Vingt-trois nouveaux tresors nationaux hinh anh 1Collection de croquis de l’échantillon de l’emblème national du Vietnam conçus par le peintre Bùi Trang Chuoc. Photo : CVN

Hanoï (VNA) - Le vice-Premier ministre Vu Duc Dam a signé en décembre 2021 la décision N°2198-QD-TTg selon laquelle 23 nouveaux objets et groupes d’objets sont reconnus trésors nationaux, portant ainsi leur nombre à 238.

Le statut de "trésor national" est attribué à des objets uniques ayant une valeur exceptionnelle et représentative d’une période historique ou d’une tendance du développement du pays en termes d’histoire ou de culture scientifique. Et chaque œuvre a sa propre histoire.

Parmi les 23 patrimoines culturels nouvellement reconnus en tant que trésors nationaux en décembre 2021 par le gouvernement, le public apprécie particulièrement la collection de croquis originaux de l’emblème national conçus par le peintre Bùi Trang Chuoc (1915-1992), qui étudia au Collège des beaux-arts d’Indochine de 1936 à 1941 et qui fut le premier Vietnamien à concevoir des timbres-poste en Indochine. Cette collection est actuellement conservée au Centre national des archives N°3. Sur ses 112 croquis de l’emblème national, 15 furent soumis au Premier ministre en octobre 1954 pour décision finale.

Un seul de ces échantillons a ensuite été sélectionné pour devenir l’emblème national officiel du Vietnam. De forme circulaire, il accueille au milieu un fond rouge où se trouve une étoile d’or à cinq branches entourée d’épis de riz, en dessous de laquelle se trouve l’inscription "Công hoà xa hôi chu nghia Viêt Nam" (République socialiste du Vietnam).

Des œuvres distinguées

Dans la liste, on trouve également les masques en or de Giông Lon vieux de plus de 2.000 ans et découverts dans des sépultures. Fabriqués entièrement en or pur, ils symbolisent toute la délicatesse des artisans de l’époque. Les archéologues pensent qu’ils étaient destinés à être placés sur le visage des morts avant l’enterrement. Leur découverte ouvre ainsi une opportunité de comprendre davantage les coutumes des habitants de la période pré-Óc Eo dans le Sud.

L’ensemble de gravure sur bois du livre Hai Thuong Y Tông Tâm Linh à Bac Ninh (Nord), autre objet distingué, recèle une valeur historique particulière. Reprenant les connaissances inestimables du grand médecin traditionnel Hai Thuong Lan Ông (1720-1791) en médecine traditionnelle, cet ouvrage a été sculpté par un moine à la fin du XIXe siècle dans le but d’être transmis à la postérité. Il fut d’abord conservé dans la pagode Dông Nhân à Bac Ninh et fait maintenant partie de la collection du musée de cette province.

Vingt-trois nouveaux tresors nationaux hinh anh 2Masques en or de Giông Lon.
Photo : CVN


Selon les experts du musée, chaque morceau de planche de bois est un artefact unique. De nombreuses planches sculptées accueillent des motifs délicats. Par conséquent, le bloc de bois a non seulement une valeur médicale, mais est également considéré comme une vraie œuvre d’art pour sa maîtrise de la sculpture sur bois. Sur l’ouvrage, on retrouve des écrits en caractères chinois à l’envers (négatif), une technique très difficile et sophistiquée qui, lorsqu’elle est imprimée sur du papier, devient du texte brut. Chaque planche est gravée d’environ 16 lignes, chacune comportant 21 mots, correspondant à deux pages d’un livre. Chaque page de livre imprimée aura une bordure autour d’elle, le titre est imprimé dans la partie médiane (le dos). La planche à découper est faite de bois doux, lisse, résistant, facile à sculpter, moins déformé et difficile à craquer.

Ensemble, les 238 trésors nationaux symbolisent la richesse et la diversité de la culture du pays. Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme cherche aujourd’hui les meilleurs moyens pour exploiter dignement ce riche patrimoine, alors que ces objets sont dispersés dans les musées provinciaux, sites historiques ou institutions religieuses du pays.

Le défi de la valorisation

Jusqu’à présent, les localités ont eu deux approches vis-à-vis de la conservation de leurs trésors nationaux : les laisser dans l’environnement dans lequel ils ont été trouvés ou les mettre à l’abri dans une zone d’archivage. Ces deux approches ont des inconvénients : la première rend justice à l’histoire de l’objet et au contexte dans lequel il a été trouvé mais soulève des inquiétudes quant à sa conservation (détérioration à cause du temps et risque de vol). En revanche, la seconde option, si elle sécurise davantage le trésor, ne permet pas au public d’apprécier l’objet à sa juste valeur.

Vingt-trois nouveaux tresors nationaux hinh anh 3Feuille de phénix de la citadelle de Thang Long. Photo : VNA/CVN


Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme entend adopter une approche différente. En mars 2021, il a adressé une demande écrite aux unités concernées pour organiser l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan uniforme de protection et de valorisation des trésors nationaux. Pour mettre à bien ce projet, il sera nécessaire de combler rapidement l’écart de compétences qu’il existe en matières de financement, d’infrastructures et de ressources humaines au niveau des unités locales.

À court terme, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme envisage de transférer les trésors nationaux auprès des grands musées du pays afin qu’ils soient davantage mis en valeur. Mais à terme, l’objectif reste de doter les localités de moyens de valoriser ces trésors et plus globalement de les amener à développer de véritables politiques culturelles en lien avec les collections privées. -CVN/VNA

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