Issue de l’ethnie Tày, Hà Thi Linh écrit une nouvelle page de la boxevietnamienne après sa victoire à Shenzhen, en Chine, le 17 août, face àla Chinoise Zhao Yuanyuan. Jamais une Vietnamienne n’avait été sacréelors d’un tournoi organisé par la World Boxing Organization (WBO).Celle-ci est l’une des quatre principales fédérations internationales deboxe anglaise professionnelle (avec la WBA, le WBC et l’IBF). Pourcette jeune mère de famille, c’est le fruit d’une détermination et d’unepassion immodérées pour ce sport de combat.
L’étoile montante de la boxe nationale
Hà Thi Linh est déjà un phénomène de la boxe dans son pays. Elle a gagnédes titres dans tous les tournois nationaux, chez les junior et senior,de la catégorie des moins de 57 kg à celle des moins de 69 kg.
"Talentueuse, agile et ultra rapide, Hà Thi Linh est une sportive exceptionnelle", estime Nguyên Nhu Cuong, son entraîneur depuis une dizaine d’années. Grâce à lui, Linh a un sacré palmarès à l’international.
"Linh a toutes les cartes en main pour réussir. Elle a une bonnevitesse, de l’endurance et un mental fort. Elle est déterminée et aimeprofondément la boxe. C’est vraiment difficile d’avoir une telleboxeuse", explique-t-il.
Toujours selon lui, la victoire de Linh est un bel espoir pour l’avenirde la boxe professionnelle vietnamienne, notamment chez les femmes.
Née dans une famille pauvre de la province montagneuse de Lào Cai(Nord), Hà Thi Linh a vécu une enfance difficile. À 13 ans, elle estrepérée par les entraîneurs de l’équipe de la boxe de Hanoï, quiconvainquent sa famille de la laisser partir pour se consacrer au sport.Ses aptitudes innées lui permettent de progresser à vitesse grand V.Après deux ans, elle est appelée dans l’équipe nationale junior, ettrois ans plus tard, elle rejoint l’équipe nationale.
Hà Thi Linh est un exemple à suivre. Seulement sept mois après sonaccouchement, elle revient au plus haut niveau, en décrochant l’or auxJeux nationaux disputés en décembre 2018.
"Il est compliqué de se lancer dans cette carrière lorsque l’on est une femme",confie Hà Thi Linh. En effet, l’opinion publique vietnamienne est peuouverte à l’idée qu’une femme pratique ce sport, considéré comme réservéaux hommes.
"Parfois, je suis trop fatiguée moralement mais je me dis que laboxe est mon destin. Je n’abandonnerai pas mes rêves. J’ai passé desannées loin de ma famille pour ce sport. Je ne peux pas jeter l’éponge.Ma famille est ma plus grande force", partage-t-elle.
Linh sera l’une des représentants du Vietnam aux Championnats du monde en Russie en octobre et aux 31es Jeux d’Asie du Sud-Est prévus fin 2019 aux Philippines.
Des rêves de JO
Hormis ces compétitions importantes, elle ne compte pas s’arrêter là. Comme l’a souligné son entraîneur Nguyên Nhu Cuong : "Ilexiste des différences fondamentales entre la boxe amateur etprofessionnelle, notamment sur la durée du combat. Une rencontre entreboxeurs professionnels peut durer jusqu’à 12 rounds alors que pour lesamateurs, cela ne dure que trois. En participant à des tournois pro, HàThi Linh améliorera ses compétences et franchira de nouvelles étapesdans sa carrière".
Maman à 26 ans, sa passion pour la boxe est intacte. Une chose rare ausein de ce sport. À cet âge, de nombreuses boxeuses raccrochent lesgants pour s’occuper de leur famille ou changer de travail. Cependant,Hà Thi Linh continue son ascension. Hormis les combats professionnels,elle a désormais des responsabilités envers son pays et l’équipenationale.
"Je souhaite un jour me qualifier pour les Jeux olympiques", s’enthousiasme Hà Thi Linh, pleine d’étoiles dans les yeux.
Pour réaliser ce rêve, il lui faudra redoubler d’efforts et depersévérance. Aujourd’hui, elle continue de gravir les marches commeelle l’a fait lors de sa première participation à une compétitionprofessionnelle. -CVN/VNA