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Hanoï (VNA) - La mobilisation, l’allocation et l’utilisation efficaces des ressources sont au cœur de la réforme économique du Vietnam. Celui-ci pourrait ainsi atteindre une croissance annuelle de 9-10%, selon Nguyên Dinh Cung, ancien directeur de l’Institut central de gestion économique.
Est-il exagéré de dire que l’utilisation efficace des ressources est un facteur décisif sur la vitesse et la qualité de la croissance des pays dont le Vietnam ?
Il y a deux choses auxquelles tous les pays doivent penser. Ce sont aussi deux éléments que le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a clairement énoncés dans son récent article (Continuer à innover pour maximiser, mobiliser et utiliser efficacement toutes les ressources, créer une nouvelle force motrice pour le développement rapide et durable du pays, publié le 26 novembre 2019, ndlr). Il s’agit de mobiliser les ressources et de savoir les utiliser de manière efficiente, deux facteurs qui sont étroitement liés.
À mon sens, on peut considérer la mobilisation, l’allocation et l’utilisation efficaces des ressources comme le cœur de l’actuelle réforme économique du pays. En effet, la rentabilité des investissements reflétée via le coefficient marginal du capital, appelée également ICOR (Incremental Capital Output Ratio) du Vietnam, a connu ces dernières années une amélioration.
Cependant, il faudrait l’améliorer encore car maintenant nous devons dépenser six unités d’investissement pour récupérer une unité de croissance, alors qu’à une époque similaire à la nôtre, la République de Corée n’avait besoin que de quatre unités, et le Japon, trois. Autrement dit, si nous avions utilisé plus efficacement nos ressources, nous aurions atteint une croissance de 9-10%, similaire à la République de Corée et au Japon pendant leur essor économique.
Que pensez-vous de l’efficacité des investissements publics et du commerce des capitaux publics ?
Les entreprises d’État gèrent et utilisent une énorme quantité d’actifs. Le problème est comment faire pour valoriser au maximum ces ressources. Dans son article, le Premier ministre a rappelé l’autonomie commerciale de ces entreprises. Il a affirmé la nécessité de réviser les mécanismes et les politiques pour garantir l’autonomie dans la production et les activités commerciales des entreprises publiques, conformément aux principes du marché. La gouvernance d’entreprise doit suivre les normes modernes.
Je remarque que le chef du gouvernement utilise le mot "autonomie" pour ces entreprises, pas "liberté". Mais, l’attribution de l’autonomie à une entreprise doit s’accompagner d’inspections et de contrôles. De même pour les investissements publics, les résolutions du Parti et du gouvernement ont également souligné que les fonds étatiques doivent être alloués sur la base des évaluations de l’efficacité et de la faisabilité des projets soumis. C’est une "percée révolutionnaire" dans la réforme.
D’après vous, quels sont les problèmes rencontrés par le secteur privé ?
Le gouvernement a déployé de nombreux efforts pour favoriser les activités commerciales des entreprises privées. Parallèlement, il est nécessaire de continuer à améliorer l’efficacité et la fiabilité du système judiciaire. Ces dernières années, les évaluations sur la résolution des cas de faillite d’entreprises et des différends contractuels au Vietnam ne se sont guère améliorées, selon le classement de la Banque mondiale. Pour que les entreprises s’assurent un investissement à long terme, il faut leur garantir la mise en place d’outils d’arbitrage et de protection capables de résoudre les litiges ou les violations de droits et d’intérêts.
Nous devons aussi changer les méthodes de gestion. Par exemple, les paiements électroniques ne sont pas nécessairement liés aux banques. Pour favoriser ce processus, nous n’encouragerons pas seulement la concurrence entre les banques, mais aussi entre elles et d’autres acteurs majeurs en matière de nouvelles technologies financières. L’industrie 4.0 estompe les frontières, ne laissant aucune industrie monopoliser un service ou un produit.
Autre remarque, à l’heure actuelle, avec l’apparition des technologies, métiers, produits et modèles commerciaux nés de la 4e révolution industrielle, il est nécessaire d’avoir un mécanisme institutionnel propre afin d’encourager et valoriser la créativité commerciale des entreprises. -CVN/VNA