants, bien en deçà de celui de l’Espagne (43 pour un million) ou de la Thaïlande (6 pour un million).

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Soins donnés à une patiente après sa greffe du foie à l’hôpital Viêt Duc, à Hanoï. Photo : VNA

Afin de remédier à cette situation, le Vietnam a mis en place un cadre juridique solide et des campagnes de sensibilisation ambitieuses. La prise en charge des frais médicaux liés à la transplantation par l’assurance maladie, ainsi que des initiatives gouvernementales telles que “Inscrivez-vous au don de tissus et d’organes pour sauver des vies - Donner est éternel”, ont encouragé près de 100.000 personnes à s’inscrire comme donneurs.

Cependant, la réglementation actuelle exige le consentement de la famille pour procéder à des donations, même si le défunt s’est enregistré au préalable. Cela peut conduire à des situations où l’objection d’un seul membre de la famille empêche un don.

La Docteure Nguyên Thi Kim Tiên, présidente de l’Association vietnamienne pour le don d’organes et de tissus, a souligné l’importance cruciale du don d’organes en déclarant : “Chaque personne en état de mort cérébrale peut offrir une nouvelle chance à plusieurs vies. Cet acte altruiste témoigne d’un profond esprit de partage et de compassion”.

Pour surmonter ces obstacles, les experts recommandent d’intégrer l’éducation sur le don d’organes dans les programmes scolaires, d’utiliser la technologie pour rationaliser l’enregistrement des donneurs et d’améliorer la transparence du processus de don.

Appel à l’action

Les réalisations du Vietnam en matière de transplantation d’organes au cours des 30 dernières années sont remarquables, mais le voyage est loin d’être terminé. Le don d’organes n’est pas seulement une nécessité médicale, mais aussi un héritage de compassion et d’humanité.

La sensibilisation du public et la suppression des barrières culturelles sont essentielles pour sauver davantage de vies. Éduquer le public sur la valeur humanitaire du don d’organes et son impact social positif peut contribuer à changer les perceptions.

De plus, la technologie peut jouer un rôle dans la coordination des dons et garantir la transparence. En rationalisant l’enregistrement et en permettant un meilleur suivi des donateurs potentiels, le Vietnam peut accroître son efficacité et renforcer la confiance du public.

La communauté médicale, le gouvernement et la société vietnamienne doivent travailler ensemble pour favoriser une “culture du don”. Une éducation complète, des améliorations politiques et des programmes de sensibilisation solides sont essentiels pour changer les mentalités et éliminer les obstacles.
Grâce à un effort collectif, le Vietnam pourra continuer de s’appuyer sur ses succès, en offrant de l’espoir et une seconde chance à des milliers de patients. – CVN/VNA

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