Bà Ria-Vung Tàu (VNA) - Chaque année, entre mai et septembre, des centaines de tortues marines viennent pondre sur les plages de l’archipel de Côn Dao. Leurs nids font l'objet d’un plan spécial de protection.
Le Parc national de Côn Dao, dans la province de Bà Ria-Vung Tàu (Sud), dénombre 14 plages s’étendant sur des dizaines de milliers de mètres carrés. C’est plus particulièrement sur l’île de Bay Canh que les tortues marines viennent pondre. Chaque année, plus de 400 femelles viennent déposer leurs œufs et quelque 120.000 bébés tortues retournent en mer sous le regard bienveillant du staff du parc de Côn Dao.
À chaque saison de reproduction, ces tortues peuvent pondre entre 2 et 10 fois sur une période pouvant aller jusqu’à 14 jours.
De nombreuses actions de protection
Depuis 1994, le Département de gestion du parc national a mis en œuvre de nombreuses actions de suivi et d’études: protection des zones de ponte, déplacement des œufs vers des écloseries, lâcher des petites tortues en mer, ou encore pose de balises sur les femelles.
Selon Trân Anh Dông, gestionnaire forestier de l’île de Bay Canh, «les femelles utilisent leurs deux pattes arrière pour creuser des trous de 60 cm de profondeur. Elles sont fati-guées et plutôt dociles. C’est le moment idéal pour prendre des mensurations et placer des balises de suivi».
L'une des principales actions, c’est le déplacement des nids installés dans les lieux peu sûrs par la menace de braconnage et les conditions naturelles défavorables. La localisation des nids est réalisée en pleine nuit, et les œufs doivent être déplacés vers les couveuses 6 heures au maximum après la ponte. Le sexe des petites tortues sera déterminé par la température d’incubation. On estime que sur 100.000 petites tortues qui naissent, une seule parviendra à l’âge adulte.
D’après Nguyên Duc Thang, chef de l’unité de conservation de l’environnement maritime et des mangroves de Côn Dao, les produits dérivés des tortues, dont les œufs, sont interdits de circulation. Pourtant, ils sont toujours attractifs pour les braconniers car ils peuvent en tirer un bon prix. Le travail de conservation n’est pas simple, avoue-t-il. Certains considèrent que les œufs de tortue sont bénéfiques pour la santé. Au contraire, ils sont dangereux quand on sait que leur taux de cholestérol peut être 20 fois supérieur à celui des œufs de volaille, avec à la clé des maladies cardiovasculaires, voire des infarctus du myocarde. Alors, pour rester en bonne santé, mieux vaut éviter les œufs ou la viande de tortue, recommande Nguyên Duc Thang. Aucune étude scientifique n’a montré d’ailleurs les bienfaits de cette alimentation.
«La lutte contre le braconnage et les captures accidentelles sont très difficiles en raison de nos effectifs limités et de la grande surface à surveiller. Ainsi, notre méthode actuelle demeure-t-elle principalement la sensibilisation de la population locale et l’organisation de cours de protection de l'environnement marin», ajoute-t-il.
Des programmes d'études et de conservation des tortues marines sont déployés partout dans le monde. Au Vietnam, l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) et le Parc national de Côn Dao organisent des stages sur la protection des tortues pour des groupes de volontaires. La sensibilisation des populations locales fait aussi partie des priorités.
Le Parc national de Côn Dao englobe une partie de l'archipel éponyme de la province de Bà Ria-Vung Tàu. On y trouve de nombreuses espèces de coraux et surtout des tortues de mer. L’écosystème marin est riche et diversifié avec 1.321 espèces recensées, parmi lesquelles 127 espèces d'algues, 219 espèces de coraux, 5 espèces de mammifères et de reptiles marins, et un total de 37 espèces inscrites dans le Livre Rouge du Vietnam.- CVN/VNA