
Hanoï (VNA) - Le Nouvel An lunaire comporte de nombreusescoutumes lors des premiers jours de l'année. Parmi ces usagestraditionnels, se trouvent ceux de s'abstenir de balayer la maison, dene pas sortir les poubelles ou de demander de l'eau ou du feu auxautres. De nos jours, ces coutumes ont-elles toujours leur place ?
Le livre “Hội hè lễ tết của người Việt ” (Les fêtes et les rites des Vietnamiens) de Nguyên Van Huyên, publiépendant les années 1940, mentionne la coutume de s'abstenir de balayerla maison pendant le Têt : “Partout dans le pays, des zones ruralesaux zones urbaines, tout le monde a l'air fringant. Chacun choisitl'heure de départ et la direction à suivre en premier afin de pouvoirrencontrer les Dieux de la richesse et de la fortune en chemin. Les gensévitent de dire des gros mots, de peur de subir des effets néfastes aucours de l'année. Les gens s'abstiennent également de balayer la maisonen début d'année, de peur que les richesses et les déchets ne sortent dela maison. ”
Le livre “Người Sài Gòn - Chợ Lớn ăn Tết trong Nam bộ xưa và nay” (Les gens de Saigon - Cho Lon du Sud célébrant le Têt d'hier etd'aujourd'hui) de l'écrivain Son Nam évoque également cette coutume : “Personnen'ose balayer la maison lors des premiers jours du Nouvel an, même siles sols sont remplis de cadavres de pétards, de coquilles de graines demelon et d'emballages de bonbons ou de biscuits... Il vaut mieuxlaisser la maison ainsi que d'emporter toute la fortune. En débutd'année, et seulement à cette occasion, les déchets valent aussi de...l'or”.
Selonles croyances populaires, non seulement les gens s'abstiennent debalayer la maison, mais ils ne sortent pas non plus les poubelles pourune raison rapportée dans une histoire de Suu thân ky (Anecdotesdes esprits et immortels), un ouvrage chinois célèbre. L'histoireraconte qu'un marchand nommé Ou Ming qui passait près du lac Qing Cao etrencontra le Dieu de l'Eau qui lui donna un employé nommé Ru Yue.
Dèsla rentrée de cet employé chez Ou Ming, ses affaires marchèrent bien.Malheureusement, pendant un Nouvel an lunaire, Ru Yue fit quelque chosede mal et fut battu par le patron. Trop effrayé, le malheureux se glissadans un tas d'ordures au coin de la maison et disparut pour ne plusjamais être retrouvé. Après cet incident, les affaires d’Ou Mings'effondrèrent continuellement, il perdit de l'argent et devint pauvre.

Parconséquent, les gens des générations suivantes croyaient que Ru Yueétait le Dieu de la richesse dans la famille, c'est pourquoi son cultedans chaque famille a été établi il y a fort longtemps. C'est aussil'une des raisons pour lesquelles les Vietnamiens s'abstiennent debalayer la maison pendant les trois jours du Têt. Les gens pensent queRu Yue, Dieu de la richesse, se cache dans un tas d'ordures au coin dela maison et que donc les balayer pendant le Têt signifie "jeter la chance hors de la maison".
Aujourd’hui,cette coutume montre des signes de disparition. Les gens balayent lamaison, mais les ordures sont entassées dans un coin. Ce n'est qu'aprèsles premiers jours du Têt qu’on les sortira. En effet, aujourd’hui iln’y a plus de restes de pétards roses comme autrefois, les coquilles degraines de melon ou les emballages de bonbons sont également rapidementbalayés.
Pendant le Têt, c'est le momentdu repos pour tout le monde, même les éboueurs sont en congés. Tout lemonde est tellement occupé à fêter le Nouvel an ou à voyager que balayerla maison et sortir les poubelles est le cadet des soucis.
Etpuis en s'abstenant de balayer la maison le Têt, les fleurs de pêchertombant dans la cour, les emballages de bonbons colorés et scintillantsne rendent-ils la maison encore plus festive? C'est l'atmosphère du Têtqui perdure, poussant les gens à attendre un peu avant de balayer...
Enfait, la coutume de s’abstenir de balayer la maison pendant le Têtdépend des convictions de chacun. Si cette croyance aide à se sentirplus confortable, alors il n’y a rien de mal à ne pas balayer son logispendant les trois jours du Têt. Et pour ceux qui aiment que leurintérieur soit impeccable pour accueillir les invités, qu'ils nettoientsoigneusement leur salon, grand bien leur fasse, personne n'y trouverarien à redire! - CVN/VNA