Hanoi (VNA) - Sous le charme du Vietnam, et plus particulièrement des paysages tranquilles et des habitants de l’ancienne cité de Hôi An, un Japonais a décidé d’y rester pour enseigner gratuitement sa langue maternelle aux enfants. Un partage des cultures au service de la jeunesse, et de la ville.
Toute fin d’après-midi, vers 17h. La maison au numéro 37, rue Nguyên Thai Hoc à Hôi An (province centrale de Quang Nam) est des plus animée, grâce à un groupe d’enfants d’une dizaine d’années. Ils s’efforcent à prononcer du mieux qu’ils peuvent des petites phrases simples en japonais. Quelques minutes après, leur enseignant arrive. Un Japonais de 77 ans, aux cheveux poivres et sels, adosse son vélo contre le mur de la maison. Il baisse sa tête en souhaitant le bonjour en japonais («Konnichiwa») à toute la classe. Ces deux derniers mois, Abe Toru est devenu un visage très familier des locaux, et a su gagner le respect et l’attachement des petits.
«Je travaillais comme commercial, et je représentais une société japonaise à Hô Chi Minh-Ville. Il y a deux ans, j’ai décidé de retourner au Japon pour retrouver ma famille. Pourtant, mon sort m’a poussé à revenir au Vietnam et à rester à Hôi An», confie Abe Toru. Et de souligner que la tranquillité et la beauté romantique de cette ancienne cité l’ont séduit.
Il a eu l’occasion de participer quatre fois de manière consécutive aux échanges culturels Hôi An-Japon. Ces événements ont contribué à nourrir sa passion pour cette destination. «La dernière fois, en 2015, j’ai accompagné la troupe Tokyo Shirubakai pour présenter des numéros artistiques typiques de la culture japonaise. Je m’intéressais à l’hospitalité des locaux. Depuis lors, je considère Hôi An comme mon deuxième pays natal», insiste Abe Toru. Lorsque la troupe Tokyo Shirubakai a signé un accord de coopération avec la ville de Hôi An selon lequel une classe du japonais y sera ouverte gratuitement pendant 10 ans,«j’ai accepté toute de suite d’assumer cette tâche.»
«Je considère les élèves comme mes proches»
Deux mois après son ouverture, la classe de japonais baptisée «Terakoya» a impressionné les habitants locaux et les touristes. Devant la classe qui se trouve dans la rue piétonne se regroupent toujours des touristes étrangers piqués par la curiosité et voulant réaliser quelques photos.
«En prenant part à cette classe, j’ai l’occasion d’apprendre une langue étrangère, autre que l’anglais enseigné à l’école», explique Nguyên Bao Ngân, élève de CM2 de l’École primaire Nguyên Ba Ngoc après avoir prononcé exactement 29 des 46 lettres de l’alphabet du japonais. «Grâce à l’enseignement dévoué du professeur Toru, nous avons appris par cœur, pendant un court temps, tout alphabet japonais. Il sait toujours créer une ambiance joyeuse», ajoute-t-elle.
À la fin de chaque cours, l’enseignant réserve dix minutes pour organiser les jeux et des activités ludiques, comme l’origami ou des charades, stimulant ainsi l’intérêt des enfants pour l’apprentissage du japonais. Actuellement, la classe a attiré 40 élèves venus des Écoles primaires de Nguyên Ba Ngoc et Phù Dông. Pour satisfaire la demande qui est de plus en plus grande, Abe Toru a décidé d’utiliser son propre salon pour ouvrir une classe supplémentaire.
«Les enfants sont aimables et intelligents. Je les considère comme mes proches. Si la santé me le permet, je vais élargir les classes pour en accueillir davantage», assure Abe Toru. Pour lui, l’enseignement du japonais est un long processus, et il est prêt à utiliser toute sa détermination pour arriver à ses fins.
«La classe de Monsieur Abe Toru est ouverte du lundi au samedi. Parallèlement à l’enseignement de la langue, il diffuse également la culture japonaise», souligne Nguyên Van Dung, chef du Bureau de l’éducation de la ville de Hôi An. «Cette classe contribuera à resserrer les relations entre les deux pays. À l’issue de ces cours, les élèves joueront des rôles actifs pour le développement touristique de Hôi An», espère-t-il. -CVN/VNA