La pagode des chauves-souris hinh anh 1


Hanoï (VNA) - La pagode Doi, littéralement « pagode des chauves-souris », située dans la province méridionale de Soc Trang, est sans doute l’un des plus beaux temples bouddhiques khmers du delta du Mékong. Ce magnifique îlot de calme et de sérénité abrite des milliers de chauves-souris sous ses ombrages séculaires.

De son vrai nom Seraytecho Mahatup en langue khmère, cette pagode vieille de 440 ans est dix fois plus connue sous le nom «pagode des chauves-souris», un nom qu’elle doit aux milliers de ces mammifères volants qui y ont élu domicile. Ces petits habitants inoffensifs occupent les arbres fruitiers juste derrière le sanctuaire principal, nous dit Hồng Thị Thu Châu, qui habite à côté de la pagode :

« Personne ne sait exactement pourquoi il y a autant de chauves-souris. On suppose qu’ils sont attirés par les fruits aux alentours dont ils se nourrissent et par le calme de la pagode où ils se reposent tranquillement dans l’ombre. »

Cette supposition paraît logique, à part que les chauves-souris ne mangent pas les fruits de la pagode. Le matin, ils s’accrochent sur les branches; vers 18 h, ils partent se nourrir dans d’autres jardins et ne reviennent que vers 5 h le lendemain matin. Autre particularité, à en croire les habitants, ces petits animaux ne volent jamais au-dessus de la travée principale de la pagode mais prennent soin de la contourner systématiquement. Pour les bonzes et les habitants, c’est un signe de bon augure qui ne fait que renforcer leur envie de protéger les chauves-souris.

Le nombre de ses petits locataires volants peut atteindre des dizaines de milliers. Les plus gros peuvent peser jusqu’à 1,5 kilo et avoir une envergure d’ailes de 1,5 mètre. Le calme du lieu ne s’interrompt qu’au crépuscule, moment où les chauves-souris sortent pour chasser. Sinon, une immense sérénité règne partout dans cet espace vert, assure le vénérable Lâm Tú Linh, le gérant adjoint de cette pagode.

« Construite en 1569, notre pagode a été rénovée plusieurs fois. La plus grande restauration a eu lieu en 1960 et concernait le sanctuaire principal. En 1999, la pagode a été reconnue site historique et culturel national. Gravement endommagé par un incendie en 2008, le sanctuaire principal a repris son allure initiale dès l’année suivante. »

Ce monument bouddhique considéré comme l’emblème de l’architecture khmère méridionale, se distingue par une toiture dorée à deux niveaux et des bas-reliefs en forme de lotus. Naga, le serpent sacré du bouddhisme thérévada, trône aux quatre extrémités de la toiture, soutenue par une rangée de colonnes ornées de la déesse Kemnar à chaque arbalétrier.

À l’entrée du sanctuaire, on croise deux gigantesques statues, l’une en pierre de Shakyamuni assise sur son siège de lotus et l’autre du Bouddha à califourchon sur le serpent sacré Muchalinda. La trentaine de fresques sur les mûrs retracent la vie de Shakyamuni, depuis sa naissance jusqu’à son passage au nirvana. Non loin du sanctuaire se trouvent des tours où sont installées des reliques de bonzes qui ont consacré leur vie à la pagode.

La pagode Doi détient des livres canoniques du Bouddha conservés dans des feuilles de palmier à sucre, un patrimoine religieux inestimable du delta du Mékong. -VOV/VNA