Hanoi (VNA) - La mobilité et les déplacements restent un véritable casse-tête dans les grandes communautés urbaines comme Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Une stratégie globale de coordination des différents moyens de transport public s’avère nécessaire.
Les embouteillages monstres sont désormais monnaie courante à Hanoï ou Hô Chi Minh-Ville notamment lors des heures de pointe ou lorsque survient une grosse averse. L’immersion dans de longues files de véhicules se disputant le moindre centimètre d’asphalte est devenu le quotidien de nombreux habitants de ces deux grandes villes.
En addition des investissements dans le développement des infrastructures, la ville de Hanoï a également implémenté une série de solutions complémentaires telles que la promotion et le développement des transports en commun, la réorganisation de la circulation et la planification des systèmes de communication. Pour autant, la situation ne s’est pas améliorée de manière significative.
Les véhicules personnels "prennent" la route
Récemment, le projet expérimental de limitation des véhicules privés dans le centre-ville a retenu l’attention de l’opinion publique. S’agit-il vraiment d’une "miracle" pour désengorger le trafic de la capitale ou faut-il avoir une stratégie plus globale coordonnant les divers modes de transport en commun comme le bus ou le métro ?
D’après les chiffres du Bureau de la police de circulation de la Police de Hanoï, la ville compte actuellement 7,6 millions de véhicules de toutes sortes dont 740.000 autos, 5,8 millions de motos, 150.000 scooters électriques et plus d’un million de vélos électriques. Le taux de croissance moyen du nombre de véhicules motorisés est assez élevé, 12,9% par an pour les automobiles et 7,6% pour les motos, alors que l’espace disponible pour la circulation n’a augmenté que de 0,3% par an.
Il apparait aussi qu’un certain nombre d’ouvrages de la capitale ont actuellement un trafic plusieurs fois supérieur à leur capacité prévue lors de la conception. Le pont de Thanh Tri et la ceinture périphérique 3 de Hanoï par exemple voient aujourd’hui un débit journalier de 12.606 véhicules, soit un niveau 8,1 fois plus élevé que leur capacité.
Afin de désengorger les infrastructures routières et faciliter les déplacements entre la capitale et les provinces voisines, de nombreux ouvrages de communication ont été mis en service ces derniers temps. De même, d’autres projets utilisant des fonds publics sont en préparation et devraient contribuer à améliorer les infrastructures de la capitale.
Cela a déjà permis de réduire la congestion routière, ramenant le nombre de points de congestion de 41 en 2015 à 34 en mars 2020. Malgré tout, ce chiffre reste élevé et de nouvelles mesures sont nécessaires pour améliorer la circulation dans les rues de la capitale.
Besoin de 70.000 milliards de dôngs
Selon Vu Van Viên, directeur du Service des communications et des transports de Hanoï, ces dernières années, en particulier après que le projet de planification des transports et des communications de la capitale a été approuvé par le Premier ministre en 2016, les investissements dans le développement des infrastructures ont été considérablement renforcés.
"La ville se concentre sur l’élaboration d’un réseau d’infrastructures de communication se basant sur le projet d’aménagement du territoire approuvé par le Premier ministre", fait savoir M. Viên. Selon lui, dans un contexte de budget limité, la ville sélectionnera les projets clés d’infrastructures routières les plus urgentes selon un calendrier échelonné afin d’en garantir la faisabilité.
Cependant, d’après Dao Ngoc Nghiêm, ancien directeur du Service de la planification et de l’architecture de Hanoï et vice-président de l’Association de l’urbanisme et du développe-ment urbain du Vietnam, alors que l’urbanisation est très rapide, la planification reste encore un des points faibles des pouvoirs publics.
Normalement, une zone urbaine doit consacrer 20% à 25% de sa superficie au réseau de communication. Cependant, Hanoï n’en dispose actuellement que de 10%. C’est pour cette raison notamment que le développement des infrastructures de communication demande des grandes sources humaines et matérielles. On estime le besoin à 70.000 milliards de dôngs pour limiter les embouteillages dans les seules rues du centre-ville.
Une solution vitale
L’expérience des pays à travers le monde montre que le transport en commun est toujours la clé ultime pour décongestionner les villes ; et montre que le réseau ferré urbain est toujours "l’acteur principal" alors que le réseau de bus reste "secondaire".
Certifiant que le réseau de bus public assure une bonne couverture sur l’ensemble des 30 arrondissements, districts et chef-lieu, Nguyên Trong Thông, président de l’Association des transports en commun de Hanoï, reconnaît également que ce moyen de transport n’a pas encore vraiment séduit les habitants car ne garantissant ni la ponctualité ni la vitesse de fonctionnement (la vitesse de déplacement moyenne du bus n’est actuellement que d’environ 14 km/heure).
"Actuellement, le temps de trajet est plus élevé avec les transports en commun en comparaison aux autres moyens de transport. Les habitants continuent donc logiquement de privilégier les véhicules individuels", estime M. Thông.
Pour Vu Hoài Nam, Pr.-Dr. de l’Université de construction de Hanoï, au lieu de construire de nouvelles routes, la ville devrait se concentrer sur la mise en place de routes réservées aux transports en commun et aménager notamment "des couloirs" reliant les centres industriels, les centres urbains, les universités…
L’amélioration de la capacité du système de transport en commun passera indubitablement par le développement du chemin de fer urbain. Prévu dans le cadre de l’aménagement urbain pour 2030, Hanoï disposera de huit lignes de chemin de fer urbaines, d’une longueur totale de 318 km. Actuellement, les deux lignes ferroviaires en construction et bientôt mises en service sont la ligne 2 (tronçon 2A, Cat Linh - Hà Dông) et la ligne 3 (tronçon Nhôn - gare de Hanoï). Une fois achevé, le réseau de métro de Hanoï permettra d’augmenter le taux d’utilisation des transports en commun à 35-45% et de réduire celui d’utilisation des véhicules au-dessous de 30%.
Affirmant la nécessité de donner la priorité au développement du transport en commun, un responsable du ministère des Communications et des Transports déclare que le développement des transports en commun mesure le niveau de développement d’une ville. D’après lui, dans les temps à venir, ledit ministère s’engage à soutenir, coopérer avec les localités dans la mise en œuvre de solutions efficaces afin d’attirer les investissements dans le réseau de transports en commun.- CVN/VNA