Trân Thanh Phuong et son épouse Phan Thu Huong, de Hô Chi Minh-Ville, possèdent une impressionnante collection d’articles de presse. Elle a été reconnue par l’Organisation des records du Vietnam (Vietkings). Rencontre.


Trân Thanh Phuong, journaliste, et Phan Thu Huong, enseignante, habitent à Hô Chi Minh-Ville, dans une maison équipée de quelques meubles simples. Chez eux, la majorité de l’espace est réservé aux articles de presse, compilés et reliés à la manière de livres. Ils les collectionnent depuis 40 ans.

M. Phuong est né en 1950 dans la province de Cà Mau (Sud). À l’âge de 15 ans, il assiste les troupes du Sud pour leur déplacement au Nord. Après avoir achevé ses études universitaires, il est engagé comme correspondant au journal Nhân Dân (Peuple), spécialisé dans l’annonce des activités révolutionnaires des habitants du Sud contre les Américains. Il constate que les articles de presse ont valeur d’archives historiques. Il commence alors à les répertorier afin de documenter et d’améliorer la qualité de ses textes.


Mme Huong, 60 ans, est originaire de la province de Nghê An (Centre). Elle a fait ses études dans la même université que son mari, mais les a débutées un an plus tard. Mme Huong s’est intéressée à la collecte d’articles dans le cadre de son métier d’enseignante.


Les deux étudiants se sont rencontrés au travers de cet intérêt commun pour la presse, puis se sont mariés. Après le travail, le couple lisait ensemble les journaux, sélectionnait les articles qui les intéressaient et les conservait minutieusement.

Depuis quarante ans, M. Phuong et son épouse ont déjà sélectionné des milliers de textes. Ils les ont classés et regroupés en livres, par thème : le pays (11.500 articles), l’Oncle Hô (cinq recueils), Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly) (2.500 articles), les écrivains du pays (plus de 3.000 articles), les musiciens et artistes (plus de 3.500 articles), les arts plastiques et les caricatures (3.700 articles), scène et artiste de cai luong (théâtre classique rénové) ou théâtre contemporain (790 articles).


L’Organisation des records du Vietnam (Vietkings) a reconnu le livre du couple comme étant le plus grand contenant des articles de journaux sur le Vietnam en mai 2006. D’un format de 80 cm x 120 cm, il se nomme Dât nuoc tôi (mon pays). Le couple l’a réalisé en l’espace de deux ans. Cet ouvrage compte 970 pages et pèse 87 kilos. Quatre thèmes y sont abordés : paysages et vestiges historiques du pays ; fêtes, gastronomie et tenues des Vietnamiens.


En octobre 2011, l’organisation a aussi reconnu le couple comme celui qui a collectionné le plus grand nombre de portraits et d’autographes d’écrivains vietnamiens. Un intérêt que le jeune Phuong, avec son caractère curieux, a développé à l’université.


Il tente alors de comprendre la particularité du travail des écrivains, qui donnent naissance à des millions de mots et à des milliers de pages. «La plume d’un écrivain révèle son âme», confie-t-il. Désormais, lorsqu’ils rencontrent des écrivains et des poètes, M. Phuong et Mme Huong leur demandent des autographes et prennent une photo en leur compagnie. Ils en ont possèdent près de 700 au total.


En février 2005, Trân Thanh Phuong est aussi devenu le collectionneur qui a amassé le plus grand nombre d’articles de journaux sur le Vietnam.


Grâce à sa collection, Thanh Phuong a acquis l’expérience nécessaire pour rédiger plus de 1.000 articles et 30 livres. En juin 2013, il a publié Con là tinh anh (Rester vif et intelligent), qui traite des derniers moments de vie d’une cinquantaine d’écrivains et de poètes.


Pour présenter au public leurs précieux articles, M. Phuong et son épouse proposent des expositions. La dernière s’est déroulée en juin 2013, à la Bibliothèque des sciences synthétiques de Hô Chi Minh-Ville. Elle a attiré beaucoup de jeunes. Le couple a décidé d’offrir sa collection à cette institution après sa mort.


Malgré leur âge, M. Phuong et Mme Huong continuent à collectionner des articles. «Dans la vie, j’aime deux catégories d’hommes : ceux qui ont du talent et ceux qui ont des archives», conclut M. Phuong, en citant le poète Chê Lan Viên. -VNA