Hanoi (VNA) – La laque est une forme de peinture qui exige une grande patience et un investissement complet de la part de l’artiste. La réalisation d’une œuvre prend en général des mois, voire une année entière. Mais cela ne suffit pas à décourager les élèves du Centre de consultation et de développement des talents de Vinschool (GATE), tous âgés d’entre 16 et 18 ans. Après deux ans d’études, ils ont, pour la première fois, présenté leurs œuvres dans le cadre de l’exposition «Hyppocampe», tenue du 10 au 15 avril dernier à Hanoï.
Pour que ses couches de laque sèchent, un tableau doit être mis à l’abri du vent, dans une enceinte close où le taux d’humidité est très élevé. Après un certain temps, le laqueur doit le poncer et le polir avant de voir le résultat, qui lui réserve souvent bien des surprises. C’est ce côté hasardeux qui a séduit Ngô Ngoc Phuong Anh, l’auteure de deux laques consacrées aux iris.
«J’adore la laque. Le ponçage et le polissage pouvant changer beaucoup de choses, à cette étape, on ne peut jamais être sûr de ce que sera le produit fini», explique-t-elle. «Observé de près, le tableau dévoile des éléments en nacre scintillants. En fait, avant le ponçage et le polissage, ces éléments ne ressemblent qu’à du sable, mais après, ils donnent des nuances de couleur absolument magnifiques».
Les étapes de confection d’une laque sont longues et multiples. Rien que le fond du tableau en bois nécessite pas moins de 12 couches de tulle ou de papier résistant, couvertes de laque mélangée avec des alluvions, de la sciure… La dernière couche de laque donne un fond noir brillant, sur lequel le laqueur dessine et décore son dessin avec de la peinture, des feuilles d’argent, d’or, des coquilles de mollusque ou d’œuf... Mais la patience et la minutie ne sont pas les seules qualités requises pour un laqueur, il faut aussi savoir supporter physiquement la laque qui est très allergisante. Beaucoup de personnes ont dû renoncer à leur passion juste à cause de ce problème. Mais Pham Nhât Minh, l’un des élèves du centre GATE, tient bon.
«La laque a une odeur très forte qui provoque souvent des nausées et des difficultés respiratoires. C’est là la plus grande difficulté, mais il y a aussi le ponçage. C’est très douloureux pour les mains qui se blessent facilement au contact des coquilles coupantes. Mais rien de tout cela ne me décourage, moi grand passionné de l’art traditionnel. D’ailleurs, plus le chemin est difficile, plus l’aboutissement nous rend fiers», confie-t-il.
Pham Nhât Minh et ses amis sont encadrés par deux peintres, dont Nguyên Duong Hai Dang, qui se dit convaincu par la passion et la détermination de ses élèves.
«Sans la patience, on ne peut jamais travailler la laque. Heureusement, tous mes élèves ont fait beaucoup d’efforts», dit-il. «Je suis vraiment étonné par leur capacité à maîtriser rapidement les techniques de la laque, qui est quand même une matière très difficile à travailler, et par la pertinence des initiaves qu’ils ont avancées, lesquelles ont permis de mettre en valeur leur sens de l’esthétique et la laque en tant que matière».
Chaque laque est unique et les laqueurs en herbe du centre GATE sont prêts à travailler encore plus dur pour exprimer leur personnalité unique par le biais de ce matériau traditionnel. – VOV/VNA