Hanoi (VNA) - Le Vietnam a enregistré des avancées dans le combat mené contre le virus du sida. Pour pallier les difficultés rencontrées et ne surtout pas baisser la garde, le secteur médical a mis sur la table diverses solutions, dont l’application d’un nouveau traitement appelé la PrEP.
Le traitement à la méthadone est déployé dans la totalité des 63 provinces et villes avec 294 établissements. Photo : VNA
Pour la première fois, le Vietnam a lancé en juin dernier à Hô Chi Minh-Ville un nouveau traitement préventif de la transmission du VIH baptisé PrEP (la prophylaxie post-exposition). En d’autres termes : encadrer avec des antirétroviraux des activités sexuelles à risques et ce qu’elle que soit la raison de l’exposition aux risques (refus du préservatif, mauvais usage du préservatif ou non accès, prises de drogues concomitantes, sexe tarifé…).
La PrEP, qui consiste en la prise quotidienne d’un traitement antirétroviral (à base de tenofovir disoproxil fumarate), est considérée comme aussi utile que le préservatif, pour prévenir l’infection. Elle permet de réduire la transmission jusqu’à 92% quand le traitement est pris correctement.
Ce programme d’application de la PrEP à titre expérimental durera jusqu’au mois de septembre 2018 à Hô Chi Minh-Ville. Les résultats obtenus vont servir de base à l’élaboration d’un guide au niveau national et d’un mécanisme financier pour la PrEp dans les années à venir. Elle est distribuée essentiellement aux homosexuels, aux transsexuels et aux partenaires néo-positifs des porteurs du VIH.
La PrEP est recommandée depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé pour toutes les populations les plus exposées au virus. En outre, le ministère de la Santé a élargi les services de dépistage du sida au sein de la communauté en mettant l’accent sur 15 provinces et villes ayant un taux élevé de séropositifs. Notamment, un service d’autotests salivaires de dépistage du VIH est mis en service à titre expérimental. Une nouvelle mesure dans l’amélioration de l’accès aux services de dépistage de ce virus.
Un combat loin d’être terminé
Selon le Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida (ministère de la Santé), entre janvier et mai 2017, le Vietnam a détecté 3.546 nouveaux cas de séropositivité, recensé 1.959 sidéens et 641 décès liés à cette maladie, soit une baisse respectivement de 11%, 21% et 34% sur un an. Parmi les séropositifs nouvellement découverts, le taux de transmission par voie sexuelle est le plus élevé avec 48%. Viennent ensuite la voie sanguine (33%) et mère-enfant (3%).
Pourtant, dans 20 villes et provinces, le nombre de porteurs du virus est en recrudescence dont Hanoï, Yên Bai, Phu Tho (Nord), Hô Chi Minh-Ville, Tiên Giang, Kiên Giang ou Tây Ninh (Sud). En outre, tandis que le taux de contamination chez les toxicomanes ou prostituées a tendance à diminuer, celui chez les homosexuels augmente continuellement depuis 2013, avec 7,36% en 2016.
Face à ce constat, le secteur médical met l’accent sur les mesures concrètes afin de réduire le taux d’infection et de limiter les conséquences de l’épidémie sur le développement social. Il s’agit de sensibiliser la population, de fournir des seringues aux toxicomanes, en particulier à ceux des zones montagneuses et reculées, ainsi que d’étudier et mettre en œuvre des activités de prévention du VIH, notamment en augmentant le nombre de centres sanitaires pouvant dépister le virus.
Concrètement, plus de 15 millions de préservatifs ont été distribués aux personnes à haut risque, le traitement à la méthadone a été déployé dans la totalité des 63 provinces et villes - avec 294 établissements et 52.231 séropositifs. Au dernier décompte arrêté en avril dernier, 118.000 séropositifs avaient accès à des médicaments antirétroviraux, soit 56% du nombre de porteurs dépistés.
Quelles solutions face au manque de moyens ?
Selon le directeur adjoint du Département de prévention et de lutte contre le VIH/sida, Hoàng Dinh Canh, les activités en la matière sont actuellement confrontées à beaucoup de difficultés en raison du manque de crédits et de la diminution des aides étrangères.
«Les activités de sensibilisation sur la lutte contre le VIH seront renforcées, notamment à partir des derniers mois de l’année avec des campagnes de prévention de la contamination, les tests de dépistage précoce du VIH, le traitement par méthadone ou encore la prise en charge des porteurs par l’assurance-santé», affirme Hoàng Dinh Canh. Le secteur de la santé envisage notamment de mobiliser les localités, organisations, individus et les entreprises dans et hors du pays, dans cette guerre sournoise.
Il apparaît également essentiel de consolider, perfectionner le réseau de prévention et de lutte contre ce fléau, d’élargir les activités préventives comme l’octroi gratuit de seringues jetables, de préservatifs aux groupes de personnes à haut risque. Il faut enfin renforcer les investissements ciblés dans les régions les plus touchées. – CVN/VNA