Le rapport du ministère des Ressources naturelles et del’Environnement montre que la concentration en dioxyde de carbone (CO2)dans l’air a eu tendance à augmenter ces dernières années. Concernant ledioxyde d’azote (NO2), la hausse est spectaculaire dans les grandesagglomérations comme Hanoï et Hô Chi Minh-Ville aux heures de pointe.
En moyenne, pendant plus de 70 jours de l’année, la teneur en PM10(particules de diamètre inférieur à 10 µm) et en PM 2,5 (microparticulesde moins de 0,25 micromètre de diamètre) a été grandement supérieure aux normesde l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une pollution croissante qui inquiète
Dans les provinces du Nord, les jours d’hiver entre novembre et marsenregistrent souvent des concentrations de particules fines plus élevées que lerestant de l’année, en raison notamment de l’absence de vent et de fortesprécipitations qui ont pour effet de fixer les aérosols.
Auparavant, un rapport périodique sur la qualité de l’air à Hanoï et Hô ChiMinh-Ville, réalisé par le Centre de développement et d’innovation verte(GreenID), a montré aussi qu’au premier trimestre, Hanoï avait comptabilisé 78jours sur 90 où la teneur en PM 2,5 a été supérieure aux normes de l’OMS(25 microgrammes par mètre cube). Pour sa part, la mégapole du Sud a égalementenregistré 78 jours avec des teneurs en PM 2,5 supérieures à cesnormes.
Outre la pollution atmosphérique, la pollution causée par les eaux usées et lesdéchets solides est aussi un épineux problème. Sur les 787 centres urbains quecompte le pays, seuls 42 disposent d’un système de traitement des eaux uséesrépondant aux normes. Les rivières, lacs et canaux à Hanoï et à Hô ChiMinh-Ville sont les plus pollués, à commencer par les rivières Tô Lich, Lu etSet (Hanoï) et les canaux Tân Hoa-Lo Gôm, Ba Bo, Tham Luong (Hô ChiMinh-Ville).
Nguyên Van Tài, chef du Département général de l’environnement (ministère desRessources naturelles et de l’Environnement), informe que chaque jour, lescentres urbains rejettent dans la nature 38.000 tonnes de déchets solides,soit une hausse de 12% par an. Ils sont pour la plupart enterrés ou brûlés,mais pas recyclés.
«Chaque jour, Hanoï et Hô Chi Minh-Ville rejettent chacune dansl’environnement 80 tonnes de déchets plastiques et la province de ThuaThiên-Huê (Centre), 650 tonnes de déchets dont 35 tonnes de déchets plastiques.En moyenne, pendant un an, un Vietnamien utilise 30 kg de produits en plastique»,souligne M. Tài.
Des effets délétères sur la santé
Les risques d’accident vasculaire cérébral, de cardiopathie, de cancer dupoumon et de maladies respiratoires comme l’asthme sont multipliés en présenced’une pollution atmosphérique.
«Chaque année, des dizaines de milliers de personnes souffrent de maladiesrespiratoires causées par la pollution de l’air, notamment dans les grandesvilles comme Hanoï, Hai Phong (Nord), Dông Nai (Sud)… Les maladies infantilesliées à la pollution ont tendance à augmenter comme l’asthme, la pneumonie, latuberculose. De plus, les pathologies respiratoires infantiles sontcourantes toute l’année, alors qu’elles étaient saisonnières autrefois. Àl’hôpital de pédiatrie 2, à Hô Chi Minh-Ville, les enfants atteints de maladiesrespiratoires représentent de 40% à 50% des admissions», fait savoir HoàngDuong Tùng, chef adjoint du Département général de l’environnement.
Selon M. Tùng, la pollution des eaux des lacs et rivières nuit directement à lavie quotidienne des citadins. Les décharges sont aussi une des causes principalesde la pollution atmosphérique, car les déchets solides qui y sont entassés sontparfois brûlés de manière irresponsable, à l’air libre, engendrant desémissions importantes de dioxine et polluants en tout genre.
Cela constitue un vrai fardeau pour l’économie nationale. En effet, les fraisréservés au ramassage et au traitement des déchets sont financés par l’État.Selon les estimations de la Banque mondiale, le Vietnam a besoin de 500millions de dollars pour construire des systèmes de traitement des déchetssolides hospitaliers et de dizaines de millions de dollars chaque année pourles traiter.
Selon Nguyên Van Tài, la pollution de l’environnement est en partie imputable àla négligence des organismes concernés en matière de gestion. La protection del’environnement reste complètement occultée dans les plans d’urbanisme, et lesinfrastructures de transport et de communication urbaines sont toujourssaturées.
Voilà pourquoi il est plus que temps d’investir dans les infrastructuresurbaines, en aménageant et développant des agglomérations «vertes» et «durables».En parallèle, il est nécessaire d’augmenter le budget alloué aux activités deprotection de l’environnement urbain, notamment dans les grandes villes. «Renforcerles politiques d’encouragement et d’assistance à la gestion des déchets solideset au traitement des eaux usées est aussi une solution», propose M. Tài.Dans l’immédiat, les citadins peuvent s’inquiéter, la situation ne risquant pasde s’améliorer sur le court, voire le moyen terme. – CVN/VNA