Lào Cai (VNA) - Originaire de l'ethnie Mông, Hoàng Seo Chân est le fondateur de Ban Mê, une célèbre coopérative pépiniériste située dans la province de Lào Cai. Contrairement à de nombreuses personnes de son âge qui préfèrent s'installer dans les grandes villes, Chân a choisi de faire fortune dans sa province natale.
Dans sa pépinière de cannelier, Hoàng Seo Chân s'affaire à passer des appels téléphoniques, à prendre des commandes et à superviser l'emballage des plantes. Sous sa direction, les plantes sont soigneusement protégées avec plusieurs couches d'emballage et placées délicatement dans des cartons avant d'être expédiées.
Exigeant, minutieux et discipliné, Chân a acquis ces qualités lors de ses trois années de travail en tant que soudeur dans des usines de construction automobile et aéronautique au Japon. De retour au Vietnam, il a partagé ses connaissances en enseignant la mécanique dans une école professionnelle à Hanoï pendant plusieurs années.
«Au début, j’aimais bien travailler à Hanoï. Cependant, étant conscient que ma province natale était sous-développée et que ses habitants vivaient dans la pauvreté, j'ai pris la décision de revenir travailler à Lào Cai. Fort de mes connaissances et de mes expériences acquises au Japon et dans les grandes villes, mon objectif était d'aider les habitants à trouver un moyen de subsistance et à améliorer leurs conditions de vie», nous dit-il.
Chân est né dans le hameau Na Pá, rattaché à Ban Mê, une commune peuplée d’ethnies Nung, Mông et Thu Lao. À l'époque, les autochtones dépendaient essentiellement de cultures maraîchères. Leur vie était très difficile. Dans le but de les aider, Chân a entrepris de nombreuses recherches et a expérimenté différents modèles d'exploitation agricole. C'est lors d'un voyage dans la province de Quang Nam, dans le centre du pays, que Chân a découvert un modèle nettement plus prometteur.
«Lors d'une visite dans le district de Tam Ky, j'ai observé des habitants cultiver des acacias et des arbres de la Bodhi dans une région montagneuse recouverte de forêts. La population locale y prospérait. Étant donné que ma province est également vallonnée, j'ai simplement pensé à appliquer leur modèle», se souvient-il.
En 2017, Chân décide de dépenser toutes ses économies pour investir dans ce modèle.
«De retour dans mon village, j'ai commencé par cultiver des légumes hors saison dans un champ où le riz avait été récolté. Ça a très bien marché. En voyant qu’on pouvait avoir des revenus supplémentaires au lieu de laisser le champ non cultivé, mes voisins ont commencé à adopter mon modèle», explique-t-il.
Depuis lors, Chân a entrepris plusieurs initiatives visant à reboiser sa région. Il a effectué des recherches approfondies sur les conditions météorologiques locales afin de sélectionner les espèces végétales les plus adaptées. Il s'est même rendu à Hanoï pour acheter des semences à l'Académie de l'Agriculture.
«Au début, j'ai rencontré de nombreux échecs. Cependant, j'ai persévéré dans mes expérimentations jusqu'à ce que je trouve les variétés les plus adaptées aux conditions locales. J'ai rapidement réalisé que l'expérience pratique était plus efficace que la théorie», affirme-t-il
Aujourd'hui, à l'âge de 38 ans, Chân est à la tête de sa propre coopérative, Ban Mê, qui compte deux pépinières. Chaque année, la coopérative fournit environ 200.000 plantes, telles que le cannelier, la vernicia montana, le dalbergia tonkinensis et le prunus arborea, sur le marché local. Ses trente membres ont un revenu stable pouvant atteindre 430 dollars par mois. Lèng Thi Khoi en fait partie.
«La coopérative nous fournit des semences, et c'est à nous de les faire germer. Mes revenus dépendent du nombre de plantes que je parviens à faire pousser. Notre coopérative est le principal fournisseur de plantes de la région», indique-t-elle.
Pour encourager les habitants à se tourner vers la culture de la cannelle, Chân a pris l'initiative de leur enseigner les techniques nécessaires et de leur fournir des semences. De plus, il a collaboré avec les autorités du district de Si Ma Cai pour mettre en place des formations professionnelles et des consultations destinées aux minorités ethniques.
«Je souhaite couvrir cette région d’arbres qui contribueront à purifier les ressources en eau et à abaisser la température locale. En plus de leurs bienfaits environnementaux, nous pouvons également en tirer de nombreux avantages économiques grâce à la forêt», partage-t-il.
En 2020, Chân a remporté le prix Luong Dinh Cua, une distinction honorifique attribuée aux jeunes agriculteurs exemplaires du Vietnam. -VOV/VNA