
L'agriculture demeure l'un des secteurs clés auxquels les pays dans le monde,notamment ceux en voie de développement, consacrent une grande préoccupation.Dans les pays développés où le taux de cette filière représente progressivementsa part minoritaire dans la répartition du PIB, la productivité agricole apourtant connu une forte augmentation grâce à l'application en masse denouvelles technologies.
En effet, la 4e révolution industrielle a radicalement changé notrevie socio-économique, impactant profondément tous les secteurs dontl'agriculture. Celle-ci est en transition vers l'agriculture intelligente quiprofite des résultats des nouvelles technologies pour optimiser la productivitéet la qualité des produits, en se penchant sur le développement durable. Cettefilière devrait désormais garantir la sécurité alimentaire et l'exploitationconvenable des ressources naturelles au niveau tant national que mondial.
Bénéficiant de meilleures opportunités dans le développement agricole, leVietnam devrait définir ses propres stratégies propices à cette nouvelletendance, dans le but de parvenir à une agriculture plus productive et plusrésistante à l'aide de la révolution industrielle. Ainsi, la conférence internationaleayant pour thème "Agriculture intelligente : potentiels et réalités"s'est organisée en vue de rassembler les différents points de vue sur ce sujet.Ses objectifs : proposer de nouvelles orientations sur la mise en place deladite tendance au Vietnam par le biais d'expériences et de discussions de lapart des experts vietnamiens et étrangers. Une occasion exceptionnelle qui"permettra assurément de dessiner les contours des enjeux del'agriculture et de la transformation numérique", a déclaré ChékouOussouman, représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie(OIF) en Asie-Pacifique, lors de son discours inaugural.
Coopération face aux défis mondiaux
Les intervenants ont tous partagé les défis auxquels le monde doit faire faceactuellement et qui impactent négativement l'agriculture. Le changementclimatique causant les "catastrophes naturelles cruelles récemment enEurope et au Vietnam" exige une nouvelle adaptation du secteuragricole ou ce dernier est obligé de "nourrir une population mondialeen croissance constante", comme ce qu'a constaté Paul Jansen,ambassadeur de Belgique au Vietnam, avant de questionner comment l'agriculturerépondra à ces défis tout en "respectant l'environnement et préservantnos conditions de vie".
M. Oussouman, pour sa part, a rappelé lacoopération en agriculture au sein de l'espace francophone où se regroupentnombre de "pays au top du classement des producteurs agricolesperformants (c’est le cas des pays de l’Union européenne)" et de"régions à fort potentiel de demande et de croissance, en déficitalimentaire chronique comme le cas de l’Afrique dont 32 pays sur 54 sontmembres de la Francophonie".
Booster la transition numérique
Le représentant de l'OIF en Asie-Pacifique a également misé sur les devenirs decollaboration entre cette organisation et le Vietnam ces dernières décennies,qui devrait aboutir, selon lui, à une coopération plus serrée en matièred'agriculture intelligente. Et ce non seulement pour relever les défis actuelsde l'agriculture, intensifier la transition numérique dans ce secteur maisaussi pour "aller plus loin dans la réflexion sur le rapprochemententre la Francophonie et ses États membres sur l'agriculture intelligente,prospère, inclusive et durable".

Nguyên Quôc Toan, directeur du Département de la transformation des produitsagricoles et du développement des marchés, relevant du ministère del’Agriculture et du Développement rural, a affirmé les orientations à longterme du Vietnam vers une plate-forme numérique dédiée à ses produits agricoleset aussi une numérisation plus "intégrale et profonde" dusecteur. Il a aussi relevé le problème d'urgence actuel du Vietnam quand "nospaysans demeurent assez loin des nouvelles technologies". "Ilfaudrait des soutiens convenables pour faciliter leur accès à l’agricultureintelligente", a-t-il remarqué.
Ayant effectué ses études postuniversitaires en France pendant huit ans, M.Toan s'est déclaré confiant dans les "perspectives de coopérationentre les pays membres de la Francophonie" pour "tirerparti des technologies de pointe" au service de la filièreagricole.
Un espace d'échange
La conférence a pu devenir un espace d'échange pour les experts vietnamiens etfrancophones, qui ont partagé avec élan leurs points de vue et leursrecommandations sur la mise en place de l'agriculture intelligente au Vietnam,en se basant sur les expériences d'autres pays.
La première séance de discussion a abordé les grandes problématiques liées àcette nouvelle approche, à savoir : les potentiels et les réalités del'agriculture intelligente face au changement climatique, avec des exemples auVietnam et des modèles de fermes intelligentes en Afrique et dans le monde.
Le vice-président de l'Académie vietnamienne des sciences agricoles (VAAS), ThêAnh, a souligné "les affres du changement climatique" quiavaient profondément bouleversé la structure agricole du Vietnam. Cela exigedonc des autorités locales de mettre en place une nouvelle stratégie derésilience à ces impacts négatifs. "Élaborer un processus detransition plus concret au niveau central comme local et focaliser sur lesrecherches constitueront des volets importants pour une meilleure agricultureau Vietnam", a-t-il indiqué. Sans oublier de mettre en reliefl'importance du "partenariat public-privé dans le but d'accélérer ceprocessus dans le pays".
De son côté, Kaloyan Kolev, spécialiste de programme chargé de la coopérationet du suivi des projets de l'OIF, a plaidé pour les opportunités procurées parles nouvelles technologies comme l'Internet des objets (IdO), la robotique, lesdrones… Selon lui, "le numérique est la clé pour atteindre lesobjectifs de l’agriculture intelligente".
Éventail d'expériences à partager
La deuxième séance de discussion est portée sur diverses expériencesinternationales partagées par experts vietnamiens et étrangers. SalaheddineLalouinajth, premier secrétaire chargé des Affaires économiques à l’ambassadedu Maroc au Vietnam, a présenté des expériences d'application de l'agricultureintelligente dans son pays, tandis que le secrétaire exécutif de l'Agence descafés Robusta d’Afrique et Madagascar (ACRAM), Ismael Ndjewe Ndomba, a mis enavant le rôle de cette tendance comme "levier de croissance" pourla filière café en Afrique.
Les représentants du Vietnam ont aussi partagé leurs expériences dansl'application des modèles de l'économie circulaire dans l'agriculturebiologique. Ce nouveau mouvement est souhaité être largement appliqué dansl’ensemble du pays, notamment dans le contexte où le secteur agricole connaîtune mutation radicale face aux défis actuels et que le marché domestique etétranger demande de nouvelles exigences sur la qualité des produits agricoles.
La conférence s'est clôturée par le discours de Ngô Tu Lâp, directeur de l'IFI,qui a salué "une palette variée d’opinions" des expertsvietnamiens et étrangers, lesquelles "ont identifié les élémentsinduisant le développement durable de l'agriculture intelligente dans le mondeentier". – CVN/VNA