Voyage: Hôi An "by night"
Hôi An,
province de Quang Nam (Centre), compte plus de 800 monuments d’intérêt
historique: maisons d’habitation et de commerce, temples et pagodes. Ils
reflètent les traditions autochtones aussi bien que les influences
étrangères: hollandaise, anglaise, française, japonaise, chinoise. Venir
à Hôi An, c’est bien sûr partir à la découverte de ce patrimoine
exceptionnel, conservé dans son jus, acheter des souvenirs, mais surtout
apprécier l’ambiance. Une ambiance hors du temps, calme et relaxante,
qui marquera à jamais votre voyage.
Sept heures du
soir, un jour de début décembre. La fraîcheur n’empêche pas les
visiteurs, principalement étrangers, de déambuler en masse dans les
petites rues de Hôi An, ébahis par le spectacle. Dans les rues Trân Phu,
Nguyên Thai Hoc et Bach Dang, des centaines de lanternes sont
accrochées aux façades des maisons anciennes. De toutes formes, de
toutes dimensions, de toutes couleurs et matières. Les lanternes sont
devenues l’âme du croquignolet vieux quartier de Hôi An.
Dans la lumière fantasmagorique, les bâtisses d’architecture
japonaise, chinoise ou française dévoilent toute leur splendeur. Une
plongée dans la période coloniale, voire dans l’époque plus lointaine où
Hôi An était un port de commerce animé qui attirait vaisseaux japonais
et hollandais. Le temps semble s’être figé. Devant un restaurant, des
Anglais font des photos à côté d’une enfilade de lanternes pendant du
premier étage. «C’est merveilleux. J’aime beaucoup ces lanternes et ces
rues tranquilles. C’est la première fois que je visite Hôi An et je
compte bien y retourner l’année prochaine», confie l’un d’eux, les yeux
brillants.
Au pied du pont An Hôi, qui relie les
rues Bach Dang et Nguyên Phuc Chu, au bord de la rivière Hoài, des
touristes jettent dans l’eau noire des lampions en forme de fleurs à 4
pétales, d’où émerge une petite bougie. Une vingtaine de vendeurs
attendent le chaland, des paniers remplis de lampions. «Les lampions
coûtent 10.000 dôngs les 3 petits. Chaque soir, j’en vends 20-30, ce
n’est pas beaucoup. Car, la concurrence fait rage !», explique une femme
qui vend des légumes la journée. Au moment de lancer la lanterne, il
faut faire un vœu. La rivière Hoài se couvre de lumières scintillantes,
chacune emportant un rêve à exaucer.
Parties de bài choi improvisées
Non loin de là, un espace est réservé au bài choi, un art traditionnel
du Centre alliant chant et jeu, candidat au titre de patrimoine
culturel immatériel de l’humanité. Le crachin n’entame pas
l’enthousiasme des joueurs, installés dans quatre pavillons de bambou.
L’animateur du jeu lance à la cantonade :
«Sông duong gian không choi bài choi.
Chêt xuông âm phu lây choi dâu choi.»
(Traduction : «Quand on est vivant, il faut jouer au bài choi. Quand on est mort, on ne peut y jouer»).
Une exclamation pleine de bons sens. Les règles du jeu sont simples :
au début du spectacle, l’un des chanteurs, qui sont aussi les meneurs de
jeu, distribue aux joueurs trois plaquettes de bambou sur lesquelles
sont gravées des figures d’hommes, d’objets ou d’animaux. Chacune
correspond à un chant particulier. Le meneur de jeu entonne un chant. Il
suffit alors au joueur de tendre l’oreille et d’avertir le meneur si le
chant qu’il entend correspond à l’image de sa plaquette. Si l’air est
le bon, le meneur lui donne un drapeau jaune. Le chant reprend jusqu’à
ce l’un des joueurs obtienne trois drapeaux. Ce jeu, drôle, simple et
dynamique, passionne l’auditoire. Le gagnant reçoit une lanterne rouge
et un DVD de chansons sur Hôi An.
Des touristes
étrangers téméraires participent également, pas forcément intéressés par
le jeu lui-même. «Mais ce jeu est tout de même intéressant. Les
chanteuses sont belles», s’exclame Patrick Leconte, un jeune Français.
Pour une ambiance plus festive, les visiteurs choisissent souvent la rue
Nguyên Phuc Chu (sur l’îlot An Hôi). De sa rangée de bars s’échappent
de la musique occidentale. Des bars bondés, à la clientèle jeune et
étrangère principalement. La bière pression, vendue 5.000 dôngs le
verre, coule à flot. Une jeune fille s’appuie sur l’épaule de son copain
en admirant d’un œil rêveur la rivière Hoài, où dérivent lentement des
dizaines de lampions.
Dix heures du soir. Une
certaine léthargie gagne les rues. Les boutiques se ferment les unes
après les autres, les vendeurs de souvenirs remballent leurs
marchandises, deux grands-pères finissent leur partie d’échecs
traditionnels sous la véranda d’une vieille maison. La journée touche à
sa fin et les touristes savourent leurs derniers instants de Hôi An «by
night». Qu’ils n’aient crainte, demain, tout recommencera. – CVN/VNA