Hanoï (VNA)- D’un village reculé de l’un des districts les plus pauvres du pays aux amphithéâtres de l’Université de médecine de Hanoï, le parcours de Tho Y Cu a été semé d’obstacles. Pourtant, cette jeune femme H’mông a su transformer ses rêves en réalité.
Dans le hameau reculé de Na Niêng, niché au cœur de la commune démunie de Tri Lê, district de Quê Phong, dans la province de Nghê An (Centre), une petite maison rayonne de joie. C’est là que vit Tho Y Cu, une jeune H’mông dont le destin a pris un tournant décisif. Issue d’un milieu défavorisé, elle a surmonté de nombreux défis pour devenir la première de son hameau à intégrer la Faculté de médecine de Hanoï. Son parcours exemplaire est une véritable leçon de courage et de persévérance.
Pour Y Cu, l’envie de soigner et de prendre soin des autres est née à la maison. Ses deux parents souffrant de maladies chroniques, elle a compris dès son plus jeune âge l’importance des soins médicaux. En voyant ses parents lutter contre la maladie, elle s’est promis de devenir un jour médecin, non seulement pour sa famille, mais aussi pour toute sa communauté, qui souffre d’un accès limité à des soins de santé de qualité.
Réalisation historique
Dans la commune de Tri Lê, l’une des plus démunies du pays, où la plupart des familles vivent d’une agriculture de subsistance, la famille de Y Cu se distingue particulièrement. Malgré des ressources limitées, trois de ses enfants ont réussi à intégrer des internats d’élite, témoignant d’une volonté farouche et d’un potentiel exceptionnel. Y Cu, la benjamine, s’est révélée être une passionnée de mathématiques. Alors que ses camarades se tournaient vers les sciences sociales, elle, dès son plus jeune âge, se plongeait dans les équations.
Son talent pour les mathématiques a été reconnu par ses enseignants à l’internat pour minorités ethniques du district, où elle a remporté des concours de mathématiques au niveau local, puis provincial. Cependant, malgré son amour pour cette discipline, son rêve ultime était de devenir médecin. Elle s’est donc inscrite à l’université de médecine de Hanoï, afin de concrétiser son ambition.
Défis sur la route
Malgré ses excellentes compétences en mathématiques, Y Cu a dû affronter de grandes difficultés en chimie et en biologie, des matières essentielles pour réussir l’examen d’entrée à l’université de médecine. À l’approche des examens nationaux, elle s’est consacrée à l’amélioration de ses lacunes, ne dormant que trois à quatre heures par nuit pendant trois mois. Grâce à son acharnement, elle a obtenu des résultats impressionnants : 8 points en mathématiques, 8,75 en chimie et 9 en biologie, assurant ainsi son admission au programme de médecine générale de l’université médicale de Hanoï, une réussite historique pour sa communauté.
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Cependant, la joie de son succès a rapidement été assombrie par des préoccupations financières. Avec des frais de scolarité annuels de 27 millions de dôngs (1.100 USD) et ses frais de vie (logement, nourriture…), la famille de Y Cu ne pouvait pas couvrir les dépenses. Son père, inquiet, lui a même suggéré de se tourner vers une université plus abordable.
Pendant une semaine, l’avenir de Y Cu était incertain, avec la crainte de devoir renoncer à son rêve, de rester chez elle pour aider sa famille. Mais à mesure que son histoire se répandait, des dons ont commencé à affluer, et des particuliers ainsi que des organisations, touchés par sa détermination, ont apporté leur soutien.
Avenir prometteur
La chance a frappé à la porte de Y Cu lorsqu’elle a reçu une bourse complète du fonds d’aide aux futurs médecins, dirigé par le Dr. Trân Doan Lâm, couvrant l’intégralité de ses frais de scolarité pour ses six années d’études. En plus, elle reçoit une allocation mensuelle de 4 millions de dôngs pour couvrir ses frais.
Première de sa famille à suivre des études de médecine, Y Cu est une source d’inspiration pour sa famille et tout son village. Son professeur principal, Lê Lan Thuong, la décrit comme une élève diligente, humble et persévérante. Sa réussite est une lueur d’espoir pour la commune de Tri Lê, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté.
En plus d’exceller dans ses études, elle a récemment été admise au sein du Parti communiste en reconnaissance de son dévouement et de ses qualités de dirigeante. Lu Van Cuong, président du Comité populaire de la commune de Tri Lê, déclare que son histoire inspirerait les générations futures. “Sa réussite encouragera d’autres élèves à viser l’excellence. C’est une source de fierté non seulement pour sa famille, mais aussi pour toute la communauté”.
Aujourd’hui, grâce à la générosité des autres et à sa volonté inébranlable, le rêve de Y Cu de devenir médecin est sur le point de se réaliser. “Je suis profondément reconnaissante à tous ceux qui m’ont soutenue. Je vais m’efforcer d’apprendre et de devenir une médecin compétente pour aider ceux qui en ont besoin”, dit-elle avec détermination. - CVN/VNA