Hanoi (VNA) – Le do est un papier traditionnel fait de l’écorce du rhamnoneuron balansae, qui sert de support aux estampes populaires. Rares sont les peintres contemporains qui réussissent à travailler cette matière traditionnellement réservée à l’impression. Et Vu Thai Binh est le plus connu d’entre eux.
L’histoire d’amour entre Vu Thai Binh et le papier do a commencé en 2013. Le premier avait 37 ans et avait déjà peint sur bien d’autres supports... Mais depuis, il n’en change plus. Ses deux expositions individuelles consacrées aux nuances du do, en 2013 et 2018 à Hanoi, lui ont valu la reconnaissance de ses pairs et du public.
Plusieurs de ses œuvres font désormais partie de collections privées au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada, en Thaïlande ou encore au Japon.
Si le papier do est léger, résistant et durable, il est aussi très spongieux, ce qui exige du peintre une précision extrême. Tout trait posé laisse une trace indélébile, explique Vu Thai Binh.
«C’est un challenge que de peintre sur du papier do qui, historiquement, a servi de support aux écritures puis aux estampes populaires dont celles de Hàng Trông et de Dông Hô. Moi, j’ai voulu lui donner un nouveau souffle. Cette matière simple et authentique me permet d’exprimer tout ce que je veux», dit-il. «Ce qui m’angoisse, c’est l’idée qu’un jour cette matière traditionnelle n’existe plus. Je ferai le nécessaire pour la valoriser, tant que je le pourrai».
Selon Vu Thai Binh, peintre sur du papier do exige une grande finesse et l’aquarelle s’y prête à merveille, que ce soit dans un style réaliste, impressionniste ou surréaliste. Ses œuvres les plus remarquables sont «Midi désert», «Mon village», «Attendre», «Le temps», ou «La Dao rouge». L’architecte Doàn Van Tuân compte parmi ses plus grands admirateurs.
«Les aquarelles de Vu Thai Binh résultent d’une parfaite harmonie entre l’art et la technique, entre la simplicité de la matière et la pertinence des traits de peinture. Il a cette capacité à rendre gracieux des objets, des paysages habituels», commente-t-il.
Vu Thai Binh a expérimenté de nouvelles techniques sur du papier do. Il a par exemple découvert qu’il était bien plus facile de peindre sur du papier qui avait été trempé dans l’eau que sur du papier tout neuf. Son travail en a inspiré plus d’un, dont son collègue Minh Phuong.
«Le papier do est tellement mince qu’on ne peut pas repeindre le même trait, car soit ce sera trop foncé, soit le papier sera déchiré. Cette matière exige qu’on la traite avec la plus grande prudence. Mais ça vaut le coup puisque le produit fini est beau et durable, une peinture de 50 ans sur du papier do reste presque intacte, du point de vue de la clarté des traits et des couleurs», explique-t-il.
Vu Thai Binh prépare actuellement sa troisième exposition consacrée aux nuances du do prévue en 2021. – VOV/VNA