Hanoi (VNA) - L’agriculture vietnamienne, c’est plus de 18% du PIB et près de la moitié de la population active nationale. Si le changement climatique affecte différemment les régions du pays, ses impacts sur l’agriculture, la sylviculture, la pêche et l’aquaculture sont partout préoccupants. L’adaptation aux évolutions du climat s’avère donc aussi indispensable qu’urgent, non seulement au niveau national, mais aussi localité par localité.
Une adaptation nationale…
Les prévisions sont alarmantes. Vers la fin de ce siècle, l’eau de la mer pourrait avoir monté de 100cm, engloutissant respectivement 80,6 et 77% des provinces méridionales de Hau Giang et Tien Giang. Les provinces de Thai Binh, Nam Dinh (Nord), Soc Trang, Bac Lieu, Ca Mau (Sud) seraient quant à elles immergées à 50%. Le delta du fleuve Rouge aurait perdu 16,8% de sa superficie et celui du Mékong, près de 40%. Que faire face à ces sombres perspectives?
«Il importe en tout premier lieu de réviser la structure des cultures. Nous n’avons d’autre choix que de cohabiter avec le changement climatique et donc de nous y adapter », indique Le Quoc Doanh, vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, ajoutant qu’«il faut d’ailleurs reconnaître que ces phénomènes sont en partie dus à ce qu’ont fait les êtres humains, c’est le cas de la salinisation qui a frappé récemment plusieurs de nos régions».
«Si nous améliorons notre capacité de prévision, nous pourrons aider les agriculteurs à réorganiser leur production. Les filières qui méritent d’être développées aujourd’hui sont l’élevage, l’aquaculture, la culture de certaines spécialités maraîchères et fruitières et l’économie forestière», poursuit-il.
L’urgence est également de réaménager les réseaux hydrauliques de manière à mieux réguler l’eau, à empêcher l’entrée de l’eau salée et à contenir l’eau douce, estime Nguyen Van Tam, le directeur du service de l’Agriculture et du Développement rural de la province de Kien Giang (Sud).
«A long terme, il faudrait investir davantage dans les réseaux hydrauliques en les adaptant aux conditions de chaque région. Il importe également d’améliorer la qualité du système d’information et d’observation de façon à pouvoir lancer des avertissements précoces en matière de salinisation, car dans certaines zones, l’eau salée entre très rapidement», souligne-t-il.
… et régionale
Les localités rivalisent d’initiatives pour s’adapter aux évolutions du climat. La province de Khanh Hoa (Centre) accorde priorité à la consolidation des infrastructures agricoles, à la production du sel et à l’aquaculture. La province de Binh Dinh (Centre) a modifié ses différents plans de développement en prenant en compte le facteur climatique. Les projets, programmes et activités foisonnent en vue d’une meilleure résilience.
Nguyen Khanh Hoan, responsable au Comité de lutte contre les intempéries, de recherche et de sauvetage de la province de Ben Tre (Sud), souligne la nécessité de renforcer la sensibilisation auprès des habitants.
«Conscients de l’impératif de conserver l’eau destinée à la vie quotidienne et à la production, nous avons intensifié la communication dans tous les médias, et via les associations de femmes et de jeunes. Grâce à cela, la population est mieux informée maintenant. Elle devient bien plus active dans le stockage d’eau et la réparation des conséquences des catastrophes naturelles», fait-il savoir.
Au niveau national, avec le soutien des Nations unies, le Vietnam a mis en place un programme d’adaptation national contenant un volet agricole conséquent. Ce programme de trois ans devrait l’aider à trouver des solutions adéquates pour relever le défi du changement climatique afin de réussir son développement durable. – VOV/VNA