Hanoi remet les arts traditionnels du spectacle sur le devant de la scène

Pendant un certain temps, de nombreuses formes d’art populaire ont été menacées de disparition. Cependant, aujourd’hui, grâce aux investissements et au soutien des autorités à tous les niveaux et du secteur de la culture, les arts traditionnels ont connu un nouveau souffle.

La pièce de théâtre « Quintessence du Tonkin» reproduit et met en valeur la beauté de la vie rurale. Photo : Société par actions Tuan Chau Hanoi
La pièce de théâtre « Quintessence du Tonkin» reproduit et met en valeur la beauté de la vie rurale. Photo : Société par actions Tuan Chau Hanoi

Hanoi (VNA) – Hanoi possède un riche patrimoine d’arts de la scène traditionnels, allant des marionnettes sur l’eau et des marionnettes sur scène aux chants de marins, aux chants accompagnés de tambours, aux danses avec tambours suspendus et aux danses Ai Lao.

Pendant un certain temps, de nombreuses formes d’art populaire ont été menacées de disparition. Cependant, aujourd’hui, grâce aux investissements et au soutien des autorités à tous les niveaux et du secteur de la culture, les arts traditionnels ont connu un nouveau souffle. De nombreuses localités ont exploité ces formes d’art traditionnelles pour développer l’industrie culturelle.

De l’histoire d’un village de marionnettes sur eau…

Si auparavant, les artisans du village de marionnettes sur eau de Dào Thuc (commune de Thuy Lâm, district de Dong Anh, Hanoï) ne se produisaient que quelques fois par an lors de festivals ou d’échanges culturels, aujourd’hui, c’est devenu leur travail quotidien.

Les artisans doivent constamment planifier leurs représentations. En cas d’absence, ils doivent trouver des remplaçants. Il y a parfois des représentations improvisées. Car aujourd’hui, Dào Thuc est en train de se professionnaliser dans l’accueil des touristes.

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Le théâtre de marionnettes sur l’eau de Dao Thuc attire toujours un grand nombre de touristes. Photo: NDEL

En plus des représentations pour les touristes, le village de marionnettes sur l’eau de Dào Thuc sert également des déjeuners, propose des visites guidées des sites historiques et des paysages ruraux. Les visiteurs peuvent également essayer de manipuler les marionnettes et en acheter comme souvenirs…

Le théâtre de marionnettes sur l’eau de Dào Thuc a été créé il y a environ 300 ans. Ce village a également traversé des périodes de hauts et de bas, en particulier pendant la guerre, les représentations ont été interrompues, les marionnettes ont progressivement disparu et de nombreux artisans sont morts. Depuis le début des années 2000, cet art a commencé à renaître, surtout depuis que le village a construit un théâtre aquatique permanent pour les représentations.

Il y a environ 15 ans, une jeune génération a envisagé de renouveler les activités du théâtre de marionnettes. Si les représentations n’avaient lieu que quelques fois par an, les artisans ne seraient pas attachés et les jeunes ne voudraient pas suivre ce métier. Ces jeunes ont créé un site internet et promu le théâtre de marionnettes en ligne. Ils ont également suggéré aux aînés d’accepter des changements, en particulier la « restructuration » des représentations pour servir le tourisme, puis sont allés vers les agences de voyages pour « vendre » leur produit. De nombreuses agences ont été surprises de découvrir qu’un village de marionnettes rural pouvait « générer du tourisme ».

 Changement de mentalité et d’action

Les premiers groupes de touristes sont venus, à la grande surprise des villageois et des artisans du théâtre de marionnettes. Mais peu à peu, ceux-ci se sont habitués à accueillir les visiteurs. Les « circuits » sont devenus de plus en plus organisés et professionnels. Au lieu de présenter le spectacle uniquement en vietnamien, le village a enregistré des commentaires en anglais pour que les touristes étrangers puissent mieux comprendre.

Les jeunes de cette époque ont aujourd’hui une quarantaine ou une cinquantaine d’années. Nguyên Thê Nghi en fait partie. Ayant été directeur du théâtre, il est maintenant de retour à son travail habituel : la gestion commerciale. Il a partagé : « Changer de mentalité et d’action est un long processus. En voyant le succès du théâtre de marionnettes, les autorités à tous les niveaux ont renforcé leur soutien. Le théâtre de marionnettes sur l’eau de Dào Thuc est devenu un exemple pour le district de Dông Anh, grâce à quoi nous avons bénéficié d’investissements dans les infrastructures et de la restauration de sites historiques pour mieux préserver et promouvoir l’art traditionnel. Depuis que Hanoi a adopté une résolution sur le développement de l’industrie culturelle, nous avons été encore plus soutenus pour développer notre art. Actuellement, de nombreux jeunes du village suivent des cours de représentation. »

… jusqu’à la renaissance de nombreux arts de la scène traditionnels

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La danse Bông de Trieu Khuc. Photo : NDEL

Selon les résultats de l’inventaire général du Département de la culture et des sports de Hanoi, la ville compte 1.793 biens culturels immatériels. Parmi ceux-ci, les arts de la scène représentent un nombre très important. Avec l’élargissement des limites administratives en 2008, Hanoi compte des centaines de formes d’art traditionnel, notamment : le le hat xâm (chant des aveugles), le ca trù (une forme complexe de poésie chantée que l’on trouve dans le Nord du Vietnam), les marionnettes sur eau, les marionnettes sur scène, le trông quân (chant alterné au tambourin), les danses avec tambours, et les danses Ai Lao.

Avec leurs valeurs originales et une histoire de plusieurs centaines, voire de milliers d’années, les arts de la scène traditionnels sont un patrimoine culturel immatériel inestimable, portant « l’âme » de la culture de Thang Long-Hanoi.

Parmi eux, de nombreuses formes sont uniques à Hanoi comme la danse avec tambours suspendus de Triêu Khuc (district de Thanh Tri), la danse et le chant Ai Lao (quartier de Phuc Loi, district de Long Biên), et le chant dô de Liêp Tuyêt (district de Quôc Oai).

Cependant, comme la plupart des autres patrimoines culturels, les arts de la scène traditionnels partagent un point commun : ils ont connu des difficultés et ont été affectés négativement par la guerre. Après la réunification du pays, ils ont été menacés de disparition en raison des difficultés économiques du pays. Ce n’est qu’avec l’ouverture du pays et le développement économique que les arts de la scène traditionnels ont commencé à renaître.

Cette renaissance est liée aux politiques et aux orientations de la ville. Le programme n°6 du Comité du Parti de la ville sur le développement socioculturel, l’amélioration de la qualité des ressources humaines et la construction d’un Hanoï élégant et civilisé (anciennement programme 04) mis en œuvre au cours de plusieurs mandats est le plus important. La préservation et la promotion des valeurs du patrimoine culturel sont au cœur du programme 06. La ville a confié la responsabilité au secteur de la culture et aux localités d’élaborer des programmes et des plans spécifiques pour sa mise en œuvre. C’est la base qui a permis à de nombreuses formes d’art de la scène traditionnelles de renaître et de se développer.

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Un spectacle de chant ca trù (chants des courtisanes), inscrit en 2009 sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Photo: VNA

La danse et le chant Ai Lao est un rituel traditionnel qui n’a lieu que lors du festival de Giong (village de Phu Dông, district de Gia Lâm). Il est exécuté par les habitants du quartier de Ai Lao (village de Hôi Xa, district de Gia Lâm, aujourd’hui quartier de Phuc Loi, district de Long Biên).

Selon la légende, cette danse et ce chant ont permis à la mère de Thanh Giong d’oublier sa tristesse après le départ de son fils. Pendant la durée du festival de Giong, le quartier de Ai Lao interprète de nombreuses chansons : des chants pour offrir des sacrifices au temple, des chants pour le temple Thuong, des chants pour le temple Thanh Mâu, des chants historiques, des chants pour les processions, des chants pour la pêche, des chants sur le bambou, des chants de chasse et des chants sur le temple après la victoire.

La danse et le chant Ai Lao ont également failli disparaître lorsque le festival de Giong n’a pas été organisé pendant de nombreuses années, seuls quelques artisans s’accrochaient aux anciennes mélodies.

Lorsque le festival de Giong a été réorganisé, les artisans de Hôi Xa se sont réunis, mais de nombreuses mélodies avaient été perdues au fil du temps, car elles étaient auparavant principalement transmises oralement.

Face à cette réalité, le Département de la culture et des sports de Hanoi et l’Association vietnamienne des arts folkloriques ont collaboré avec les artisans pour collecter les chants et les danses. Une fois la collecte terminée, les chants et les danses ont été transmis à la population locale. Un autre changement important a été mis en œuvre : auparavant, la danse et le chant Ai Lao n’étaient interprétés que lors du festival de Giong, mais maintenant, ils sont interprétés lors du festival du village de Hôi Xa. Cette activité permet aux habitants de s’impliquer davantage et de mieux comprendre le patrimoine de leur région.

Des histoires similaires se sont produites avec de nombreuses autres formes de patrimoine culturel immatériel. La passion des artisans, combinée aux politiques de soutien de la ville, a permis la renaissance des arts traditionnels du spectacle. Il s’agit notamment de Chèo tàu (le chant des rameuses) à Dan Phuong, des chants dô à Quôc Oai, des sons de « chát, tom » dans les communautés de ca trù de Hoài Duc et Dông Anh.

Le trông quân (chant alterné au tambourin) a également failli être oublié, mais il connaît aujourd’hui un renouveau dans les districts de Phuc Tho et de Thuong Tin. Lê Van Ba, vice-président du Comité populaire de la commune de Khanh Hà (district de Thuong Tin) et chef du club de chant accompagné de tambours de la commune de Khánh Hà, a partagé que grâce à l’intervention rapide et à l’intérêt des autorités de la ville, le chant accompagné de tambours de la commune de Khanh Hà a été ravivé avec plus de 300 anciens chants dans différentes mélodies qui ont été préservés, transmis et le nombre de personnes pratiquant le chant accompagné de tambours augmente constamment. La commune de Khanh Hà a quatre artistes qui ont reçu le titre d’Artiste émérite.

La ville a également organisé de nombreux événements culturels et artistiques et de grands festivals pour présenter les arts de la scène traditionnels au public. À titre d’exemple, on peut citer le Festival de la créativité, le Festival du tourisme de Hanoï, et le Festival d’automne de Hanoi.

Vers une conservation et un développement durable

Ces dernières années, de plus en plus de spectacles d’arts de la scène traditionnels sont proposés au public dans la ville. Dans l’espace piétonnier autour du lac Hoàn Kiêm et de l’ancien quartier de Hanoi, est organisé le programme « L’histoire musicale dans les vieilles rues», ou encore des scènes en plein air présentant du xẩm, et des arts populaires.

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Spectacle « Quintessence du Tonkin ». Photo: HNM

Le spectacle « Quintessence du Tonkin», dans le Complexe touristique de Tuân Châu à Quôc Oai, qui combine la présentation de la vie quotidienne et les formes d’art, est une véritable activité qui élève les arts de la scène traditionnels dans la ville. En outre, il y a des spectacles d’artistes de groupes comme Xẩm Hà Thành, les clubs de Ca trù Thang Long, Thai Hà et Lô Khê.

Cela a permis la renaissance des arts scéniques traditionnels de Hanoï et de l’efficacité initiale de la mise en œuvre de la Résolution n°09-NQ/TU sur le développement de la culture de la capitale pour la période 2021-2025, avec une orientation jusqu’en 2030 et une vision jusqu’en 2045.

La Dr Nguyên Thu Thuy, professeure de la Faculté des sciences interdisciplinaires de l’Université nationale de Hanoi, affirme que pour rapprocher les arts de la scène traditionnels des touristes, les organisateurs doivent renforcer leurs liens avec le tourisme. Par exemple, le tour en bus à arrêts multiples de Hanoï pourrait inclure une visite de l’ancien village de Duong Lâm et du spectacle immersif «Quintessence du Tonkin», le tout en une journée.

Hanoi propose 15 circuits touristiques nocturnes. Si les parties prenantes collaboraient davantage, les touristes auraient plus d’opportunités de découvrir les arts de la scène traditionnels et les produits artistiques pourraient être intégrés aux circuits touristiques.

Cependant, il est essentiel de reconnaître que la préservation reste fondamentale avant de pouvoir exploiter et valoriser le patrimoine. Pour soutenir pleinement les artisans, en 2022, le Conseil populaire de la ville de Hanoï a adopté la Résolution n°23/2022/NQ-HĐND définissant le régime de rémunération et d’aide aux artisans obtenant des titres d’artistes du peuple et d’artistes émérites, et aux clubs représentatifs dans le domaine du patrimoine culturel immatériel. Cette résolution a été rapidement mise en œuvre par les secteurs et les localités, encourageant ainsi les artisans à préserver le patrimoine.

Bui Thi Huong Thuy, cheffe adjoint du Service de la gestion du patrimoine (Département de la culture et des sports de Hanoi), a déclaré : « Les clubs représentatifs reçoivent une aide initiale de 50 millions de dongs lors de leur création pour l’achat d’équipements, d’accessoires et une subvention annuelle de fonctionnement de 20 millions de dongs.

La ville a également mis en place un régime pour les artisans et les successeurs qui s’engagent dans la pratique, la présentation, l’enseignement, la protection et la promotion des valeurs du patrimoine. Au lieu d’enseigner par amour comme auparavant, les cours des artisans sont désormais subventionnés. Ce sont là des facteurs favorables pour que les artisans et les clubs de patrimoine culturel immatériel puissent mieux jouer leur rôle dans la préservation et la promotion du patrimoine ». – NDEL/VNA

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