Bac Ninh (VNA) – Dix ans après son inscription par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, grâce à l’attention des autorités de différents échelons, les chants populaires du Quan ho (chant alterné) de Bac Ninh ont connu un développement heureux.
Le Quan Ho, un art vocal de la région du Kinh Bac (aujourd'hui province de Bac Ninh) et de ses environs, se transmet toujours de génération en génération. Le 30 septembre 2009, il a été reconnu par l'UNESCO "patrimoine culturel immatériel de l'Humanité".
Histoires des villages du Quan Ho
Chaque année, le 1er mois lunaire, peu après le Têt Nguyên Dan (Nouvel an lunaire), les gens de la région de Kinh Bac se rendent aux fête de Lim et du village de Viem Xa (également appelé village de Diem), dans la commune de Hoa Long, district de Yen Phong, province de Bac Ninh, pour écouter les chanteurs du Quan Ho.
Selon les chercheurs, la région du Kinh Bac compte 49 villages où cet art se perpétue. Parmi eux figure Viem Xa qui abrite un temple dédié au roi Ba qui, selon la légende, est le fondateur du Quan Ho. Les villageois de Viem Xa se sont transmis depuis des siècles beaucoup d’airs du Quan Ho.
Autrefois, les chanteurs du Quan Ho chantaient sans accompagnement musical. Il existe différents types de chants, selon les circonstances: chant du soir, chant réservé à la maison communale (dinh) pour honorer des ancêtres, chant propitiatoires pour demander aux forces occultes de bonnes conditions climatiques, une bonne santé, la prospérité, chants pour accueillir les invités, chant pour se lier d’amitié...
Chanter pour se faire des amis est une des caractéristiques originales du Quan Ho. Il y a cependant des principes à respecter. Par exemple, les chanteurs, après s’être liés d'amitié, ne se marieront jamais. Ils se considèrent les uns les autres comme des frères et sœurs. Ils sont heureux de se rencontrer et tristes de se quitter. Ils sont également prêts à s'entraider en cas de besoin.
Outre une gestuelle particulière, les chanteurs prennent beaucoup d'attention à choisir les paroles. Par exemple, à la maison communale, les chanteurs doivent utiliser des mots officiels, et suivre des règles strictes. Mais quand ils chantent sur la colline, ils sont beaucoup plus à l'aise et peuvent improviser. Les hommes tiennent des parapluies et les femmes, de grands chapeaux plats en feuilles de latanier. Des coutumes et habitudes traditionnelles transmises de génération en génération, qui n’ont guère évoluées au fil des siècles…
Adaptation à la société actuelle
Comme d'autres formes d'arts traditionnels, le Quan Ho a connu des hauts et des bas tout au long de son existence. Dans la vie moderne actuelle, beaucoup de changements ont lieu dans tous les domaines de la vie sociale, et le Quan Ho n’échappe pas à la règle.
Autrefois, le Quan Ho était étroitement liée aux zones rurales. C'est là où les chanteurs de Quan Ho se produisaient et entretenaient des relations étroites avec leurs co-villageois. Aujourd'hui, avec les équipements d'éclairage moderne, ainsi que la rénovation des airs, les chanteurs de produisent dans les festivals, au cours d’événements culturels, politiques, sportifs et touristiques, dans le pays voire à l'étranger. En outre, le Quan Ho a connu également des changements dans la présentation.
raditionnellement, les chanteurs chantaient alternativement en duo ou en deux petits groupes face à face, mais maintenant ils peuvent chanter en solo et incorporer d'autres formes artistiques.
Concernant l'évolution du Quan Ho, l'artiste Xuan Mui, chef adjoint de la troupe du Quan Ho de Bac Ninh, a déclaré: "Le Quan Ho a conservé son âme et son identité, mais il y a des choses qui ont évolué. Mais c'est grâce à ces changements que le Quan Ho s’est popularisé".
Il y a des commentaires tantôt positifs tantôt négatifs au sujet de cette adaptation à la société du XXIe siècle. Beaucoup considèrent que cette évolution est nécessaire pour que cet art se perpétue et que la jeune génération s’y intéresse.
Pour que le Quan Ho soit préservé
Bien avant que le Quan Ho soit reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel, de nombreux amateurs avaient déjà œuvré à sa conservation. Nguyên Dinh Ngo, du village de Nôi Duê, descendant du général Nguyên Dinh Diên (XVIIIe siècle), a beaucoup contribué à l'organisation de la fête traditionnelle de Lim. "À mon âge, il me reste trop peu de temps à vivre. Je veux que mes enfants et petits-enfants puissent préserver la beauté du Quan Ho, légué par nos ancêtres", a-t-il confié.
La transmission de génération en génération a permis la conservation de cet art vocal. Selon les chanteurs du village de Diêm, la transmission s’est toujours faite par voie orale. L’enseignement concerne non seulement la façon de chanter, mais aussi la façon d’accueillir et de se comporter en public, ainsi que la façon de préparer le thé et la chique de bétel en forme de phénix, ou de cuire des aliments pour les invités.
Aujourd'hui, des clubs du Quan Ho sont apparus à Bac Ninh. Les chanteurs peuvent échanger des expériences ou enseigner aux néophytes. Le soir, dans la cour du temple dédié au saint-patron du Quan Ho dans le village de Diêm, des cours se tiennent chaque semaine. De bon augure pour la conservation de ce patrimoine séculaire. –VNA