Hanoï (VNA) - À l’approche de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3), qui se tiendra à Nice du 9 au 13 juin, l’ambassadeur de France au Vietnam, Olivier Brochet, a exprimé, lors d’un entretien avec la presse vietnamienne, la profonde satisfaction de la France quant à la participation du Premier ministre Pham Minh Chinh à cet événement mondial.
Le diplomate français a salué la décision du Premier ministre vietnamien, accompagné de son épouse et d’une délégation de haut niveau, de prendre part à ce sommet international co-présidé par la France et le Costa Rica. "C’est une nouvelle démonstration de l’importance que le gouvernement vietnamien accorde aux défis globaux liés au changement climatique, à la pollution marine et à la préservation de la biodiversité", a déclaré M. Brochet.
Le Vietnam, grand pays maritime avec une façade littorale de plus de 3.200 km, fait face à d’importants enjeux environnementaux : érosion côtière, montée du niveau de la mer, épuisement des ressources halieutiques, etc. "La présence du Vietnam à Nice a donc tout son sens, et elle est très importante pour nous", a insisté l’ambassadeur.

La France a également proposé que le Vietnam co-organise un événement parallèle durant la conférence, consacré aux problématiques des grands deltas, avec une attention particulière portée au delta du Mékong, région cruciale et fragile.
Pour la survie des océans
Selon M. Brochet, l’UNOC 3 est aussi importante que les COP sur le climat et la biodiversité. Il a expliqué que climat, océans et biodiversité forment un "triangle vital". "Si les sommets de ce triangle s’affaiblissent, c’est l’ensemble de l’humanité qui est en péril", a-t-il souligné, rappelant le rôle fondamental des océans pour la vie sur Terre. "Les océans nous nourrissent, ils sont essentiels à la vie, ils relient les continents. Ils concentrent des enjeux cruciaux : sécurité, souveraineté, développement durable, protection de la planète".

La dégradation rapide des océans, aggravée par le changement climatique, alarme la communauté scientifique : hausse des températures et acidification des eaux, dérèglement des courants marins, chute de la biodiversité, pollution plastique massive… "Tous les maux de la planète se retrouvent dans les océans, et leur déclin nous rapproche d’une catastrophe planétaire", a averti M. Brochet.
Dans ce contexte, la France a choisi Nice pour accueillir cette conférence majeure. Ville méditerranéenne historique, Nice incarne à la fois des enjeux géographiques et symboliques liés à la mer, et dispose des "capacités" nécessaires pour accueillir des dizaines de milliers de participants attendus à un sommet d’une telle ampleur.
Partenariat franco-vietnamien
Au-delà de la conférence, la France et le Vietnam entretiennent une coopération active et multidimensionnelle sur les questions maritimes. L’ambassadeur a rappelé plusieurs initiatives bilatérales importantes.
D’une part, la coopération scientifique est soutenue par des institutions françaises telles que l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui collaborent étroitement avec leurs partenaires vietnamiens. Il a notamment évoqué la mission PLUME, conduite en 2024 pour étudier les sources de pollution marine en mer de l’Est et proposer des solutions adaptées au contexte vietnamien.

D’autre part, des programmes financés par l’Agence française de développement (AFD) aident plusieurs provinces vietnamiennes à lutter contre l’érosion côtière et les effets du changement climatique. Ces projets conjuguent expertise technique, accompagnement local et financement international.
Un enjeu clé de la coopération bilatérale concerne également la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Le Vietnam est encore soumis à un "carton jaune" de l’Union européenne, qui limite ses exportations de produits de la mer vers le marché européen.
Pour aider le pays à lever cette sanction, la France a annoncé, à l’occasion de la visite du Président Emmanuel Macron au Vietnam, un financement de 700.000 euros pour le déploiement d’un système de surveillance satellitaire des navires de pêche vietnamiens. "Nous allons conduire une expérimentation pilote, et si cela fonctionne, ce système pourra être étendu à l’ensemble de la flotte vietnamienne", a expliqué l’ambassadeur.
Ce dispositif permettra au Vietnam de mieux contrôler les activités de pêche, garantir la traçabilité des captures et, à terme, satisfaire aux exigences de l’Union européenne.
Un espoir de progrès multilatéral : le traité BBNJ
Enfin, M. Brochet a souligné l’importance du traité BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), récemment adopté pour protéger la haute mer et sa biodiversité. Ce traité comble le vide juridique concernant l’exploitation des ressources marines au-delà des zones économiques exclusives nationales. "Actuellement, on peut faire n’importe quoi en haute mer. C’est une catastrophe. Le traité BBNJ apportera des règles claires et contraignantes", a-t-il ajouté.
La France a déjà ratifié ce texte, et l’ambassadeur espère que le Vietnam annoncera son approbation lors de l’UNOC 3, contribuant ainsi à atteindre le seuil des 60 ratifications nécessaires à son entrée en vigueur.
La participation du Vietnam à l’UNOC 3 illustre, selon Olivier Brochet, l’ambition partagée par Hanoï et Paris de jouer un rôle actif dans la gouvernance mondiale des océans. "C’est une belle illustration de notre partenariat stratégique global, et de notre volonté de travailler ensemble, main dans la main, sur les grandes problématiques internationales", a-t-il conclu. -CVN/VNA