Tiên Giang (VNA) - Fondée en 1977, la Ferme de serpents Dông Tâm, située dans la commune de Binh Duc, district de Châu Thành, province de Tiên Giang (Sud), abrite actuellement des milliers d’individus d’une cinquantaine d’espèces rares et précieuses dont plusieurs inscrites dans le Livre rouge.
La Ferme de serpents Dông Tâm est non seulement devenue un centre de recherche, d’extraction de venin de serpents et de thérapie médicale pour les victimes mordues par des serpents, mais également une destination touristique exceptionnelle qui attire chaque année plus de 200.000 visiteurs nationaux comme internationaux.
S’étendant sur 12 ha, la ferme a été fondée par le docteur Trân Van Duoc, reconnu pour sa grande expertise en reptiles et sa passion pour l’élevage de ces animaux, une activité à la fois fascinante et périlleuse. Son objectif principal est de préserver le pool génétique des serpents rares et précieux, inscrits sur la liste rouge ou menacés d’extinction.
Extraire le venin : un métier courageux
Les serpents venimeux, bien que dangereux, sont précieux en raison de leur venin. Avec un simple bâton en main, Nguyên Van Hiêu, expert en élevage et extraction de venin, qui exerce son métier depuis 20 ans à la ferme Dông Tâm, observe attentivement les gestes et les mouvements d’un cobra. Puis, avec précision, il l’attrape et en extrait le venin, sous les regards anxieux et curieux de la foule qui l’entoure.
“Je travaille toujours avec des serpents venimeux et dangereux et je dois bien comprendre les caractéristiques de chaque serpent venimeux, je suis toujours en état de méfiance face à ces reptiles. Je n’en ai jamais été victime à ce jour”, raconte M. Hiêu.
Ce qui impressionne les visiteurs, c’est un cobra royal de 18 kg et 3,5m de long. Surnommé “roi des serpents“, son venin est si puissant qu’il peut tuer un éléphant adulte. Âgé de 8 ans, ce reptile peut vivre environ 20 ans. Pour déterminer si un serpent est venimeux, il suffit de vérifier qu’il possède deux crocs. Pour extraire le venin, l’expert doit utiliser deux doigts pour appuyer fermement sur les joues creuses de la tête du serpent.
“Normalement le venin des serpents venimeux est extrait une fois par trimestre. Il est ensuite transformé et utilisé comme lotion médicale pour traiter et apaiser les douleurs liées aux os et aux articulations. Les visiteurs nationaux comme étrangers achètent souvent ces lotions à l’issu de leur visite”, partage Mai Thai Hiên, une employée qui travaille dans cette ferme depuis plus de 20 ans.
D’après Mme Hiên, à l’occasion des week-ends et des jours fériés, la Ferme de serpents Dông Tâm attire entre 4.000 et 5.000 visiteurs. Chaque année, quelque 200.000 visiteurs dont 10.000 internationaux viennent découvrir l’endroit, notamment des ressortissants d’Europe, des États-Unis et d’Australie.
“Je suis impressionnée par la grande variété de serpents présents ici. Ce qui m’intéresse également, c’est tout ce qu’il y a à découvrir sur l’élevage de serpents et l’utilisation de leur venin dans la médecine orientale. Je suis ravie d’avoir pu acheter des produits dérivés directement issus de cette ferme”, partage Baitokova Gulnara, une touriste venue du Kyrgyzstan.
“Auparavant je pensais que tous les serpents étaient venimeux. Après avoir écouté les explications des experts de la ferme, j’ai compris qu’il y avait des serpents non venimeux qui ne sont pas dangereux”, dit-elle. Juste derrière elle, une trentaine d’écoliers vietnamiens et des touristes occidentaux assistent avec curiosité et enthousiasme à une démonstration d’extraction de venin de cobra et de vipère verte, réalisée par deux experts.
Des victimes de morsures sauvées
Selon le docteur Lê Van Tâm, chef adjoint du département de traitement des morsures de serpents de la ferme Dông Tâm, ces deux ou trois dernières années, il a annuellement reçu en moyenne 1.200 patients victimes de morsures de serpents. “La plupart des victimes sont des agriculteurs qui habitent dans les provinces de Tiên Giang, Bên Tre, Long An, Vinh Long, Dông Thap, et de manière plus occasionnelle, de Bà Ria-Vung Tàu, Binh Duong et Binh Phuoc. Le taux de survie est de 99,7% voire même de 100%. Seuls deux cas ont nécessité un transfert vers des hôpitaux à Hô Chi Minh-Ville, ceux-ci ayant été traités trop tardivement et ayant dû recourir à une transfusion sanguine urgente”, raconte le docteur Tâm.
Durant dix ans de traitement des victimes de morsures de serpents, le docteur Tâm observe que de nombreuses personnes ignorent les gestes de premiers secours. Elles appliquent souvent des méthodes non prouvées scientifiquement, et tardent à se faire prendre en charge, entraînant des infections sanguines et des nécroses. Dans certains cas, ces complications s’aggravent au point que les médecins sont contraints de pratiquer des amputations pour sauver la vie des patients.
“Il existe différentes méthodes de traitement des morsures de serpents venimeux, mais la plus efficace est celle de la réanimation d’urgence associée à la détoxication du venin à l’aide d’un sérum”, explique le docteur Tâm.
D’après le docteur Tâm, le venin de cobra nuit rapidement au système nerveux et plus le temps d’hospitalisation est rapide, plus les chances de guérison sont grandes, et les séquelles moindres. La morsure des vipères peut bouleverser quant à elles la coagulation du sang. “Une fois mordu par un serpent venimeux, le venin empêche rapidement la respiration des victimes. Si la respiration n’est pas débloquée à temps, la victime mourra rapidement”, explique le docteur Tâm.
D’après le docteur Tâm, le venin de cobra nuit rapidement au système nerveux et plus le temps d’hospitalisation est rapide, plus les chances de guérison sont grandes, et les séquelles moindres. La morsure des vipères peut bouleverser quant à elles la coagulation du sang. “Une fois mordu par un serpent venimeux, le venin empêche rapidement la respiration des victimes. Si la respiration n’est pas débloquée à temps, la victime mourra rapidement”, explique le docteur Tâm.
“Si une personne est mordue par un serpent venimeux, le plus important est de rester calme et de savoir quel type de serpent l’a attaqué. Cela peut aider les établissements hospitaliers à diagnostiquer et choisir le sérum qui convient pour détoxiquer le venin de serpent. Il faut par ailleurs nettoyer la morsure avec du peroxyde d’hydrogène et transporter la victime le plus rapidement possible dans la clinique la plus proche”, conseille le docteur Tâm.
En dehors de la découverte de la dense population de serpents et des produits dérivés, les visiteurs de la Ferme de serpents Dông Tâm, peuvent également enrichir leurs connaissances de la vie physiologique et écologique d’autres animaux sauvages tels que les ours, les girafes, les crocodiles et les autruches, entre autres. -CVN/VNA