Hanoi (VNA) – Grâce à sa riche biodiversité, le Vietnam dispose d’un grand potentiel en matière de développement de plantes médicinales recherchées pour la production de médicaments. Toutefois, ce secteur fait face à plusieurs défis.
Un jardin de plantes médicinales d’un foyer producteur à Tam Dao, province de Vinh Phuc (Nord). Photo: VNA
Selon des données de l’Institut des plantes médicinales, le Vietnam compte plus de 5.000 espèces de végétaux et champignons, 408 espèces d’animaux et 75 types de minéraux utilisés en médecine traditionnelle. Certaines d’entre elles sont précieuses et rares telles que "sâm" Ngoc Linh (ginseng de Ngoc Linh), "tam thât hoang" (Panax bipinnatifidum), "bach hop" (Lilium brownii var. colchesteri) et "thông do" (Taxus wallichiana).
Les revenus tirés de la culture des plantes médicinales est bien plus élevé que celui des plantes vivrières, de 5 à 10 fois plus que la riziculture par exemple. Ainsi, la culture de "duong quy" (Angélique chinoise) rapporte de 90 à 100 millions de dôngs/ha/an et celle de l’artichaut de 60 à 80 millions/ha/an (contre 20 à 40 millions pour le riz).
De bons débouchés à exploiter
Les Vietnamiens ont, avec le temps, accumulé une riche expérience en matière d’utilisation des plantes médicinales, contribuant à la constitution d’un trésor de connaissances.
Le secteur de la santé a ainsi établi une liste de plantes médicinales issues de diverses communautés ethniques et de près de 1.300 recettes pharmaceutiques venant de tout le pays. "Ce savoir constitue une base importante pour soutenir la sélection, la recherche et le développement de produits destinés à la prévention et au traitement des maladies", a souligné la ministre de la Santé, Nguyên Thi Kim Tiên.
Après 30 ans de mise en œuvre, le programme visant à la conservation, à l’exploitation et au développement des plantes médicinales a produit des résultats encourageants. Pour l’heure, le secteur de la santé entretient un réseau de conservation de ces ressources dans sept régions écologiques que sont le delta du fleuve Rouge (Hanoi), la moyenne région du Nord (Tam Dao), la région montagneuse du Nord (Lào Cai), la partie nord du Centre (Thanh Hoa), les Hauts Plateaux du Centre (Dà Lat), le littoral méridional du Centre (Phu Yên) et la région du Nam Bô oriental (Hô Chi Minh-Ville).
En outre, ce secteur préserve 1.531 ressources génétiques appartenant à 884 espèces rares. En particulier, onze plantes médicinales ont été cultivées selon la norme internationale "Bonnes pratiques en matière de plantation et de récolte de plantes médicinales" établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon cette dernière, 80% de la population des pays en développement se soigne avec des remèdes issus de plantes. Dans les pays développés, un quart des médicaments prescrits contiennent des principes actifs naturels. La recherche scientifique concernant ces éléments participe au développement de la médecine moderne.
De nombreux défis à relever
Le Vietnam jouit d’un grand potentiel s’agissant du développement de plantes médicinales précieuses. Photo: VNA
D’après le Département de gestion des produits pharmaceutiques (ministère de la Santé), le Vietnam produit chaque année environ 50.000 à 60.000 tonnes de plantes médicinales diverses à des fins de transformation via des procédés traditionnels, de fourniture de matières premières pour l’industrie pharmaceutique ou d’exportation. Il s’agit donc d’une filière économique très importante. Le pays compte plus de 60 hôpitaux publics de médecine traditionnelle. Plus de 90% des hôpitaux généraux provinciaux ont des départements de médecine traditionnelle et près de 7.000 établissements privés ont recours aux plantes médicinales.
Malgré ce potentiel, le Vietnam ne fournit que 25% des matières premières nécessaires à la production nationale de médicaments, le reste (75%) dépendant des importations. Il est par ailleurs patent que ce type de ressources est sous-exploité. Certains procédés se perdent même peu à peu.
Lors d’une séance de travail avec les dirigeants de l’Association des plantes médicinales du Vietnam, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a souligné: "Il est nécessaire de mettre l’accent sur la liaison entre production et transformation, la recherche de débouchés et l’écoulement de remèdes à base de plantes médicinales sur les marchés domestique et étranger. L’organisation de centres de traitement de plantes médicinales à grande échelle s’avère en ce sens judicieuse".
"Il faut relier les médecines traditionnelles et modernes et mieux exploiter leurs complémentarités. Le développement de la branche traditionnelle compte parmi les stratégies primordiales du secteur de la santé publique", a-t-il insisté.
Le Premier ministre a également chargé le ministère de la Santé d’élaborer des projets concernant l’organisation et la mise en place d’institutions, de politiques et d’orientations pour le développement des plantes médicinales. Il doit également écouter les avis de l’Association des plantes médicinales du Vietnam afin d’avoir une vision précise quant à l’état général du secteur.
Phùng Minh Dung, directeur général de la Compagnie par actions Mediplantex, une des sociétés leader dans la production médicinale au Vietnam, a déclaré: "Le gouvernement doit prendre des mesures en vue de soutenir les entreprises spécialisées dans la production et le commerce afin de promouvoir la consommation nationale, notamment l’exemption de TVA ou d’impôt sur le revenu pour les entreprises spécialisées dans la production de médicaments naturels". – CVN/VNA