En 1969-1970, Paul a pris part aux terribles batailles dans la province de Binh Dinh (Centre). «Je regrette ce que j’ai fait à cette époque-là. J’étais trop jeune. Les images de la guerre continuent de me hanter», confie-t-il. L’événement le plus marquant de sa vie, ce fut un soldat vietnamien torturé devant sa fille, puis achevé d’une balle. «Cela m’a fait mal au cœur. En tant que père, personne ne veut que son enfant vive un tel moment», poursuit-il.
Son ex-épouse et ses quatre enfants l’ont soutenu quand il a décidé de venir s’installer au Vietnam en décembre 2014. Sur place, Paul s’est aperçu que si beaucoup de Vietnamiens souhaitaient apprendre l’anglais aux côtés de locuteurs natifs, peu le pouvaient en raison du prix des cours. C’est ainsi que l’idée d’ouvrir des cours entièrement gratuits lui est venue. Succès immédiat !
Paul profite de ses cours pour sensibiliser ses apprenants à l’environnement et à l’histoire du Vietnam. Depuis des années, l’ancien G.I. se passionne pour la première guerre d’Indochine (1946-1954), celle qui a opposé les Français au Viêt Minh (Front de l’indépendance du Vietnam). Il aime aussi lire des livres sur les héros vietnamiens comme Hô Chi Minh, Nguyên Van Trôi, Dang Thùy Trâm.
Paul souhaite qu’à travers ses leçons, ses élèves non seulement maîtrisent mieux l’anglais mais apprennent des choses en histoire, connaissent et reconnaissent les mérites de grands hommes, savent respecter l’environnement. Paul donne 14 cours par semaine, à plus de 400 personnes. Au début, ils étaient quatre. «Je suis les cours de Paul depuis trois mois, j’ai fait de nets progrès en anglais», informe Pham Ba Nghia, étudiant de l’École polytechnique de Hanoï.
Outre l’enseignement à but non lucratif, Paul Georges Harding se livre à une autre activité, plus originale celle-là : le nettoyage des murs de la capitale ! Armé d’un couteau, de pots de peinture et d’un rouleau, il retire les petites annonces et repeint les murs décrépis. «Avant, il n’y avait pas de publicités sauvages, les murs du centre historique étaient propres. Je tiens à redonner une certaine beauté à la ville», explique-t-il.
Paul ne compte pas en rester là. Prochainement, il entend lancer un projet en faveur des paysans. Concrètement, il envisage de racheter les restes des repas et produits périmés dans les restaurants pour les revendre à bas prix aux éleveurs. Cela leur permettra de faire des économies, d’apporter à leurs animaux d’élevage de la nourriture plus nutritive et de lutter contre le gaspillage alimentaire. – CVN/VNA